Le Festival Jean Rouch à l'Inalco avec la sélection "Regards Comparés"

Regards comparés 2016 : Imaginaires migratoires
Les imaginaires sont à l’échelle planétaire nourris par l’expérience de la migration. Contradictoires, parfois conflictuelles, les allégeances multiples liées au déplacement donnent naissance à des films à l’esthétique singulière, aux confins du documentaire, de la fiction et de l’autofiction. Initialement associées à la perte, au déracinement, à l’aliénation, les migrations conduisent les cinéastes à interroger un entre-deux identitaire, des pays d’origine aux pays d’accueil, puis à esquisser les contours d’une nouvelle géographie, troisième espace de conciliation des lieux par l’écriture, où passé et présent coexistent et entrent en résonance. Au-delà du discours artistique, ces constructions bouleversent les représentations communes d’appartenance exclusive, au profit de l’essor et de la reconnaissance de cultures transnationales ; et l’accélération des flux de personnes, de marchandises et d’idées donne un écho inédit à ces œuvres qui s’émancipent du ghetto communautaire pour toucher l’ensemble de la société, inversant souvent marges et centres.Dans l’auditorium de l’Institut national des langues et civilisations orientales, les Regards comparés de cette année parcourent ces imaginaires migratoires sur les cinq continents. Quatorze courts, moyens et longs métrages de réalisateurs belges, burkinabés, chinois, français, grecs, népalais, nigérians, suisses, tibétains, mis en perspective à chaque séance par un débat avec cinéastes et experts, donnent à voir et à ressentir les émotions, les rêves, les espoirs qui animent les migrants.
Les migrations inspirent la création artistique, toutes disciplines confondues. Les documentaristes font à leur tour preuve d’une grande créativité pour tracer une mémoire des migrations en recueillant témoignages et récits de vie : l’archive brute croise, dans cette programmation, l’animation et la sitcom, pour montrer des hommes et des femmes qui, d’une génération à l’autre, jouent de la musique, s’initient aux arts martiaux, fêtent le Nouvel An. Les langues, les sensibilités voyagent et se transforment, d’Ellis Island à Dharamsala, des rues de Séoul au port du Pirée. Oncles d’Amérique ou réfugiés palestiniens, les migrants d’hier et d’aujourd’hui se livrent, se mettent en scène, quelquefois se donnent en spectacle – et l’intensité de leurs expériences inonde l’écran à des moments privilégiés, ici et là-bas, dans le regard du pêcheur de Lampedusa, le dessin de l’enfant coréen adopté, le chant a cappella de la cousine d’Australie.
Programme établi par Delphine Pagès-El Karoui (Inalco-Cermom), Stéphane Sawas (Inalco-Cerlom), Barberine Feinberg et Françoise Foucault (Comité du film ethnographique)
Programme
Mardi 22 novembre
De 14h30 à 18h00
Allocution d’ouverture, par Marie-Caroline Saglio (vice-présidente du CS de l’Inalco) et Luc Pecquet (président du Comité du Film Ethnographique)Présentation de la rétrospective, par Delphine Pagès-El Karoui (Inalco-Cermom) et Stéphane Sawas (Inalco-Cerlom)
llis Island, célèbre îlot de transit vers le rêve américain, au sud de Manhattan : retour sur un haut lieu de l’histoire mondiale des migrations.
Projection suivie d’un débat avec Christian Delage (Université Paris 8)
De 18h30 à 21h30
Oncle Yanco (France, 1967, vof, 18 min.) d’Agnès VardaDans les faubourgs de San Francisco, Agnès Varda rencontre son oncle d’Amérique, un vieux Grec fantasque et bohème.
Une affaire de famille (Grèce, 2014, vostf, 87 min.) d’Angeliki Aristomenopoulou
La famille Xylouris transmet et réinvente de génération en génération la musique grecque, de leur île natale, la Crète, jusqu’en Australie.
Projection suivie d’un débat avec la réalisatrice Angeliki Aristomenopoulou
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Mercredi 23 novembre
De 14h30 à 16h30
Couleur de peau : Miel (Belgique, Corée du Sud, France, 2012, vof, 75 min.) de Laurent Boileau et JungAnimation et prise de vues réelles associent émotion, humour et tendresse pour raconter, de la Corée à la Belgique, la jeunesse de Jung, enfant adopté.
