Le CESSMA, Centre d’études en sciences sociales sur les mondes africains, américains et asiatiques, est une unité mixte de recherche créée en 2014 à triple tutelle : Université
Paris Cité, l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
Le laboratoire a pour mission l’analyse des configurations historiques et spatiales des dynamiques de développement et de mondialisation. Qu’ils viennent de la tradition des aires culturelles ou des études sur le développement, l’ensemble des membres de l’unité partagent une même pratique des sciences sociales marquée par l’interdisciplinarité, le comparatisme et le dialogue avec les partenaires scientifiques des mondes qu’ils étudient.
L’unité est multidisciplinaire et rassemble historiens, géographes, sociologues, anthropologues, économistes, démographes et urbanistes. Les terrains d’enquête sont en Amérique centrale et du Sud, en Afrique et dans le monde arabe, en Asie du Sud, du Sud-Est et en Asie orientale.
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L'unité de recherche CESSMA, Centre d’Études en Sciences Sociales sur les Mondes Africains, Américains et Asiatiques, est une nouvelle unité mixte issue de la réunion de trois équipes : l'unité de recherche SEDET (Sociétés en développement : Études Transdisciplinaires), EA4534 de l'Université Paris Diderot, l'unité de recherche HSTM (Histoire, Sociétés et Territoires du Monde), EA4511 de l'Inalco, et un groupe de chercheurs de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) venus de l’UMR 201 Développement et Sociétés (DEVSOC). La fusion de ces trois équipes est le résultat d'un processus qui s'est construit progressivement et qui répond à une orientation stratégique spécifique, dont l'objectif est à la fois de développer les capacités de recherche de la nouvelle unité créée, de se positionner de façon stratégique dans un environnement régional, national et international donné et de constituer une structure originale alliant les forces de trois établissements largement reconnus dans leurs domaines.

Bref historique
Que ce soit par la taille, l'ancienneté, l'environnement institutionnel ou les origines des questionnements scientifiques qu'elles portent, les équipes SEDET, HSTM et le groupe de chercheurs de l’IRD présentent un certain nombre de différences. Il ne s'agit pas de revenir en détail sur ces dimensions, dont on trouvera des éléments précis pour la période récente dans les rapports d'activité respectifs de ces équipes. On notera plutôt ici combien leur positionnement scientifique, la place essentielle qu’elles accordent aux sociétés, cultures et civilisations d’une grande partie du monde (Afrique, Amérique, Asie), les objets de recherche et les modes d'approche qu'elles développent, l'importance qu’elles donnent à la pluridisciplinarité et au comparatisme constituent des points de rencontre et de dialogues forts entre ces trois équipes.

Le laboratoire SEDET, créé en 1982, est l’ex-UMR 7135 (CNRS/Univ. Paris Diderot). Il est devenu au 1er janvier 2010 Equipe d’accueil de l’Université Paris Diderot. Les membres de l’unité conduisent des recherches sur les processus sociaux, économiques, politiques et culturels des sociétés des pays émergents et en développement. Croisant des approches accordant une place centrale aux dynamiques temporelles et territoriales, les recherches de l’équipe s’appuient sur une connaissance spécifique et approfondie des environnements locaux et régionaux propres à ces sociétés. Depuis sa naissance, comparatisme et pluridisciplinarité constituent les fondements de la démarche scientifique du laboratoire. De fait, le laboratoire SEDET est l'une des rares équipes de Sciences Humaines spécialisées sur les sociétés non- occidentales, à réellement manier multidisciplinarité et comparatisme entre aires culturelles.

C’est cette spécificité qui unit la grande majorité de ses membres et qui, avec un fonctionnement régulier de la concertation en son sein, assure sa grande cohésion. Cela s’est traduit scientifiquement, pour la période la plus récente, par la mobilisation des travaux individuels et des travaux des différents groupes «Aires culturelles » autour de trois grands axes de recherche : « Acteurs, réseaux, institutions » ; « Urbanisation et dynamiques sociales » ; « Circulations, recompositions territoriales et gouvernance ». Au 1er janvier 2014, l’équipe SEDET est composée de 28 membres statutaires (dont 10 HDR), auxquels s’ajoutent 30 membres associés. Pour l’année universitaire 2013-2014, l’unité est équipe d’accueil de 64 doctorants.

