La preuve imaginaire : Asseoir l’authentique dans les sciences sociales. Du faux et de la preuve imaginaire en ethnologie
Dates :
Jeudi 17 novembre 2022 - 09:00 - Vendredi 18 novembre 2022 - 18:00
Lieu :
Evèmenent en ligne
Colloque international
Evènement en ligne.
Inscription gratuite et obligatoire sur le formulaire situé en bas de la page
Organisateurs :
Madalina Vartejanu-Joubert, PLIDAM, INALCO, Paris
Corina Iosif, PLIDAM, Musée National du Paysan Roumain, Bucarest
Maria Pakucs, Institut d’histoire « Nicolae Iorga », Académie Roumaine, Bucarest
Florica Bohîlţea Mihuţ, Université de Bucarest, Faculté d’Histoire, Bucarest
Ecaterina Lung, Université de Bucarest, Faculté d’Histoire, Bucarest
Nicolas Adell, Revue Ethnologie française, Paris
Didier Francfort, Centre de recherche sur les Culture et les Littératures Européennes, Université de Lorraine
Programme
Jeudi 17 novembre 2022
9h00-12h30
Modérateur Madalina Vartejanu-Joubert
Cristina Codarcea, Institut des Études Sud-Est Européennes, Académie Roumaine, Bucarest :
Les Rapports de mission ad limina apostolorum entre la réalité et aspirations. Centre et périphérie dans la construction de l’identité religieuse dans les enclaves catholiques de la Péninsule Balkanique au XVIIe siècle
Oana Rizescu, Institut d'Histoire « Nicolae Iorga », Académie Roumaine, Bucarest :
Être de bonne foi en témoignant avec « son âme ». Considérations sur la vérité dans la pratique juridique roumaine ancienne
Alexandru Bumbas, Inalco :
De la critique du mimétique et du cathartique pendant la Renaissance : le cas du dramaturge juif Yehuda Sommo
Stelu Serban, Institut des Études Sud-Est Européennes, Académie Roumaine, Bucarest :
Authenticity in Environmental Anthropology. Doing Fieldwork on the Lower Danube Islands
Pause : 12h30-13h30
13h30-17h30
Modérateur Maria Pàcucs
Benoît Seibert, Master Études Culturelles, Université de Lorraine :
Les historiens face aux cultures populaires : un tournant historiographique ?
Monica Irina Chiorpec, Musée National du Paysan Roumain, Bucarest :
Culture et sous-culture dans la Roumanie des années 1970. Le phénomène ethno-rock et ses représentations
Alexandru Ofrim, Université de Bucarest, Faculté des Lettres :
« Nous ne sommes pas des descendants de Rome ». Les tablettes de plomb de Sinaia et l’origine du peuple Roumain
László Kürti, Université de Miskolc, Hongrie :
Divine Hungarian dance: An invented simulacrum for the 21st century
Vendredi 18 novembre 2022
9h00-12h30
Modérateur Didier Francfort
Hélène Girard-Virasolvit, Université de Strasbourg :
Le choix de la diachronie pour l’analyse discursive critique comparée de la parole autobiographique et des discours collectifs
Lucia Terzea-Ofrim, Université de Bucarest, Faculté des Lettres, Dép. Études Culturelles :
Artification et authenticité : document ou œuvre d'art ?
Carolina Morello, Université de Lorraine :
La réinvention de la tradition, entre quête d’authenticité et changement de sens : le cas de masche piémontaises
Defne Turker Demir, Istinye University, Istanbul :
Objectifying the Body, Authenticating the People
Pause 12h30-13h00
13h00-16h30
Modérateur Florica Bohîlţea Mihuţ
Esther Bautista Naranjo Université de Castilla-La Mancha :
Le concept de vérité dans la fiction mémorialiste du XVIIIe siècle français
Laureline Goetz, Université Nanterre :
L'authenticité comme concept philosophique opératoire : l'exemple de Beauvoir
Julien Desprez, Université de Lorraine :
Le nom « America » est-il forgé sur de l’inauthentique ? Amerigo Vespucci de Las Casas à Eminem.
