Colloque international « Femmes, corps, santé dans le monde russe : enjeux politiques, culturels, esthétiques » en ligne, le 28 mai

Cette rencontre pluridisciplinaire consacrée au monde russe croisera trois thématiques – femmes, corps et santé – dans différentes disciplines, la littérature, le cinéma et les autres arts, ainsi que dans diverses pratiques sociales : rites magiques et religieux, enseignement, journaux et revues spécialisés, discours politiques, exercices sportifs ou de « bien-être », mode, publicité...
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Adn, Matériel Génétique, Helix © Pixabay

Colloque international pluridisciplinaire organisé conjointement par le Centre de recherches Europes-Eurasie-CREE (Inalco), le laboratoire Mémoires, Identités, Marginalités dans le Monde Occidental Contemporain-MIMMOC, la Maison des sciences de l'homme et de la société-MSHS et le Centre Européen d’Etudes Slaves-CEES (Université de Poitiers).

Le vendredi 28 mai 2021 de 9h00 à 18:00 - En visioconférence
 
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Le 28/5/2021 de 09h00 à 18:00, (UTC+02:00)

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Femmes, corps, santé dans le monde russe : enjeux politiques, culturels, esthétiques

Argumentaire
La santé du corps et des corps est un concept problématique pour quiconque se penche sur les aspects politique, éthique et esthétique compris dans sa définition. Le corps étant, d’après Michel Foucault, l’objet central de toute politique, différents systèmes sociaux forment des constructions idéologiques particulières autour de la notion de santé. La comparaison des traditions médicales (européenne, chinoise, ayurvédique et autres) laisse entrevoir des influences nationales à l’intérieur d’un concept qui fluctue également tout au long de l’histoire : ainsi c’est seulement à la fin du XVIIIe siècle que « la nature féminine » et les femmes « éternelles malades » sont inventées pour remplacer la vision de la femme en tant que « l’homme manqué » du Moyen Age. Loin d’être un concept purement scientifique, « l’imaginaire » de santé (Georges Vigarello) est donc travaillé et formulé dans des textes religieux, philosophiques, mais aussi dans des œuvres d’arts ou encore dans des médias.

En Russie, le corps trouve sa place dans la production culturelle « haute » savante plus difficilement qu’en Europe occidentale à cause de plusieurs tabous religieux, politiques et culturels qui émanent des milieux intellectuels. Le rôle social des femmes est également déterminé par un statut juridique particulier : par exemple, au cours des XVIIIe et XIXe siècles, leurs droits de propriété ont été mieux protégés que dans la plupart de pays de l’Europe. D’autre part, le corps féminin est « récupéré » dans le cadre de la construction nationale, processus qui a également ses singularités en Russie. L’intelligentsia russe occidentalisée crée le « mythe » national en idéalisant les « gens simples » et les traditions paysannes. Dans cette mythologie, la présence de la « féminité saine » est importante : on se souvient par exemple des « femmes dans les villages russes » impressionnantes par leur force physique et leur courage dans le très célèbre poème de Nikolai Nekrasov.

L’idée de santé est donc une construction sociale dynamique, un « champ de bataille » entre des forces sociales diverses, un nœud de tendances souvent contradictoires. Ainsi, la santé est un moyen puissant de normalisation à toutes les étapes du développement de la société, mais aussi une forme de l’affirmation individuelle qui s’articule grâce à l’attention subjective pour le corps. Les femmes étant à la fois les objets et les agents des pratiques sanitaires, de très nombreuses pistes de réflexions peuvent être envisagées.

Dans le cadre du discours normalisateur, les femmes sont d’habitude représentées du point de vue extérieur et leur corps peut être utilisé pour exprimer des interdits, des angoisses, des attentes ou des espoirs sociaux. Comment sont élaborés les notions idéologiquement très chargées comme le pathologique et le normal, l’infirme et le sain, le sale et le propre et quel est leur rôle dans la construction de féminité ?

Si le corps féminin peut être analysé en tant qu’objet de contrôle normalisateur (presque toutes ses parties doivent être « améliorées » par des régimes alimentaires, des exercices sportifs, des produits cosmétiques, etc.), on peut se demander quelle est la place de la santé féminine dans l’histoire de la beauté ou de la laideur « à la russe ». Comment ces pratiques de beauté se sont-elles imposées et à travers quels supports scientifiques, artistiques, médiatiques, etc.?

Bien que la santé féminine reste encore « l’affaire d’hommes » (Muriel Salle, Catherine Vidale), les femmes ont toujours été des agents actifs des soins médicaux. Participant au travail du care, comment voient-elles leur propre corps et le corps des autres ? Ce regard étant marginalisé, comment les questions de santé légitiment-elles la présence féminine dans la vie publique, politique et artistique ? 

Le point de vue féminin sur la santé donne, dans certains contextes, la possibilité aux femmes de s’affirmer socialement, mais également dans leur subjectivité. Quelle est la place de la santé dans ces recherches identitaires ? Comment s’effectue la prise de contrôle de la santé corporelle, fondamentale pour l’émancipation féminine ? Selon quelles modalités cette émancipation se traduit-elle dans des textes autobiographiques ou dans d’autres œuvres littéraires et artistiques ? 

Les communications de cette rencontre pluridisciplinaire consacrée au monde russe se situent au croisement de trois thématiques – femmes, corps et santé – dans la littérature, le cinéma et les autres arts, ainsi que dans diverses pratiques sociales : rites magiques et religieux, enseignement, journaux et revues spécialisés, discours politiques, exercices sportifs ou de « bien-être », mode, publicité...

Organisatrices : 
Galina Subbotina (MCF, MIMMOC, Poitiers, CREE, Inalco)
Sanja Boskovic (HDR, MIMMOC, Poitiers)
Catherine Géry (Professeure, CREE, Inalco)

Contact : 
galina.subbotina@univ-poitiers.fr