HSTM est un laboratoire récent, agréé par le Ministère en tant qu'équipe d'accueil de l'Inalco en 2010, qui a pour vocation d'associer la recherche en sciences humaines et sociales à celle portant sur les aires culturelles, dans le contexte des études sur les cultures et régions du monde qui fondent la spécificité de l'Inalco. Les membres de ce laboratoire, appartenant jusqu'en 2010 à différents laboratoires définis par les aires culturelles, représentent à la fois diverses disciplines des sciences humaines et sociales (principalement histoire, géographie, anthropologie et ethnologie) et diverses parties du monde (Asie, Afrique, Maghreb, Brésil, Océanie, etc.). Cherchant à promouvoir une vision mondiale et connectée des faits sociaux et culturels d'hier et d'aujourd'hui et à forger les outils du comparatisme trans-aréal, l'équipe HSTM est aussi née de la volonté de faire émerger à l'Inalco un pôle en SHS, en cohérence avec la stratégie scientifique de l'établissement de consolidation des principaux champs disciplinaires concernés par l'étude des "langues et civilisations". L’équipe HSTM est constituée à ce jour de 10 enseignants–chercheurs (dont 4 HDR), 6doctorants et une douzaine d'enseignants–chercheurs associés. La majorité des travaux de recherche portent sur l’Afrique et, surtout, l’Asie. Pour la période 2010-2012, l'équipe a fonctionné avec une organisation en axes thématiques. Les travaux conduits se sont organisés entre l'axe « Historiographies d'ailleurs » et l'axe « Recompositions urbaines et mutations ».

Le groupe de chercheurs du département Sociétés de l’IRD provient de l’UMR 201 Développement et Sociétés, unité mixte de l’Université de Paris I Panthéon–Sorbonne et de l’IRD créée en 2008. Leur recherche est dédiée à l’étude des processus de développement, selon une démarche multipolaire visant à replacer chaque étude géographiquement située dans une optique globale seule à même de lui donner sens – les études par pays étant prises dans une perspective dynamique qui articule différentes trajectoires historiques d’entrée dans la globalisation. Leur approche se caractérise par une collaboration pluridisciplinaire résultant de dépassements disciplinaires traditionnellement très ancrés dans l’étude des terrains du Sud, avec en outre un souci commun de partir des pratiques des acteurs et de rendre compte de leurs logiques. Les 21 chercheurs de l’IRD concernés au 1er janvier 2014 (dont 10 DR ou/et HDR), et leurs 37 doctorants, étaient répartis dans la période 2010-2013 dans trois axes thématiques: «Travail et mondialisation », « Villes en développement et trajectoires de l’urbain », et « Gouvernance, normes et savoirs ». Les deux premiers axes étaient eux-mêmes issus d’anciennes unités de recherche propres de l’IRD (l’éponyme UR 003 et l’UR 013 « Migration, mobilités et peuplement »). De ce passé résultent une longue expertise et une reconnaissance scientifique dans ces domaines, ainsi qu’un capital de chercheurs associés et de collaborations au niveau national et international.

La fusion des trois équipes : contexte, objectifs et pertinence stratégique
Le projet de fusionner les trois équipes s’est opéré en deux temps. Un rapprochement entre les deux équipes SEDET et HSTM a démarré dans le courant de l’année 2010 et le processus s'est renforcé tout au long de l'année 2011. Il s'est agi d'une dynamique riche et constructive, qui pouvait sembler difficile et incertaine au départ, les deux équipes relevant de tutelles différentes et présentant les différences rappelées précédemment. Signalons aussi combien, durant cette même période, le panorama institutionnel de la recherche a été mouvant, aussi bien à l'échelle nationale qu'à l'échelle francilienne. Le projet de rapprochement a sans doute ici trouvé sa force car il émanait des chercheurs eux-mêmes, pour certains engagés dans des opérations de recherche communes (par exemple au sein du programme ANR-TRANSITER), et de la volonté des responsables d'équipe, hors de toute exhortation/imposition par le haut. Le rythme de ce rapprochement a donc été donné par des actions communes, des échanges et réflexions scientifiques et la concrétisation de ces échanges dans l'organisation de séminaires communs. À partir de la rentrée universitaire 2010-2011, nous mettions en place un séminaire central commun, sur un rythme d'une séance par mois environ. Ce séminaire fut l'outil essentiel de la rencontre entre les chercheurs, tout comme il continue de l'être aujourd'hui (voir infra). En parallèle, le séminaire « Historiographies d'ailleurs » fut aussi pensé dans l'articulation entre les deux équipes.

