Rapport scientifique de la mission à Beyrouth effectuée par Greta Sala (du 2 octobre 2022 au 28 janvier 2023)

5 avril 2023
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Rapport scientifique de mission à Beyrouth (du 2 octobre 2022 au 28 janvier 2023)‎
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Grâce à une aide à la mobilité fournie par le CERMOM, le 2 octobre 2022, elle est partie en mission à Beyrouth, où elle est restée jusqu’au 28 janvier 2023. Doctorante contractuelle depuis octobre 2021, son travail porte sur la production romanesque syrienne des vingt dernières années, en se concentrant notamment sur la progressive affirmation de l’individu (en tant que sujet, mais aussi en tant que personnage) au sein du roman contemporain. Ne pouvant pas partir en Syrie pour d’évidentes questions de sécurité, elle considère le Liban, et notamment sa capitale, comme un lieu particulièrement propice à la bonne réalisation de son projet de recherche, ce qui s’explique par plusieurs raisons.



Tout d’abord, la période passée à Beyrouth a été l’occasion d’améliorer ses compétences en langue arabe et notamment en dialecte libanais, grâce à la pratique quotidienne ainsi qu’à la participation à des cours de perfectionnement. Le mois d’octobre, en particulier, a été presque totalement consacré à la fréquentation de ces cours, qu'elle a ensuite continué de suivre de manière plus sporadique pour pouvoir se vouer aussi à l’avancement de ses recherches. Pendant la semaine allant du 15 au 21 octobre, en outre, elle a participé à la première session de l’Académie doctorale HoRÉA (Horizons de Renouvellement des Études Arabes). Celle-ci est un programme de formation et d’accompagnement interdisciplinaire destiné à une quinzaine des doctorant.e.s de toutes disciplines des sciences humaines et sociales, dont le travail porte sur les mondes arabes. La première formation, en particulier, a été consacrée à la langue arabe. Ce macro-thème a été abordé par des chercheur.se.s appartenant à des domaines disciplinaires différents, tel.le.s que Frédéric Lagrange, Francesco Chiabotti, Pauline Koetschet, Leyla Dakhli, Éric Vallet et Iyas Hassan (ces deux derniers étant les organisateurs de l’Académie). À partir de novembre, elle a passé la plupart de son temps à l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo), afin de consulter les travaux conservés à l’intérieur de sa bibliothèque. Transféré à la capitale libanaise quelques mois après le début de la crise syrienne, celui-ci était initialement installé à Damas et recueille des documents particulièrement utiles à son travail de recherche. Un exemple évident est celui représenté par les dernières œuvres de Hassan Abbas, critique littéraire syrien très estimé et chercheur associé à l’Ifpo durant près de vingt-cinq ans. La participation aux différentes initiatives organisées par l’Institut l’a également permis de rencontrer et d’échanger avec d’autres doctorant.e.s et chercheur.se.s rattaché.e.s à l’Ifpo, dans un contexte international extrêmement stimulant. Elle a notamment fait la connaissance de plusieurs chercheur.se.s travaillant comme elle sur la Syrie, ce qui l’a permis d’approfondir certaines questions liées à son travail et d’adopter également de nouvelles perspectives de recherche. Parmi ces rencontres il y a eu celle avec Jamal Chehayed, chercheur de renom dans le domaine des études littéraires et normalement installé en Syrie, qu'elle a pu interroger à propos de la scène littéraire actuelle dans le cadre d’un entretien. À l’Ifpo est également rattaché Nibras Chehayed, qu'elle invité à présenter une série d’ouvrages publiés sous sa direction dans le cadre des rencontres de la HALQA, association des doctorant.e.s sur les mondes musulmans modernes et contemporains dont elle fait partie. Enfin, du 25 au 27 janvier, l’Ifpo a accueilli un colloque international portant sur la Syrie et organisé par le programme de recherche « SHAKK. De la révolte à la guerre : conflits, déplacements, incertitudes ». Les trois journées du colloque, intitulé « L’histoire et la mémoire à l’épreuve de la révolte et de la guerre en Syrie », ont été l’occasion de faire le bilan de tout ce qui s’est passé dans le pays au cours des douze dernières années, par le biais d’une approche pluridisciplinaire. Les thèmes traités, allant du domaine historique à celui géopolitique, mais aussi sociologique, artistique et littéraire, l’ont permis d’élargir d’autant plus ses connaissances sur un contexte aussi riche et complexe que celui de la Syrie. En raison de l’intérêt qu'elle porte aux activités organisées par l’Ifpo, dont ce colloque est un excellent exemple, ainsi qu’aux différents axes de recherche promus par l’Institut, en fin janvier elle a présenté une demande pour obtenir le statut de doctorante associée. Enfin, il faut souligner que Beyrouth, siège de nombreuses maisons d’édition, demeure aujourd’hui le lieu de publication d’un grand nombre de romans syriens, sinon de la plupart, ce qui contribue à rendre sa vie culturelle particulièrement effervescente. Pendant son séjour, elle a d’ailleurs participé à deux festivals littéraires : la première édition du festival franco-libanais « Beyrouth Livres » (19-30 octobre), ainsi que la 59ème édition du « Salon du livre arabe » (27 novembre-10 décembre).



Tous ces éléments ont fait de cette mission une expérience très précieuse pour le travail de recherche qu'elle a entrepris, ainsi qu’une expérience de vie extrêmement enrichissante et intellectuellement stimulante. Dans le but d’approfondir et d’achever tout ce qu'elle a pu commencer au cours de ce premier séjour, elle retournerai à Beyrouth dans la période comprise entre fin mars et fin juin 2023, grâce à un nouveau financement fourni par l’École doctorale et le CERMOM, qu'elle tient à remercier.