Décès de Denise Bernot
Denise Bernot nous a quittés jeudi 12 mai 2016 dernier, à l'âge de 94 ans. Fondatrice de la chaire de birman aux Langues O', elle sera professeur de birman à l'Inalco pendant presque trente ans, de 1960 jusqu’à sa retraite en 1989. Elle n’a jamais cessé d’accompagner, de conseiller et de diriger tous les doctorants du domaine birman. Ses nombreux étudiants, collègues et amis de l’Inalco et des études birmanes, regretteront la figure exceptionnelle que fut Denise Bernot, dès lors entrée dans la légende.

Notre collègue et amie Denise Bernot est décédée le 12 mai 2016.
Elle est née le 4 février 1922. Diplômée de l’Ecole des Chartes, elle se rend en 1951 avec son mari Lucien Bernot en Arakan, sur le conseil de Claude Lévi-Strauss, qui les accompagnera tous deux de son amitié constante. De ce séjour et d’autres, Lucien Bernot rapportera la matière de sa thèse d’État, Les Paysans arakanais du Pakistan Oriental (actuel Bengladesh, 1967), et ils écrivent ensemble un grand nombre d’articles, dont le premier fut Les Khyang des collines de Chittagong (les Chin de Birmanie), (Plon 1958). Denise en revient avec la conviction qu’il faut développer l’enseignement du birman en France.
Elle fonde cet enseignement à l’Inalco. Elle y sera professeur de birman pendant presque trente ans, de 1960 jusqu’à sa retraite en 1989. Toutefois, depuis cette date, elle n’a jamais cessé d’accompagner, de conseiller et de diriger tous les doctorants du domaine birman. Sa dernière prestation dans un jury de thèse remonte seulement à fin 2013 ! En effet, une grande partie de ses activités demeure liée à cet enseignement et à la recherche dans les études birmanes : elle dirige le monumental Dictionnaire birman-français (15 vols. 1978-1994), puis les Manuels de birman co-rédigés entre 1995 et 2001. Elle a aussi beaucoup oeuvré pour développer le secteur birman (et alentour) de la Bibliothèque des Langues’O, actuelle BULAC. Toutefois, outre ses activités birmanes, livresques et humaines, Denise a reçu chez elle dans la petite maison d’Antony (aujourd’hui une sorte d’îlôt parmi les grands immeubles) un nombre étonnant de collègues, étudiants, amis ou semi-inconnus qu’il s’agissait d’aider, d’encourager, de stimuler. Amie et estimée de beaucoup de savants illustres, Denise savait voir aussi bien les grandes choses que les petites. De minuscules détails de lexique ou de grammaire pouvaient la préoccuper, surtout s’il s’agissait du birman et de ses dialectes ; mais elle n’oubliait jamais, comme beaucoup de personnalités ayant vécu la Guerre, d’avoir l’œil sur de plus vastes questions, politiques, philosophiques, sociales et humaines.Ses nombreux étudiants, collègues et amis de l’Inalco et des études birmanes, regretteront la figure exceptionnelle que fut Denise Bernot, dès lors entrée dans la légende.
Marie-Hélène CARDINAUD, François JACQUESSON et San San HNIN TUN