Mohamed Amine Rhimi, Université de Tunis :
Les enjeux du discours judiciaire dans les romans d’Édouard Glissant : réimaginer l’Histoire authentique de la Traite et intenter un procès contre les colonialistes
À partir de 17h00
Table ronde/Workshop
Du faux et de la preuve imaginaire en ethnologie
Imaginary proof and “the fake” in ethnology
Modérateurs Nicolas Adell et Corina Iosif
Adrian T. Sîrbu et Silviu G. Totelecan, Institut „G. Bariţiu”, Académie Roumaine, Cluj-Napoca, Département des sciences socio-humaines :
Sur quelques circonstances herméneutiques « perverses » (ou conditions contre-herméneutiques) de l’inévitable production du « faux » dans la recherche sociale contemporaine
Dominique Belkis, Université Jean Monnet de Saint-Étienne, Centre Max Weber (UMR 5283, CNRS) - Équipe « Politiques de la connaissance » :
Ethnographie et contre-factualité : enquêter en régime esthétique ou la leçon cinématographique
Argumentaire de la table-ronde
Du faux et de la preuve imaginaire en ethnologie
Les ethnologues sont-ils en quête de vérité ? Si oui, de quelle nature est la vérité qu’ils espèrent révéler ? Si non, de quoi sont-ils les chercheurs ? La question engage une alternative qui pose elle-même un problème. Il ne fait pas de doute que tout ethnologue s’applique à rendre compte de situations réelles, éprouvées parfois directement. Il ou elle tient à porter à la connaissance une certaine vérité de l’expérience ou une pluralité de vérités sur une même expérience. Par ailleurs, la construction de la vérité ethnologique prend une dimension supplémentaire dans des contextes historiques particuliers, comme celui de la période communiste en Europe de l’Est. Dans des milieux universitaires où l’ethnologie avait acquis une importance intellectuelle et symbolique considérable en regard de disciplines muselées comme la sociologie ou la psychologie (en Roumanie, cette dernière a disparu comme discipline pendant plus de 10 ans dans les programmes universitaires), l’ethnologue, seul intermédiaire entre une réalité sociologique à laquelle il accède par l’enquête directe et l’espace discursif des constructions intellectuelles, devient le garant de la vérité (culturelle) et le gardien d’une certaine authenticité. En toutes circonstances cependant, l’ethnologue aime à penser qu’il dit vrai et/ou qu’il parle à propos de choses vraies. Mais, dans le même temps, il ou elle ne peut qu’être conscient de la façon dont sa restitution des faits, à distance, oublieuse, sélective, ne donne à lire ou à voir qu’une réalité tronquée, synthétique, concentrée dans quelques figures ou moments qui sonnent toujours un peu faux en regard de ce qui a été vécu. Sans doute est-ce là le prix pour faire accéder non à la réalité totale de l’expérience mais à assez de vérité sur une expérience pour la faire comprendre et la rendre partageable. Un peu de faux pour assez de vérité ; tel est le point de départ qui nourrit les réflexions qui pourront être conduites dans le cadre de cette table-ronde. L’un des enjeux sera donc de déterminer les contours flous de ce « un peu », non tant pour le cadrer (en désignant par exemple les lignes rouges qui marqueraient le passage vers « trop » de faux) que pour faire état de différents cas de figure ou situations qui posent concrètement le problème du faux en ethnologie.
Dans le cadre de cette table-ronde, ce problème pourra être posé selon une double démarche. D’un côté, il s’agira de mobiliser les ressorts, les objets et les principes d’une ethnologie du faux, c’est-à-dire l’ensemble des savoirs descriptifs et analytiques qui visent à élucider les acteurs, filières et produits de la construction du faux dans les différents champs de la vie sociale (économique, mais aussi politique, symbolique, technique, etc.). Dénicher par le biais des faussaires, des copies, des contrefaçons, des fausses identités, des histoires inventées ce que ces pratiques disent du monde dans lequel elles sont prises. D’un autre côté, on pourra s’attacher à déterminer les enjeux de la question du faux de l’ethnologie, c’est-à-dire les manières dont l’ethnologie en tant que discipline scientifique est elle-même copiée, imitée, détournée dans des ethno-fictions, des para-ethnographies qui peuvent aller jusqu’à inventer des ethnologues ou des terrains. Ces dispositifs renseignent sur la place de la discipline dans un contexte donné et sur le rôle qu’on lui attribue.
