• Axe 1 - Description et corpus
Décrire les langues, sous toutes leurs formes, est le fondement même de l'activité linguistique. Seules des descriptions approfondies, réalisées au fil d'années de recherche auprès des locuteurs, permettent d'étendre ensuite la recherche linguistique à la comparaison des langues, que celle-ci se fasse dans une perspective historique ou typologique. Depuis plusieurs décennies, les membres du Lacito étudient essentiellement des langues encore non documentées, ou très peu décrites, souvent menacées d'extinction due à un faible nombre de locuteurs ou à des situations de multilinguisme déséquilibré qui les fragilisent au profit de langues de grande communication.
Les chercheurs du LACITO sont connus comme spécialistes d'une des "aires linguistiques" présentées ci-dessous.
- Études océaniennes
- Études balkaniques
- Langues dravidiennes et tradition orale indienne
- Langues de la zone tibéto-birmane
- Langues chamito-sémitiques
- Études des langues du Caucase
• Axe 2 - Typologie et Linguistique historique
Depuis un article de Greenberg (1963), l'idée générale est que s'opposent – pour se compléter – la linguistique historique, qui étudie le changement diachronique des langues et les relations entre langues "apparentées", tant dans les innovations qui les distinguent que dans les emprunts qui les rapprochent, et la linguistique typologique, qui compare des traits des langues du monde sans inférence "généalogique". Il est vrai que la linguistique aréale, bien connue au LACITO, avait en amont modifié cette opposition en introduisant l'idée de milieux socio-politiques favorables aux échanges à travers les frontières linguistiques, à un niveau qui n'est pas nécessairement celui du trait.
• Problèmes d'analyse et de comparaison des langues (depuis décembre 2012, sous forme de séminaires) : Ce séminaire accueille des exposés visant à décrire les données recueillies sur le terrain, tout en permettant de réfléchir ensemble à la meilleure manière de les analyser dans le cadre d'une approche typologique des langues.
• L'indéfini (à partir de 2014) : Dans les langues du monde qui encodent le contraste de définitude - contraste qui est loin d'être universel -, le contraste de définitude marque l'opposition entre des références établies et partagées ou non : les entités dont la référence n'est ni établie, ni partagée sont indéfinies.
• Axe 3 - Anthropologie et linguistique
Le LACITO est un lieu privilégié de rencontre entre anthropologues et linguistes. De même que les linguistes du LACITO ont constamment montré une attention aux sociétés dont ils étudient les langues, les anthropologues ont toujours porté aux faits de langue une attention exemplaire.
• Interlocution et espaces publics (sous forme de séminaires) : Nous nous attacherons à étudier l’espace public comme un lieu d’interlocution et de rencontre. Certains aspects saillants retiendront notre attention : la place que tient le politique dans l’espace public ; la "visibilité" assignée à certaines conduites sociales, par opposition à d’autres impliquant une confidentialité (comme celle qui existe dans les pratiques divinatoires) ; les procédures par lesquelles le bien commun est défini ; les usages des lieux ; la place des rituels et des dramaturgies dans la construction d’ententes partagées.
Pour chacune des orientations de cette enquête, nous nous proposons de prendre en compte les façons de parler qui ont "droit de cité" (ou non) – mais en tenant compte aussi du fait que, souvent, les règles et les normes des usages langagiers qui investissent les espaces publics (ou privés) sont susceptibles d’être contestées.
• Adoption, parenté, parentalité : des perspectives comparatives entre tradition et globalisation (depuis décembre 2010, sous forme de journées d'étude) : Une seconde journée devrait avoir lieu, axée plus précisément sur l'adoption internationale comme mode d'intégration de l'étranger en parallèle à la captation d'enfants comme mode de reproduction du soi, de la parenté, de l'ethnie qui intègre l'autre, l'étranger, l'ennemi comme condition nécessaire et indispensable à sa survie et à sa reproduction.
• Métaphore(s) : L'énonciation métaphorique en situation (2013-2015 - à partir de septembre 2013) : La métaphore est un objet de recherche que d'aucuns penseront avoir été rebattu. D'autant qu'il est un objet sur lequel sont investies de nombreuses disciplines : celles de la linguistique, de la sémiologie, de la rhétorique, entre autres ; si bien que les modèles ou les théories pour en rendre compte relèvent de plusieurs perspectives. Incidemment, il faut noter que le point de vue quelque peu typologique de la rhétorique des tropes semble avoir passé la main aux théories de la sémantique ou de la pragmatique. L'anthropologie, notamment l'anthropologie du symbolique, n'est pas en reste ; on sait l'intérêt que cette discipline a porté au XXe siècle à la pensée métaphorique, comme aux usages de l'analogie.