Décès de Saveros Pou, enseignante à l'Inalco (1954-1970)

C’est avec une grande tristesse que je vous fais part de la disparition le 25 juin 2020 de Saveros Pou, ancienne enseignante à l’Inalco.
Née le 24 août 1929 à Phnom Penh au sein d’une famille palatine, Saveros Pou (ពៅ សាវរស en khmer, Bau Sāvaras en translittération scientifique), aussi connue selon les époques sous les noms de Saveros Lewitz et de Saveros Pou-Sykes, est arrivée à Paris en 1952. Étudiante à la Sorbonne, elle poursuit des études d’histoire, de géographie et de linguistique « indochinoise », mais aussi de sanskrit, de pāli et de philologie indo-khmère, tout en s’intéressant aux autres langues de l’Asie du Sud-Est (siamois, birman, malais, indonésien, vieux môn et môn moderne).
En 1965, elle soutient une thèse de 3ème cycle sur la toponymie khmère et, en 1978, une thèse d’État sur le Rāmakerti (version khmère du Rāmāyaṇa).
De 1954 à 1970, elle enseigne le khmer à l’École nationale des langues orientales vivantes (ENLOV) rebaptisée en 1971 Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), d’abord comme répétitrice, avant d’occuper pendant 5 ans la chaire de cambodgien en tant que professeure déléguée.
Devenue chercheure au CNRS en 1971, elle s’installe à Leeds en Angleterre pour une quinzaine d’années.
De retour en France en 1985, elle enseigne l’épigraphie vieux-khmère et des textes en khmer moyen à la Sorbonne nouvelle – Paris III, puis en 1994, après avoir pris sa retraite, elle poursuit son séminaire à l’École française d’Extrême-Orient. À la demande d’étudiants et de chercheurs impliqués dans les études khmères, elle continuera à leur transmettre son savoir en les recevant régulièrement chez elle à Créteil. Ainsi, une partie des chercheurs dans le domaine des études khmères ont été ses étudiants de langue khmère à l’ENLOV, à son séminaire d’épigraphie et par transmission privilégiée de maître à élève.
Élève de grands professeurs, parmi lesquels Au Chhieng (philologie indo-khmère), André Bareau (bouddhologie), François Bluche (histoire moderne), George Cœdès (épigraphie cambodgienne), François Crouzet (histoire), Jean Filliozat (indologie), Gordon Luce (études birmanes), François Martini (linguistique « indochinoise »), Armand Minard (indologie), Louis Renou (indologie) et Harry L. Shorto (études mônes et môn-khmères), Saveros Pou nous livre une production scientifique considérable qui s’élève à plus de 150 publications couvrant le vieux khmer (préangkorien et angkorien), le khmer moyen et le khmer moderne. Son enseignement et ses travaux ont profondément façonné le paysage de la khmérologie. Ses recherches sur la langue khmère d’un point de vue diachronique et étymologique couvrent la grammaire du vieux khmer, le système de dérivation des termes khmers, la botanique, la zoologie, la cuisine, les pratiques et l’univers mental religieux du Cambodge ancien, moyen et moderne, la littérature traditionnelle, etc.
Pour certaines de ses publications, elle a travaillé en collaboration avec des chercheurs bien connus dans le milieu des études khmères : Ang Chouléan (anthropologie du Cambodge), Kuoch Hak Srea (études khmères), Philip N. Jenner (linguistique khmère), Lan Sunnary (muséologie), Gabrielle Martel (sociologie et ruralité du Cambodge), Marie Alexandrine Martin (ethnobotanique du Cambodge), Grégory Mikaelian (histoire du Cambodge), Bernard Rollet (botanique), Jules-Eugène Vidal (botanique du Laos, Cambodge et Vietnam) et Sylvain Vogel (linguistique).
La production de Saveros Pou comprend des dictionnaires, dont son Dictionnaire vieux khmer-français-anglais publié par le Cedoreck, puis par les éditions L’Harmattan ; des livres, en particulier sa magistrale étude du Rāmakerti en quatre volumes publiés à l’EFEO ou bien encore quatre volumes d’Inscriptions nouvelles du Cambodge à l’EFEO et à L’Harmattan, sans compter de très nombreux articles en français, publiés entre autres dans le Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient, le Journal Asiatique et Seksa Khmer, en anglais et plus rarement en khmer.