Cette double démarche (ethnologie du faux / faux de l’ethnologie) pourra croiser deux thématiques que la table-ronde souhaite privilégier :
1) La question du faux dans le champ scientifique. Il s’agit d’examiner ce que la quête d’authenticité (des objets, des faits, des situations, des personnes) fait à la production des savoirs dans différents contextes et notamment lorsque l’attachement à l’authenticité est davantage le fait des acteurs qui tiennent à des formes légitimées d’enracinement que celui des scientifiques qui s’emploient à déconstruire le concept et à en démontrer la fragilité, y voyant un ressort de l’inégalité dans l’accès à l’Histoire et un instrument privilégié de l’essentialisme. Ainsi, a-t-on dans différents contextes une double traque du faux qui se met en place entre des acteurs qui s’appliquent à chercher la vérité de pratiques, d’origines par l’attestation de preuves d’ancienneté et de continuité, et des savants académiques (ethnologues, historiens, archéologues, experts, historiens de l’art) qui remontent les mêmes filières pour établir les voies par lesquelles des authenticités multiples s’établissent. A quels affrontements de savoirs ces postures différentes donnent-elles lieu ?
2) La question du faux dans le champ esthétique. Il s’agira là de convoquer les champs (littérature, théâtre, arts visuels, performances, etc.) qui entretiennent avec la quête de vérité(s) un rapport distinct de celui mobilisé dans le champ scientifique, même si les procédés comme les objectifs ont trouvé depuis plus d’un demi-siècle à se mêler dans des entreprises croisées qui jouent sur le brouillage des catégories. Le roman non fictionnel, depuis Truman Capote, convoque des procédés d’enquête et des méthodes qui interdisent de penser que la science a confisqué l’administration de la preuve. Dans un autre registre, l’attention au réel déployé tant par le théâtre (depuis celui de la cruauté d’Artaud) que par le cinéma (depuis, au moins, le cinéma-vérité) n’implique-t-elle pas une réflexion sur la fabrication de la vérité et la place que le faux prend dans ce processus ? Quels usages esthétiques (ou dans le champ esthétique) fait-on des documents, des preuves ? Quels rapports au réel ou au référentiel se déploient dans des univers dont on estime un peu vite qu’ils ont précisément pour fonction de s’en affranchir ? Quelles places en retour l’imaginaire ou les pratiques esthétiques ont-elles dans la construction d’une discipline scientifique telle que l’ethnologie ?
Pensée comme un point de départ à un développement plus ample de réflexions, cette tableronde voudrait ainsi interroger la pluralité des manières de traiter du faux en ethnologie.
La preuve imaginaire : Asseoir l’authentique dans les sciences sociales. Du faux et de la preuve imaginaire en ethnologie
Imaginary Evidence: Establishing the authenticity in the social sciences. Imaginary proof and “the fake” in ethnologyEvènement en ligne.
Inscription gratuite et obligatoire sur le formulaire situé en bas de la page
Organisateurs :
Madalina Vartejanu-Joubert, PLIDAM, INALCO, Paris
Corina Iosif, PLIDAM, Musée National du Paysan Roumain, Bucarest
Maria Pakucs, Institut d’histoire « Nicolae Iorga », Académie Roumaine, Bucarest
Florica Bohîlţea Mihuţ, Université de Bucarest, Faculté d’Histoire, Bucarest
Ecaterina Lung, Université de Bucarest, Faculté d’Histoire, Bucarest
Nicolas Adell, Revue Ethnologie française, Paris
Didier Francfort, Centre de recherche sur les Culture et les Littératures Européennes, Université de Lorraine
Programme
Jeudi 17 novembre 2022
9h00-12h30
Modérateur Madalina Vartejanu-Joubert
Cristina Codarcea, Institut des Études Sud-Est Européennes, Académie Roumaine, Bucarest :
Les Rapports de mission ad limina apostolorum entre la réalité et aspirations. Centre et périphérie dans la construction de l’identité religieuse dans les enclaves catholiques de la Péninsule Balkanique au XVIIe siècle
Oana Rizescu, Institut d'Histoire « Nicolae Iorga », Académie Roumaine, Bucarest :
Être de bonne foi en témoignant avec « son âme ». Considérations sur la vérité dans la pratique juridique roumaine ancienne
Alexandru Bumbas, Inalco :
De la critique du mimétique et du cathartique pendant la Renaissance : le cas du dramaturge juif Yehuda Sommo
Stelu Serban, Institut des Études Sud-Est Européennes, Académie Roumaine, Bucarest :
Authenticity in Environmental Anthropology. Doing Fieldwork on the Lower Danube Islands
Pause : 12h30-13h30
13h30-17h30
Modérateur Maria Pàcucs
Benoît Seibert, Master Études Culturelles, Université de Lorraine :
Les historiens face aux cultures populaires : un tournant historiographique ?
