Journée d'études « Gogol, l'imposteur », le 11 février, en distanciel
La journée d’étude est consacrée aux jeux de ce que Vladimir Jankélévitch nomme la « conscience labyrinthique » du menteur et de l’ironiste, telle qu’elle se reflète dans l’œuvre de Nikolaï Gogol, mais aussi dans les lectures qu’elle a inspirées. L’objectif de cette journée est d’explorer cet espace compris entre masque et visage, non seulement dans les récits de Gogol, mais encore dans ses œuvres dramatiques, et dans les autres champs artistiques qui ont nourri l’œuvre et qu’elle a nourris en retour.
Argumentaire
Le nom de Gogol est communément associé à une énigme, à une absence et à une fuite, qu'il s'agisse de l'œuvre ou de la vie de l'auteur telle qu'elle se reflète dans les témoignages des contemporains. Dans l'une comme dans l'autre apparaît une « conscience labyrinthique » qui, pour V. Jankelevitch, est à la fois celle du menteur et de l'ironiste.
Gogol l'imposteur, c'est l'écrivain qui surveille toujours avec effroi son propre effet, c'est Gogol l'illusionniste et le mystificateur, capable d'édifier dans sa correspondance des mensonges compliqués et inutiles : à la fois un « enchanteur » et un « imitateur » (Erlich).
Les masques verbaux dont use Gogol semblent calculés pour générer chez le lecteur l'égarement et le sentiment qu'il se trouve face à des textes qui échappent ou résistent aux efforts herméneutiques, parfois de manière tout à fait explicite, comme à la fin du Nez par exemple.
Il existe différents axes pour approcher Gogol l'imposteur, et cette exploration pourra emprunter les chemins suivants :
Les masques narratifs du skaz, stratégie discursive pour parler du point de vue d'un autre ;
Les défis au lecteur, sous forme d'excès descriptifs et d'accumulations, « poétique de l'insignifiance » pour C. Popkin ;
Les Extraits choisis de ma correspondance avec mes amis : cas d'auto-parodie, cas d'imposture – Gogol traité de Tartuffe au moment où il se veut le plus sincère ;
Les personnages inconsistants, simulacres de vie souvent dérivés de figures du théâtre populaire ukrainien et russe, ou des louboks ;
La dialectique du masque et du visage, et en particulier l'ambiguïté du masque : forme inerte qui manifeste une âme morte, dissimulation d'une profondeur, forme inanimée qui contrefait le vivant et se substitue à lui ;
La théâtralité et l'illusion dans les œuvres dramatiques et plus largement comme manifestation d'une esthétique baroque.