​L’arménien occidental, cent ans après

Langue standardisée dans l’empire ottoman au dix-neuvième siècle, l’arménien occidental est devenu langue de diaspora après le génocide de 1915 et l’exode qui a conduit à la formation de la grande diaspora arménienne, aujourd’hui estimée à environ 7 millions. Encore largement vernaculaire dans les communautés arméniennes du Proche-Orient, où un réseau scolaire, culturel, éditorial, médiatique existe en arménien occidental, la langue est néanmoins classée langue en danger par l’Unesco depuis 2010.
Arménien occidental titres de journaux
En France, l’arménien occidental est inventorié parmi les langues de France par le Ministère de la Culture (DGLFLF) depuis 1999. Même si l’intercompréhension existe avec l’arménien oriental, langue officielle de la République d’Arménie avec laquelle il partage la grande majorité du patrimoine historique, culturel et littéraire arméniens, l’arménien occidental a néanmoins de fortes spécificités grammaticales, phonétiques et syntaxiques, ainsi qu’un fond culturel propre et une tradition littéraire, issus du contexte ottoman, puis diasporique.

L'Inalco, passeur de témoin

Aux origines de l’École Impériale des Langues Orientales, le premier enseignant, Jacques Chahan de Cirbied, originaire d’Edesse, avait écrit une grammaire de ce qui était déjà de l’arménien occidental. Après un dix-neuvième siècle marqué par les études indo-européennes et l’arménien ancien, l’École des Langues Orientales Vivantes devient un des lieux où la langue et la culture arméniennes occidentales ont pu perdurer et être transmises : d’Archag Tchobanian, poète stambuliote qui y a enseigné au début du vingtième siècle, à Krikor Beledian, poète et romancien contemporain né à Beyrouth et maître de conférence à l'Inalco jusqu’à il y a peu, le seul établissement hors d’Arménie à offrir aujourd’hui un cursus universitaire complet en études arméniennes a été un passeur de témoin important, ses enseignants et anciens élèves produisant des anthologies (F. Macler), grammaires (F. Feydit), une histoire de la littérature arménienne en France (K. Beledian), des études linguistiques (A. Donabédian). L’arménien oriental a été introduit progressivement, les étudiants ayant la possibilité de commencer par l’une ou l’autre des variantes pour arriver à une double compétence en licence.

Réflexions, hommages et autres regards

Au moment où, après trois générations en diaspora, l’arménien occidental vit un moment critique pour sa pérennité, phénomène bien connu en sociolinguistique, l’Inalco s’implique dans la lourde tâche du diagnostic avec un rapport rendu au Ministère de la Culture (A. Donabedian et A. al-Bataineh 2014), dans une réflexion critique sur la notion de langue en danger et les représentations communautaires sur les enjeux identitaires de la langue (thèse de A. al-Bataineh en 2015), et sur les enjeux pédagogiques et sociétaux de la transmission de la langue au 21ème siècle (colloque Warm21 en 2015). L'Inalco rend également hommage cette année à l’œuvre de Krikor Beledian à l’occasion de son 70ème anniversaire.
 

Colloque consacré à l'oeuvre de Krikor Beledian
Poète et romancier contemporain,
Du 17 au 19 septembre 2015, programme ci-dessous
Concert de jazz 2015 le nouveau sextet de Claude Tchamitchian le 17 septembre à 20h,
Organisé par l’Inalco avec le soutien de la Fondation Calouste Gulbenkian, DGLFLF/Ministère de la Culture, UGAB France, M. et Mme Pamokjian

Colloque Éducation bilingue et innovations pédagogiques, les défis de l'arménien occidental
Du 21 au 22 septembre 2015, programme ci-dessous
Organisé par l'Inalco et la Fondation Calouste Gulbenkian (avec le soutien du Labex EFL)

Haratch, la voix arménienne de France
Conférence de Krikor Beledian (Inalco), Arpi Totoyan, journaliste à Haratch, et Benjamin Guichard (BULAC),
Organisée par la BULAC dans le cadre du cycle « D'autres regards sur le monde »,
Le jeudi 22 octobre de 18h30 à 20h30 



 

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