Monica Irina Chiorpec, Musée National du Paysan Roumain, Bucarest :
Culture et sous-culture dans la Roumanie des années 1970. Le phénomène ethno-rock et ses représentations
Alexandru Ofrim, Université de Bucarest, Faculté des Lettres :
« Nous ne sommes pas des descendants de Rome ». Les tablettes de plomb de Sinaia et l’origine du peuple Roumain
László Kürti, Université de Miskolc, Hongrie :
Divine Hungarian dance: An invented simulacrum for the 21st century
Vendredi 18 novembre 2022
9h00-12h30
Modérateur Didier Francfort
Hélène Girard-Virasolvit, Université de Strasbourg :
Le choix de la diachronie pour l’analyse discursive critique comparée de la parole autobiographique et des discours collectifs
Lucia Terzea-Ofrim, Université de Bucarest, Faculté des Lettres, Dép. Études Culturelles :
Artification et authenticité : document ou œuvre d'art ?
Carolina Morello, Université de Lorraine :
La réinvention de la tradition, entre quête d’authenticité et changement de sens : le cas de masche piémontaises
Defne Turker Demir, Istinye University, Istanbul :
Objectifying the Body, Authenticating the People
Pause 12h30-13h00
13h00-16h30
Modérateur Florica Bohîlţea Mihuţ
Esther Bautista Naranjo Université de Castilla-La Mancha :
Le concept de vérité dans la fiction mémorialiste du XVIIIe siècle français
Laureline Goetz, Université Nanterre :
L'authenticité comme concept philosophique opératoire : l'exemple de Beauvoir
Julien Desprez, Université de Lorraine :
Le nom « America » est-il forgé sur de l’inauthentique ? Amerigo Vespucci de Las Casas à Eminem.
Mohamed Amine Rhimi, Université de Tunis :
Les enjeux du discours judiciaire dans les romans d’Édouard Glissant : réimaginer l’Histoire authentique de la Traite et intenter un procès contre les colonialistes
À partir de 17h00
Table ronde/Workshop
Du faux et de la preuve imaginaire en ethnologie
Imaginary proof and “the fake” in ethnology
Modérateurs Nicolas Adell et Corina Iosif
Adrian T. Sîrbu et Silviu G. Totelecan, Institut „G. Bariţiu”, Académie Roumaine, Cluj-Napoca, Département des sciences socio-humaines :
Sur quelques circonstances herméneutiques « perverses » (ou conditions contre-herméneutiques) de l’inévitable production du « faux » dans la recherche sociale contemporaine
Dominique Belkis, Université Jean Monnet de Saint-Étienne, Centre Max Weber (UMR 5283, CNRS) - Équipe « Politiques de la connaissance » :
Ethnographie et contre-factualité : enquêter en régime esthétique ou la leçon cinématographique
Argumentaire de la table-ronde
Du faux et de la preuve imaginaire en ethnologie
Les ethnologues sont-ils en quête de vérité ? Si oui, de quelle nature est la vérité qu’ils espèrent révéler ? Si non, de quoi sont-ils les chercheurs ? La question engage une alternative qui pose elle-même un problème. Il ne fait pas de doute que tout ethnologue s’applique à rendre compte de situations réelles, éprouvées parfois directement. Il ou elle tient à porter à la connaissance une certaine vérité de l’expérience ou une pluralité de vérités sur une même expérience. Par ailleurs, la construction de la vérité ethnologique prend une dimension supplémentaire dans des contextes historiques particuliers, comme celui de la période communiste en Europe de l’Est. Dans des milieux universitaires où l’ethnologie avait acquis une importance intellectuelle et symbolique considérable en regard de disciplines muselées comme la sociologie ou la psychologie (en Roumanie, cette dernière a disparu comme discipline pendant plus de 10 ans dans les programmes universitaires), l’ethnologue, seul intermédiaire entre une réalité sociologique à laquelle il accède par l’enquête directe et l’espace discursif des constructions intellectuelles, devient le garant de la vérité (culturelle) et le gardien d’une certaine authenticité. En toutes circonstances cependant, l’ethnologue aime à penser qu’il dit vrai et/ou qu’il parle à propos de choses vraies. Mais, dans le même temps, il ou elle ne peut qu’être conscient de la façon dont sa restitution des faits, à distance, oublieuse, sélective, ne donne à lire ou à voir qu’une réalité tronquée, synthétique, concentrée dans quelques figures ou moments qui sonnent toujours un peu faux en regard de ce qui a été vécu. Sans doute est-ce là le prix pour faire accéder non à la réalité totale de l’expérience mais à assez de vérité sur une expérience pour la faire comprendre et la rendre partageable. Un peu de faux pour assez de vérité ; tel est le point de départ qui nourrit les réflexions qui pourront être conduites dans le cadre de cette table-ronde. L’un des enjeux sera donc de déterminer les contours flous de ce « un peu », non tant pour le cadrer (en désignant par exemple les lignes rouges qui marqueraient le passage vers « trop » de faux) que pour faire état de différents cas de figure ou situations qui posent concrètement le problème du faux en ethnologie.
