La preuve imaginaire : asseoir l’authentique dans les sciences sociales
De nos jours, dans son acception ordinaire et savante, l’adjectif « authentique » désigne « l’être dans sa vérité propre », « en adéquation avec lui-même ». Le terme provient du grec authentes, « qui agit de sa propre autorité ». Comme on peut l’observer, son étymologie met l’accent sur l’idée d’une action ou d’un mode d’existence qui va de soi ; se révèle ainsi la forte association entre l’authenticité personnelle ou collective et l’identité réalisée (Boyarin 2019).
Mais « être soi-même » est une question qui suppose un double positionnement : « se regarder » ou « être regardé », « s’évaluer soi-même » et « être évalué », « se classer soi-même » ou « être classé ». Double taxinomie, double administration de la preuve, double assise de la vérité.
Mais « être soi-même » est une question qui suppose un double positionnement : « se regarder » ou « être regardé », « s’évaluer soi-même » et « être évalué », « se classer soi-même » ou « être classé ». Double taxinomie, double administration de la preuve, double assise de la vérité.

Date limite :
Jeudi, 31 mars, 2022
Equipe de recherche :
Appel à communications
La preuve imaginaire : asseoir l’authentique dans les sciences sociales
Colloque 17-18 novembre 2022, en ligne
English below
Comité scientifique :
Corina Iosif, Musée National du Paysan Roumain, INALCO-PLIDAM
Mária Pakucs, Institut d’histoire « Nicolae Iorga », Académie Roumaine, Bucarest
Florica Bohîltea-Mihut, Université de Bucarest
Ecaterina Lung, Université de Bucarest
Madalina Vârtejanu-Joubert, INALCO-PLIDAM
Nicolas Adell, Université de Toulouse – Jean Jaurès, Revue Ethnologie française
Didier Francfort, Université de Lorraine, CERCLE, Centre de recherche sur les Culture et les Littératures Européennes
Modalités de soumission :
Envoyer à l’adresse conference.authenticity2022[at]gmail.com, un résumé de 200 mots, en anglais ou en français, ou un sujet de discussion pour la table ronde, un CV d’une page, 3-5 mots-clés.
Argumentaire
L’histoire des sciences sociales peut être appréhendée comme une mise en tension de ces deux points de vue : la vérité de soi et la vérité de l’autre sur soi. Ce colloque souhaite revisiter l’histoire de sciences sociales de la culture – anthropologie, ethnographie, sociologie, histoire, philosophie – en examinant les différentes modalités par lesquelles chacune administre la preuve d’authenticité.
La construction de la preuve sera appréhendée dans sa dimension historique et contextuelle. On interrogera notamment la constitution des archives ethnographiques, de collections muséales, de collections manuscrites, comme dépositaires de l’authenticité culturelle. La sélection des éléments archivés ou collectionnés, la critique de leur matérialité, l’analyse historico-critique et philologique des textes suivent des protocoles variés en fonction du lieu et de l’époque. Les Lumières n’ont pas les mêmes critères que le Romantisme, ou la Renaissance. De même, l’episteme qui met un point d’honneur à « débusquer le faux » (Copeman 2018) est remise en question par le tournant ontologique (Latour, Holbraad, Pedersen, Viveiros de Castro 2014) qui admet une pluralité des modalités de la preuve.
Si l’authentique est difficile à asseoir, le faux est de son côté ambivalent. Dans certains contextes, il est considéré comme « une copie qui ne cache pas sa vraie nature », « une approximation de la chose » par contraste avec « la chose dans sa plénitude » (Crăciun 2012). On examinera donc la portée du faux, de l’inauthentique, de l’illusion et de la contrefaçon, des phénomènes loin d’être univoques et dont la valeur « révélatrice de vérité » est mise en avant par de nombreux chercheurs (Copeman, da Col 2018).
Outre les questions déjà évoquées, cet appel propose également de s’interroger sur les usages politiques du vrai et du faux dans la construction de l’authenticité, notamment dans le contexte des pays ayant connu une modernité tardive ; le rôle des media – de l’imprimerie aux réseaux sociaux – dans l’assise de l’authentique ; la canonisation de l’authentique grâce aux actes de collecte documentaire et aux institutions dédiées à leur conservation – archives, musées, UNESCO ; les enjeux de la preuve spécifiques à chaque discipline ; la marchandisation de l’authentique.
Dans le cadre du colloque se tiendra une Table ronde intitulée « Faux et usage(s) de faux » Des champs, des méthodes, des contextes et des perspectives en sciences humaines et sociales.
Le colloque aura lieu en ligne sur la plateforme de l’INALCO, les 17 et 18 novembre 2022. Les présentations doivent durer 20 min. et seront suivies de 10 min. de discussion.
Les propositions, envoyées à l’adresse conference.authenticity2022[at]gmail.com doivent comporter un résumé de 200 mots, en anglais ou en français, un CV d’une page, des mots-clés.
La date limite des soumissions est le 31 mars 2022, les résultats seront communiqués le 30 avril 2022 au plus tard.
Les contributions seront publiées dans une revue et dans un volume collectif avec comité de lecture.