Regards comparés : la Grèce

Partenaire du Festival International du Cinéma Ethnographique Jean Rouch, l’Inalco accueille fin novembre des projections hors-les-murs dédiées cette année à la Grèce. Croisant les regards, ces 4 journées de films réunissent des destins collectifs et parcours individuels en résonance dans les villes et les campagnes de la Grèce continentale et insulaire.
Regards comparés Jean Rouch 2014
Après le Tibet en 2013, le Festival International du Cinéma Ethnographique Jean Rouch ouvre sa section Regards comparés à la Grèce avec 24 documentaires. D’un film à l’autre, le sublime côtoie le monstrueux au gré des angles de vue et des échelles d’analyse ; les réalisateurs saisissent les dynamiques historiques et spatiales telles que les vivent, à des moments charnières, les Grecs d’hier et d’aujourd’hui. Les projections seront suivies de débats.
 

Images d'histoire

La première journée entend souligner les ruptures et les constantes du xxe siècle en Grèce à travers deux documents rares des années 1910, conservés aux Archives françaises du film, sur Thessalonique et le Mont Athos, un montage d’archives destiné à mettre en valeur les fonds de la Cinémathèque de Grèce, puis deux films sur les retombées de la Seconde guerre mondiale, De Grèce (1965) de Peter Nestler et Cantique pour Argyris (2006) de Stefan Haupt.

Espaces grecs

La deuxième journée est consacrée à la diversité des espaces grecs, sources d’inspiration du muet (Météores, 1924, Michalis Dorizas) à nos jours (Little Land, 2013, Nikos Dayandas), comme le montrent notamment les courts métrages souvent novateurs des années 1960 et 70, entre lyrisme (Mariage macédonien, 1960, Takis Kanellopoulos), humour (La Roue, 1964, Th. Adamopoulos), poésie (Mâtines à Santorin, 1967, Kostas Sfikas et Stavros Tornès) et distanciation (Le Terrain, 1971, Thodoros Marangos). Un hommage est en outre rendu à Vassilis Maros, figure majeure du cinéma documentaire au xxe siècle ; denses et synthétiques, ses compositions témoignent d’un regard plein de tendresse et d’esprit, au plus proche de la vie, sur les mutations de la Grèce d’après-guerre (Athènes danse le rock’n’roll, 1957 ; Regards sur Hydra, 1958 ; Kalymnos, l’île des pêcheurs d’éponge, 1963), le patrimoine immatériel (Racines – Danses grecques, 1977) ou la spiritualité orthodoxe (Météores, les catacombes du ciel, 1991).

Drames politiques

La splendeur du paysage laisse place le troisième jour aux grandes catastrophes de l’histoire. Confrontant politiciens et hommes ou femmes du peuple, victimes et bourreaux, les documentaristes s’engagent à sensibiliser le public aux souffrances du peuple de Chypre (Attila 74, 1975, Michalis Cacoyannis), à la torture et à l’endoctrinement des citoyens pendant la dictature des colonels (Le Fils de ton voisin, 1981, Jørgen Flindt Petersen et Erik Stephensen), à la gestion mémorielle de la guerre civile (Comme des lions de pierre à l’entrée de la nuit, 2013, Olivier Zuchuat).

Les Grecs et les arts

Enfin, les lettres et les arts, toujours présents dans le monde grec au quotidien comme dans leurs formes les plus abouties, sont placés au cœur de la dernière journée. Auprès de ceux qui, entre tradition et modernité (Ombres magiques, 1980, Sotiris Spatharis), profane et sacré (Le Monde des icônes, 1968, Vassilis Maros), transcendent les affres de l’histoire et la monotonie du quotidien  (Le Bouzouki, 1973, Vassilis Maros), les cinéastes excellent à leur tour dans l’art du documentaire lui-même en proposant, au tournant du xxie siècle, de nouvelles voies, comme Constantin Giannaris (Troyens, 1989) ou Filippos Koutsaftis (La Pierre triste, 2000).


De l’archive brute au docu-fiction, cette rétrospective met au jour une large palette d’écritures qui invitent à découvrir la tradition méconnue du documentaire grec, mise en perspective à chaque séance par un débat avec l’une des personnalités marquantes associée aux films projetés.
 
Le programme a été établi par Stéphane Sawas (professeur des universités à l’Inalco, directeur du Cerlom), Barberine Feinberg et Françoise Foucault (Comité du film ethnographique). 

 

Mots-clés : 

Langue(s)

Région(s) du monde

Europe et Eurasie