Conduite donc par des échanges à différents niveaux, entre chercheurs autour d'un objet d’étude, entre équipes de direction à propos d'une possible structure commune, la volonté de définir un projet commun préparant la fusion des deux équipes fut actée par un vote à l'unanimité lors d'une assemblée générale commune qui s'est tenue le 9 décembre 2011. En outre, dans cette optique et d’un point de vue organisationnel, le conseil du laboratoire SEDET a été modifié pour inclure désormais de manière systématique un membre représentant de l'équipe HSTM, présent à chacune de ses séances, afin qu'une circulation efficace d'informations soit possible entre les membres des deux équipes et que la conduite de la politique scientifique de celles-ci puisse se faire en concertation.

C’est au cours de l’année 2013 qu’a émergé la perspective d’un rapprochement avec un groupe de chercheurs de l’IRD. L’initiative émanait de chercheurs issus de l’UMR DEVSOC souhaitant poursuivre dans un autre environnement institutionnel leurs travaux et collaborations sur l’étude des processus de développement. Le rapprochement s’est effectué selon une double dynamique : de rapprochement institutionnel et d’intégration scientifique. La première a donné lieu à des échanges au niveau des trois tutelles institutionnelles et une série de réunions au niveau des équipes de direction (celles en place en 2013 et celle prévue pour le CESSMA) pour parvenir à un accord sur les modalités de gouvernance et de fonctionnement d’une future unité mixte. Chaque étape importante de ce processus a impliqué un retour vers l’ensemble des enseignants–chercheurs SEDET-HSTM d’un côté et des chercheurs IRD concernés de l’autre, afin de valider les décisions. Les dernières assemblées générales sur le projet de l’UMR CESSMA se sont tenues, respectivement, le 2 octobre 2013 pour les chercheurs de l’IRD, et le 21 novembre 2013 pour l’équipe SEDET-HSTM, concluant en faveur d’une fusion. Articulée à ce processus, et lui donnant toute sa pertinence et justification, une dynamique d’intégration scientifique était enclenchée. L’organisation de journées, en juin 2013, autour des axes thématiques du futur CESSMA, a permis d’identifier les objets et questionnements de recherche, partagés ou complémentaires, pour fonder un projet scientifique commun (voir infra). En outre, des participations croisées aux séminaires de recherche ou journées d’études organisés par les différentes équipes ont renforcé le dialogue scientifique : notamment au sein du séminaire du SEDET « Repenser le droit à la ville depuis les villes au Sud », du séminaire transversal de l’UMR DEVSOC « Le développement en perspective », ou encore les journées de l’axe « Travail, finance, globalisation ».

