Festival Jean Rouch : les secrets du bonheur à l'Inalco

Pour la cinquième année, le Festival Jean Rouch et l'Inalco vous proposerons la sélection des Regards Comparés, composée en collaboration sur un thème choisi. Cette année encore, du 20 au 23 novembre, venez assistez aux projections au petit bonheur....
jean rouch 2017

Le festival Jean Rouch


Le Comité du film ethnographique organise depuis plus de 30 ans à Paris le Festival international Jean Rouch. Initiées par le cinéaste et ethnologue Jean Rouch (1917-2004), cette manifestation est l’occasion unique en France de projeter des documentaires qui révèlent l'évolution sociale et culturelle des sociétés humaines et des relations de l’homme à l’environnement. Environ 27 films en compétition, venus de tous les continents, 8 prix décernés, des hommages à des documentaristes ethnologues, des séances thématiques et des débats. Le Festival est un lieu vivant de découverte, de rencontres, de réflexion, de collaborations et de débats entre cinéastes, scientifiques, professionnels de la production et grand public.

L'Inalco, partenaire naturel

Depuis 2012, l'Inalco s'associe au festival Jean Rouch. Ce partenariat n'est pas seulement un partenariat de plus, c'est l'un des plus naturels. Notre institut analyse les mouvements du monde et des peuples à travers ses formations en histoire, géographie, politique, économie, sciences politiques, sociologie. Cette cartographie serait toutefois incomplète sans l'ethnologie, discipline incontournable pour comprendre les sociétés, notamment lorsqu'elle produit ou s'appuie sur les sources de première main que sont les films. Jean Rouch a montré le chemin ; d'autres aujourd'hui le suivent et l'Inalco est très heureux de remettre le Prix "Monde en regards" et d'offrir la traduction et le sous-titrage de l'oeuvre primée. Edition 2017
 

Regards Comparés : Bonheurs / Crossed Views: Happiness


Programme complet

Les Regards comparés 2017 sont déjà la cinquième édition que l’Inalco co-organise et accueille avec le Festival Jean Rouch. Au fil des années précédentes et au gré des affinités des uns et des envies des autres, les Langues’O ont mis en avant le Tibet (2013), la Chine (2014), la Grèce (2015) et l’imaginaire migratoire (2016). Or, parce que depuis la fin de 2015, une ambiance lourde règne en France et plus largement dans le monde occidental alors que la France et l’Europe sont des havres de stabilité et de relatif confort dans un monde tourmenté, nous avons lancé comme en défi, à contre-courant de l’époque et de l’humeur, le bonheur comme thème des Regards comparés 2017.

L’idée a séduit, mais la mise sur pied du programme s’est avérée ardue. Une difficulté a résidé dans l’impossible définition du terme – le « bonheur », est-ce la liberté ? L’amour ? La beauté ? Peut-il, doit-il être collectif ou individuel ? S’agit-il d’un bonheur mondain ou plus spirituel ? Doit-il durer ou peut-il être éphémère ? Par ailleurs, il s’est rapidement avéré que le bonheur n’était guère prisé par les documentaristes, en tout cas comme thème dominant, même s’il parcourait bien sûr çà et là de nombreux films. C’est ainsi que « bonheur » est devenu « bonheurs », reflétant les quêtes du bonheur, souvent déçues, rarement exaucées, que présentent les onze documentaires ici sélectionnés

Avec Chronique d’un été (1961) de J. Rouch et E. Morin, suivi du Joli Mai (1962) de C. Marker et P. Lhomme, enquêtes poético-filmiques sur le bonheur à Paris dans les Trente Glorieuses, nous sommes transportés dans un monde apparemment très familier mais en réalité très exotique. On suit aussi une bergère ladakhie et une fabricante japonaise de miso, toutes deux en osmose avec un milieu naturel intransigeant. On s’intéresse à une cinéaste sibérienne préservant son droit au célibat et à un chauffeur de taxi en Inde sur le point de se marier selon la tradition. La liberté de l’individu au sein du collectif est explorée de manière contrastée, dans les Stolby de Sibérie ou au Birobidjan. Les rapports complexes entre famille, travail et bonheur est débattue tant dans l’Inde postcoloniale que dans le pays kurde sous domination turque. Nous clôturons ces Regards Comparés par le portrait de deux adolescentes palestiniennes dont le bonheur à chanter ensemble, au gré des épreuves, est contagieux.

Françoise ROBIN,
Professeure de langue et de littérature tibétaines à l’Institut national des langues et civilisations orientales. 
Jean Rouch 2017

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