Prix de thèse de la chancellerie des universités de Paris 2021 : deux docteures de l'Inalco lauréates

29 novembre 2021
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Chaque année, la Chancellerie des universités de Paris décerne des prix provenant des revenus de dons et de legs consentis à l'ancienne université de Paris ou à certains établissements d'enseignement supérieur d'Île-de-France. Ces prix décernés à des docteur.e.s ont pour finalité d'en récompenser l'excellence et la valeur universitaire et scientifique.
Cérémonie des prix de la Chancellerie 2018
Cérémonie des prix de la Chancellerie 2018 © La Sorbonne‎
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Deux docteures de l'Inalco ont reçu le Prix en lettres et sciences humaines « toutes spécialités » décerné par la Chancellerie des universités de Paris : 

- Monique Demarle Casadebaig pour sa thèse Gongsun Long 公孫龍 ; des noms à la désignation, la pensée du langage en Chine à l’époque des Royaumes combattants, sous la direction de Frédéric Wang (Inalco) et Stéphane Feuillas (Université de Paris).

- Mélanie Nittis pour sa thèse L'improvisation poétique chantée à Olympos (Karpathos, Grèce) : dynamiques contemporaines d'un rituel paraliturgique, sous la direction de Stéphane Sawas (Inalco) et Jerôme Cler (Sorbonne Université).

Monique Casadebaig (Inalco)
Monique Casadebaig © Photo personnelle‎

Monique Demarle-Casadebaig

Monique Demarle-Casadebaig est née à Saint-Malo le 2 février 1946. Elle a étudié la philosophie à la Sorbonne où elle obtient une agrégation de philosophie. Elle est maintenant à la retraite après avoir enseigné la philosophie en lycée puis en classes préparatoires. Parallèlement, elle a mené depuis 2004 des études de Chinois à l’Inalco où elle a obtenu une licence. Ayant bénéficié pour son initiation au chinois classique des cours de Valérie Lavoix, une fois munie de cette formation, elle s'est spécialisée dans la lecture des textes vers lesquels l’orientait sa culture en philosophie. Elle rédige ainsi son mémoire de master « De la pertinence d’un penseur à contretemps, étude sur Gongsun Long ». Elle a donné un cours d’agrégation en 2017 sur Mozi à Paris VII. Le 10 septembre 2020, elle a soutenu sa thèse de doctorat intitulée Gongsun Long 公孫龍 : des noms à la désignation, la pensée du langage en Chine à l’époque des Royaumes combattants sous la direction du Professeur Frédéric Wang (Inalco) et du Professeur Stéphane Feuillas (Paris VII). Elle prépare actuellement pour la bibliothèque chinoise des Belles Lettres une traduction du Gongsun Longzi (Écrits de Maitre Gongsun Long), du Deng Xizi (Écrits de Maitre Deng Xi) et du Yin Wenzi (Écrits de Maitre Yin Wen), les auteurs les plus représentatifs de ce qu’a pu être la dialectique en Chine à l’époque pré-impériale et qui ont été regroupés dans la classification de Sima Qian sous l’étiquette de l’École des noms (mingjia 名家).

Résumé de sa thèse
La thèse propose la traduction et le commentaire des textes par lesquels nous a été transmis l’enseignement de Gongsun Long 公孫龍 (320-250) axé sur la question de la « rectitude » des noms. Pour éclairer ce débat dont les termes ne peuvent être directement transcrits dans le langage de la logique, de la linguistique ou de la philosophie moderne, on a cherché à reconstituer les enjeux de « l’École des noms » mingjia 名家. Dans une époque de désordre social, cette école a repensé l’exigence confucéenne de la rectitude des noms en liaison avec le besoin de classification des termes en l’étendant à des intérêts précis, aussi bien dans le domaine de l’application des lois, que de la nature. Dans ce contexte historique le Gongsun Longzi 公孫龍子 peut se comprendre comme visant à accomplir définitivement le projet de l’École des noms mais dans une forme originale et étrangère aux différents modes d’argumentation de l’époque. Gongsun Long serait ainsi, à sa manière, le penseur d’un moment de crise dans la transmission de la tradition confucéenne. Sa méthode l’a éloigné de ses devanciers mais aussi de ses contemporains, sans qui pourtant nous ne pourrions le comprendre, et ses successeurs se sont écartés de lui comme d’une sorte d’imposteur, sans peut-être l’avoir compris. Par les éclaircissements qu’il tente d’apporter à ce destin singulier, ce travail propose donc les rudiments d’une « apologie de Gongsun Long », qui essaie de rendre compréhensible toute la profondeur de la pensée de la désignation, dont il s’efforce de montrer que, jusque dans le style paradoxal qu’elle requiert pour son expression, elle est inséparable et même révélatrice d’une originalité́ de la langue chinoise, qu’elle contribue fortement à mettre en lumière.

Mélanie Nittis (Inalco)
Mélanie Nittis © Photo personnelle‎

Mélanie Nittis

Helléniste et ethnomusicologue, Mélanie Nittis est chargée de cours en ethnomusicologie de la Grèce et de l’Europe centrale et orientale à l’Inalco et membre du CERLOM (Inalco), de la SFE (Société Française d’Ethnomusicologie) et de la SEN (Société d’Études Néohelléniques). Lauréate du Prix de la Maison des Cultures du Monde en 2014, elle a soutenu en septembre 2020 sa thèse de doctorat intitulée L’improvisation poétique chantée à Olympos (Karpathos, Grèce) : dynamiques contemporaines d’un rituel paraliturgique, préparée sous la direction de Jérôme Cler et Stéphane Sawas. Ses recherches portent sur l’improvisation musicale et poétique dans les îles du sud de la Grèce, où la poésie chantée est accompagnée généralement par la vièle lyra.

Résumé de sa thèse
Dans le village d’Olympos, situé au nord de l’île grecque de Karpathos en mer Égée, l’improvisation poétique chantée, connue sous l’appellation de mantinades, revêt un caractère particulier. Elle se développe lors de fêtes rituelles appelées glentia, soit au cours de rencontres informelles des hommes dans le café, soit au moment de la célébration de fêtes religieuses orthodoxes avec toute la communauté. Partie intégrante du vaste répertoire musical du village, cette improvisation poétique chantée respecte des codes sous-jacents, et les thèmes développés font écho au quotidien de la communauté qui a longtemps vécu en autarcie. Cette étude, qui s’appuie sur un travail de terrain et met en avant l’interaction des domaines musical, corporel, social et religieux, porte sur la performance contemporaine de ces mantinades. Elle montre notamment le rôle joué par cette improvisation au sein d’une communauté dont une majeure partie de ses membres vit actuellement en émigration et met en évidence les liens que cette performance improvisée entretient avec la liturgie orthodoxe qui rythme la vie du village.