Le rapprochement entre les trois équipes s’appuie conjointement sur deux piliers : des champs de recherche et des pratiques proches ; un environnement scientifique et institutionnel favorable :
(1) Une proximité de pratiques scientifiques et d’objets d’étude pouvant permettre des croisements bénéfiques aux équipes. L’ensemble des chercheurs partagent des approches comparatistes et pluridisciplinaires basées sur une prise en compte des spécificités propres aux aires culturelles d’étude. Par le rapprochement, c’est un élargissement certain des approches disciplinaires qui est rendu possible : à la place importante de l’histoire et de la géographie, disciplines historiquement bien représentées dans les deux équipes SEDET et HSTM, l’élargissement se fait vers l’anthropologie–sociologie et l’économie majoritairement (IRD), en même temps qu’il renforce la place de l’histoire (HSTM) et de la géographie (IRD et HSTM). Autour de ces disciplines, les sciences politiques, la démographie et l’urbanisme se trouvent également représentés, même si de façon moins importante. Cette pluralité de disciplines constitue une base solide et originale pour l’approche d’objets de recherche qui sont très souvent au croisement des disciplines. La nouvelle unité peut de ce point de vue très légitimement se faire valoir comme une équipe de sciences sociales à base disciplinaire large, un atout important dans ce domaine de recherche. Le rapprochement permet aussi, par effet de nombre, de mieux couvrir les champs géographiques d’étude : les aires asiatiques, sud-américaines et africaines gagnent ici pleinement à la convergence de spécialistes de ces aires au sein d’un même collectif. Des thématiques de recherche communes ont été identifiées, d’autres ont peu à peu émergé sous la forme d’objets de recherche venant s’inscrire dans ces grandes thématiques. Sur des thèmes comme l’historiographie des Suds, l’urbanisation et les formes sociales urbaines, les circulations et mobilités, la construction des savoirs ou les multiples formes du politique ou du travail dans les sociétés des Suds, des échanges riches se sont instaurés. Les axes thématiques et leur déclinaison par objets de recherche qui sont développés dans la partie suivante en sont le résultat.

(2) L’opportunité de rapprochements au sein de Sorbonne Paris Cité (SPC). L’existence d’une nouvelle logique de collaboration scientifique à une échelle supérieure, celle du PRES, dans le domaine de la recherche comme de l’enseignement, constituait une opportunité unique pour réaliser ce rapprochement et en tirer le meilleur parti. On rappellera ici que l’Université Paris Diderot et l’Inalco ont chacune à leur manière largement contribué au développement des études sur des régions du monde non-européennes. Pour la première, c’est dès sa fondation que le rapport entre sciences sociales et enjeux des sociétés non- occidentales a été une composante importante de la dynamique scientifique, notamment autour du décloisonnement des savoirs, de la pensée critique et du comparatisme, si utiles à la prise en compte des réalités complexes et des pays et sociétés alors dits du Tiers-Monde. Pour la seconde, la connaissance fine des civilisations et des cultures du monde, l’enseignement et la pratique des langues et l’interaction au niveau international font historiquement parti des missions de l’Inalco. Une place centrale y est donnée à l’étude des sociétés non-occidentales, dans une perspective qui est ici peut-être plus « civilisationniste » (même si ce terme est sans doute en partie inapproprié), mais qui inclut de plus en plus des visions croisées largement inscrites dans le champ des sciences sociales, comme en témoigne le projet initial d’HSTM. En filigrane de la participation de ces deux établissements au même PRES, une logique unique de site à Paris Rive Gauche dans le quartier des Grands Moulins constitue indiscutablement un atout : se rajoute en effet la proximité géographique sur le nouveau site d’installation du SEDET, au sein du bâtiment Olympe de Gouges. Ces locaux se situent à 400 mètres de l’Inalco et de la BULAC (Bibliothèque Universitaire des Langues et Civilisations), au 65 rue des Grands Moulins. Premier élément de cette logique de site, une partie du fonds documentaire du SEDET a été intégré à la BULAC en 2011, ce qui va permettre une très significative amélioration de l'accès à ce fonds pour les chercheurs et doctorants. Enfin, l’arrivée de chercheurs de l’IRD vient conforter la stratégie amorcée de rassemblement fédératif de toutes les unités travaillant en sciences sociales sur les Suds à l’échelle de Sorbonne Paris Cité (voir infra).

Les convergences entre les trois équipes ont été pensées selon différentes modalités : l’organisation d’un séminaire de recherche commun, ouvert aux chercheurs et aux doctorants des trois équipes ; le montage commun de projets de recherche en réponse à certains appels d’offre (ANR, FSP, PEPS, fonds européens...) ; l'organisation commune de colloques et journées d'études ; une synergie de l’action à l’international à partir des partenariats existants ; des activités communes de formation à la recherche (séminaires doctoraux, séances de formation à des outils techniques, ouverture de séminaires de Master aux étudiants de l’établissement partenaire...).

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