Consultez la liste de ses publications
Jean-François Huchet, président de l'Inalco
Née le 24 août 1929 à Phnom Penh au sein d’une famille palatine, Saveros Pou (ពៅ សាវរស en khmer, Bau Sāvaras en translittération scientifique), aussi connue selon les époques sous les noms de Saveros Lewitz et de Saveros Pou-Sykes, est arrivée à Paris en 1952. Étudiante à la Sorbonne, elle poursuit des études d’histoire, de géographie et de linguistique « indochinoise », mais aussi de sanskrit, de pāli et de philologie indo-khmère, tout en s’intéressant aux autres langues de l’Asie du Sud-Est (siamois, birman, malais, indonésien, vieux môn et môn moderne).
En 1965, elle soutient une thèse de 3ème cycle sur la toponymie khmère et, en 1978, une thèse d’État sur le Rāmakerti (version khmère du Rāmāyaṇa).
De 1954 à 1970, elle enseigne le khmer à l’École nationale des langues orientales vivantes (ENLOV) rebaptisée en 1971 Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), d’abord comme répétitrice, avant d’occuper pendant 5 ans la chaire de cambodgien en tant que professeure déléguée.
Devenue chercheure au CNRS en 1971, elle s’installe à Leeds en Angleterre pour une quinzaine d’années.
De retour en France en 1985, elle enseigne l’épigraphie vieux-khmère et des textes en khmer moyen à la Sorbonne nouvelle – Paris III, puis en 1994, après avoir pris sa retraite, elle poursuit son séminaire à l’École française d’Extrême-Orient. À la demande d’étudiants et de chercheurs impliqués dans les études khmères, elle continuera à leur transmettre son savoir en les recevant régulièrement chez elle à Créteil. Ainsi, une partie des chercheurs dans le domaine des études khmères ont été ses étudiants de langue khmère à l’ENLOV, à son séminaire d’épigraphie et par transmission privilégiée de maître à élève.
Élève de grands professeurs, parmi lesquels Au Chhieng (philologie indo-khmère), André Bareau (bouddhologie), François Bluche (histoire moderne), George Cœdès (épigraphie cambodgienne), François Crouzet (histoire), Jean Filliozat (indologie), Gordon Luce (études birmanes), François Martini (linguistique « indochinoise »), Armand Minard (indologie), Louis Renou (indologie) et Harry L. Shorto (études mônes et môn-khmères), Saveros Pou nous livre une production scientifique considérable qui s’élève à plus de 150 publications couvrant le vieux khmer (préangkorien et angkorien), le khmer moyen et le khmer moderne. Son enseignement et ses travaux ont profondément façonné le paysage de la khmérologie. Ses recherches sur la langue khmère d’un point de vue diachronique et étymologique couvrent la grammaire du vieux khmer, le système de dérivation des termes khmers, la botanique, la zoologie, la cuisine, les pratiques et l’univers mental religieux du Cambodge ancien, moyen et moderne, la littérature traditionnelle, etc.
Pour certaines de ses publications, elle a travaillé en collaboration avec des chercheurs bien connus dans le milieu des études khmères : Ang Chouléan (anthropologie du Cambodge), Kuoch Hak Srea (études khmères), Philip N. Jenner (linguistique khmère), Lan Sunnary (muséologie), Gabrielle Martel (sociologie et ruralité du Cambodge), Marie Alexandrine Martin (ethnobotanique du Cambodge), Grégory Mikaelian (histoire du Cambodge), Bernard Rollet (botanique), Jules-Eugène Vidal (botanique du Laos, Cambodge et Vietnam) et Sylvain Vogel (linguistique).
La production de Saveros Pou comprend des dictionnaires, dont son Dictionnaire vieux khmer-français-anglais publié par le Cedoreck, puis par les éditions L’Harmattan ; des livres, en particulier sa magistrale étude du Rāmakerti en quatre volumes publiés à l’EFEO ou bien encore quatre volumes d’Inscriptions nouvelles du Cambodge à l’EFEO et à L’Harmattan, sans compter de très nombreux articles en français, publiés entre autres dans le Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient, le Journal Asiatique et Seksa Khmer, en anglais et plus rarement en khmer.
Consultez la liste de ses publications
Jean-François Huchet, président de l'Inalco