Projection suivie d’un débat avec Jeong Eun-jin (Inalco-Cerlom)
De 17h00 à 19h00
Casting (France, 2004, vof, 87 min.) d’Emmanuel FinkielLors d’un casting, des retraités français yiddishophones crèvent l’écran. Ils révèlent, au gré de leurs digressions, tout un monde à la fois proche et lointain.
Projection suivie d’un débat avec Arnaud Bikard (Inalco-Cermom)
De 19h30 à 21h30
Last Train Home (Canada-Chine, 2009, vostf, 87 min.) de Lixin FanÀ l’occasion du Nouvel An, des millions de travailleurs migrants quittent les villes-usines du sud de la Chine pour leur village natal. Cette année, les Zhang doivent en outre faire face aux problèmes de leur fille adolescente qui grandit loin d’eux.
Projection suivie d’un débat avec Flora Lichaa (Inalco-Cessma)
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Jeudi 24 novembre
De 14h30 à 16h30
Les Chebabs de Yarmouk (Syrie, 2012, vostf, 77 min.) d’Axel Salvatori-SinzSoif de liberté, aspiration à la révolte et perspective d’une vie rangée animent un groupe de réfugiés palestiniens au seuil de l’âge adulte, dans le camp de Yarmouk, en Syrie.
Projection suivie d’un débat avec le réalisateur Axel Salvatori-Sinz
De 17h00 à 19h00
In Search of the Riyal (Népal, 2009,vosta, 86 min.) de Kesang TsetenRarement montré à l’écran, le quotidien des travailleurs népalais partis dans les pays du Golfe pour subvenir aux besoins de leur famille restée au pays.
Projection suivie d’un débat avec le réalisateur Kesang Tseten
De 19h30 à 21h30
Paradise in my Mind (Suisse, 2015, vosta, 96 min.) d’Emmanuel Mark Bamidele et Sandra MooserEntre sitcom et documentaire, un groupe de migrants africains s’inspirent de Nollywood pour raconter leurs expériences et leurs rêves.
Projection suivie d’un débat avec la réalisatrice Sandrine Mooser
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Vendredi 25 novembre
De 14h30 à 18h00
Persisting Dreams (Allemagne-Italie, 2015, vostf, 25 min.) de Côme Ledésert
Toni est pêcheur à Lampedusa. Son témoignage, associé à des séquences d’animation, interroge notre perception des migrants dans l’Europe d’aujourd’hui.
Projection suivie d’un débat avec le réalisateur Côme Ledésert
Moughtareb : « Celui qui est ici et pense à là-bas » (France, 2015, vostf, 7 min.) de Stephanos Mangriotis et Lucile Gruntz
Keratsini, banlieue du Pirée : trois jeunes Égyptiens tiraillés entre nostalgie, xénophobie et espoir d’une vie meilleure.
Blue Sky from Pain (France, Grèce, 2016, vostf, 15 min.) de Stephanos Mangriotis (Grèce), en collaboration avec Hyacinthe Pavlides et Laurence Pillant
Un homme est enfermé sans savoir pourquoi : des images de centres de rétention abandonnés à la reconstitution d’un récit migratoire.
Projection suivie d’un débat avec les réalisateurs Stephanos Mangriotis et Lucile Gruntz
Espoir voyage (Burkina Faso, France, 2011, vostf, 83 min.) de Michel K. Zongo
Les jeunes Burkinabés qui émigrent vers la Côte-d’Ivoire ne reviennent parfois jamais. Voyage du cinéaste sur les traces de son frère aîné disparu.
Projection suivie d’un débat avec Florence Boyer (IRD-Urmis)
De 18h30 à 21h30
Bringing Tibet Home (États-Unis, 2013, vosta, 82 min.) de Tenzin Tsetan Choklay. Un artiste tibétain en exil à New York regrette que son père n’ait pas pu revoir son pays avant de mourir. Il décide d’introduire clandestinement vingt tonnes de terre tibétaine en Inde, à Dharmsala, résidence du Dalaï-lama.
Projection suivie d’un débat avec le réalisateur Tenzin Tsetan Choklay
Pot amical
Regards Comparés : Imaginaires migratoiresDu 22 au 25 novembre 2016Chaque jour de 14h30 à 21h30 Auditorium de l'Inalco 65 rue des Grands Moulins, 75013 Paris RER C, M14 Bibliothèque François Mitterand |