Dans le cadre de cette table-ronde, ce problème pourra être posé selon une double démarche. D’un côté, il s’agira de mobiliser les ressorts, les objets et les principes d’une ethnologie du faux, c’est-à-dire l’ensemble des savoirs descriptifs et analytiques qui visent à élucider les acteurs, filières et produits de la construction du faux dans les différents champs de la vie sociale (économique, mais aussi politique, symbolique, technique, etc.). Dénicher par le biais des faussaires, des copies, des contrefaçons, des fausses identités, des histoires inventées ce que ces pratiques disent du monde dans lequel elles sont prises. D’un autre côté, on pourra s’attacher à déterminer les enjeux de la question du faux de l’ethnologie, c’est-à-dire les manières dont l’ethnologie en tant que discipline scientifique est elle-même copiée, imitée, détournée dans des ethno-fictions, des para-ethnographies qui peuvent aller jusqu’à inventer des ethnologues ou des terrains. Ces dispositifs renseignent sur la place de la discipline dans un contexte donné et sur le rôle qu’on lui attribue.
Cette double démarche (ethnologie du faux / faux de l’ethnologie) pourra croiser deux thématiques que la table-ronde souhaite privilégier :
1) La question du faux dans le champ scientifique. Il s’agit d’examiner ce que la quête d’authenticité (des objets, des faits, des situations, des personnes) fait à la production des savoirs dans différents contextes et notamment lorsque l’attachement à l’authenticité est davantage le fait des acteurs qui tiennent à des formes légitimées d’enracinement que celui des scientifiques qui s’emploient à déconstruire le concept et à en démontrer la fragilité, y voyant un ressort de l’inégalité dans l’accès à l’Histoire et un instrument privilégié de l’essentialisme. Ainsi, a-t-on dans différents contextes une double traque du faux qui se met en place entre des acteurs qui s’appliquent à chercher la vérité de pratiques, d’origines par l’attestation de preuves d’ancienneté et de continuité, et des savants académiques (ethnologues, historiens, archéologues, experts, historiens de l’art) qui remontent les mêmes filières pour établir les voies par lesquelles des authenticités multiples s’établissent. A quels affrontements de savoirs ces postures différentes donnent-elles lieu ?
2) La question du faux dans le champ esthétique. Il s’agira là de convoquer les champs (littérature, théâtre, arts visuels, performances, etc.) qui entretiennent avec la quête de vérité(s) un rapport distinct de celui mobilisé dans le champ scientifique, même si les procédés comme les objectifs ont trouvé depuis plus d’un demi-siècle à se mêler dans des entreprises croisées qui jouent sur le brouillage des catégories. Le roman non fictionnel, depuis Truman Capote, convoque des procédés d’enquête et des méthodes qui interdisent de penser que la science a confisqué l’administration de la preuve. Dans un autre registre, l’attention au réel déployé tant par le théâtre (depuis celui de la cruauté d’Artaud) que par le cinéma (depuis, au moins, le cinéma-vérité) n’implique-t-elle pas une réflexion sur la fabrication de la vérité et la place que le faux prend dans ce processus ? Quels usages esthétiques (ou dans le champ esthétique) fait-on des documents, des preuves ? Quels rapports au réel ou au référentiel se déploient dans des univers dont on estime un peu vite qu’ils ont précisément pour fonction de s’en affranchir ? Quelles places en retour l’imaginaire ou les pratiques esthétiques ont-elles dans la construction d’une discipline scientifique telle que l’ethnologie ?
Pensée comme un point de départ à un développement plus ample de réflexions, cette tableronde voudrait ainsi interroger la pluralité des manières de traiter du faux en ethnologie.
Equipe de recherche :
Type :
- Colloques et journées d'étude