Le projet "Digital Methods for the Study of Migration in the Aegean Region", porté par Andreas Guidi, est lauréat de l’appel France-Berkeley Fund 2023-2024

27 novembre 2023
  • Europe et Eurasie

  • CREE

  • Recherche

Ce projet ambitionne de développer une méthodologie commune pour les visualisations numériques d’une série d’ensembles de données/études documentant les cas de mobilité géographique d’individus et de groupes dans la région égéenne pendant la transition entre les régimes ottomans et post-ottomans, aux XIXe et XXe siècles. Il est mené par une équipe composée des deux coordinateurs, Andreas Guidi (Inalco) et Christine Philliou (UBC), de quatre doctorants, et un chercheur postdoctoral.
Vue du port prise de l'échelle de Sirkédji
Vue du port prise de l'échelle de Sirkédji © Abdullah Frères.372 (1873) / Library Congress, open access‎
Contenu central

Établi en 1993 en tant que partenariat avec le Ministère français des Affaires Étrangères, le Fond France-Berkeley (FFB) facilite et supporte des échanges interdisciplinaires entre chercheurs et professeurs à l'Université de Californie, Berkeley et leurs collègues français. Sa mission principale du Fond France-Berkeley (FFB) est d’aider à l’avancement de recherche de haute qualité, de favoriser la recherche interdisciplinaire, d’encourager de nouveaux partenariats, et de promouvoir une longue coopération institutionnelle et intellectuelle entre la France et les Etats-Unis. 

Les porteurs du projet

Andreas Guidi est maitre de conférences à l’Inalco et membre du Centre de recherche Europes-Eurasie (CREE). Spécialiste de l’histoire contemporaine, ses recherches portent sur l’Europe du Sud-Est, la Méditerranée, et les contacts entre monde italien et monde (post-)ottoman. Dans son premier livre, Generations of Empire: Youth from Ottoman to Italian Rule in the Mediterranean (University of Toronto Press, 2022), il a étudié le contexte multiconfessionnel de Rhodes pour explorer les transformations impériales pendant le passage de l’administration ottomane à l’italienne au début du XXe siècle à travers les rapports entre générations ainsi que les imaginaires de la jeunesse. Son projet de recherche actuel étudie les trafics illicites entre la Méditerranée et les Balkans au milieu du XXe siècle.

Christine Philliou est professeure au Département d’histoire de l’université de Californie – Berkeley. Elle est spécialiste de l'histoire des Balkans et du Moyen-Orient depuis le XVIIe siècle, et plus particulièrement en ce qui concerne l'émergence des États-nations grecs et turcs à partir de l'Empire ottoman aux XIXe et XXe siècles. Elle s'intéresse plus largement aux empires comparés et aux interfaces entre les cultures et les histoires en Europe et au Moyen-Orient. Elle est l’autrice de deux livres, Biography of an Empire: Governing Ottomans in an Age of Revolution (2011), et Turkey: A Past Against History (2021). Elle travaille actuellement sur un troisième livre et développe un projet collaboratif sur les communautés orthodoxes grecques dans le contexte de l'Istanbul/Constantinople ottomane tardive (1821-1923) en utilisant un large éventail de sources ottomanes et grecques.

Digital Methods for the Study of Migration in the Aegean Region, 1821-1945

Les objectifs du projet

Notre projet explore les méthodes de la data science pour l'étude des mobilités dans la société ottomane et post-ottomane avec une focale sur la région égéenne, à savoir l’Anatolie et l’Europe du Sud-Est). Nous accordons une attention particulière à la dimension multilingue des sources primaires (en grec, italien, turc ottoman et moderne, ladino) et à la diversité qui concerne les causes, les expériences, et les routes de la mobilité observable dans l'Empire ottoman et ses États successeurs (Turquie, Grèce, Yougoslavie en ce qui concerne la Macédoine et Italie pour le Dodécanèse).

À travers deux ateliers méthodologiques, un séminaire virtuel et une plateforme, nous discutons des outils pour la création de bases de données et pour leur visualisation à partir du matériel déjà collecté.

Le projet contribue au débat dans deux domaines historiographiques. Premièrement, il encourage les approches quantitatives et visuelles pour l'étude de la transformation post-ottomane. Avant et après la disparition de l’Empire ottoman en 1923, la région égéenne a été marquée par la destruction de la coexistence multilingue et multiconfessionnelle, des guerres ainsi que des occupations militaires et coloniales, des frontières contestées et d’une nationalisation du domaine politique et social. Les projets quantitatifs et numériques représentent une nouveauté dans l’historiographie de cette aire, que le projet vise à développer. Il s'appuie sur le « tournant post-impérial » des études ottomanes et balkaniques, qui étudie notamment les phénomènes sociaux et intellectuels en plaçant les trajectoires individuelles et familiales au centre de l’analyse au-delà de la « rupture » de 1923.  Nous nous pencherons sur de différentes études de cas – telles que la communauté de citoyens grecs dans l’Istanbul ottomane ou les mariages à Rhodes pendant l’occupation italienne.

Deuxièmement, le projet étudie l'intersection entre la mobilité, l'intercommunalité et la production de l'espace. Il s'intéresse à la région de la mer Égée à la fin du XIXe et au début du XXe siècle afin de favoriser un dialogue entre les études balkaniques, de la Méditerranée orientale et (post)ottomanes. Nous utilisons les données collectées pour souligner comment la mobilité à travers les frontières des États et les changements de souveraineté ont contribué à transformer l'espace à plusieurs échelles : les connexions et les réseaux, mais aussi le déplacement et l’absence des communautés disparues qui hantent les quartiers, les villes, et la région égéenne dans son ensemble. Nous dialoguerons avec des collègues historiens qui interviendront dans notre séminaire et avec les experts en humanités numériques du D-Lab de Berkeley. Cela nous permettra d’enrichir la discussion sur les méthodes numériques et les aires culturelles, d’offrir une formation aux membres impliqués et d’envisager une plateforme commune pour la visualisation de nos analyses de données.

Membres associés de l’équipe et leurs projets :

Zeynep Ertugrul (Doctorante, CETOBaC EHESS /Université Humboldt de Berlin)
Le réseau des « prêcheurs du peuple » (Halk hatipleri) dans la Turquie républicaine.

Andrea Gritti (Doctorant, CETOBaC EHESS / Institut Convergences Migrations)
Les marchands juifs italo-ottomans de Salonique (Francos) et leur réseau commercial dans
l' arrière-pays macédonien.

Firuzan Melike Sümertaş (Chercheuse invitée, UC Berkeley)
Cartographie des réseaux savants de la Société littéraire grecque de Constantinople.

Hilal Tümer (Doctorant, UC Berkeley)
Cartographie des quartiers d'Arnavutöy et de Balat à Istanbul au XIXe siècle à travers les recensements ottomans.

Christin Zurbach (Doctorante, UC Berkeley)
Cartographie de la profession médicale dans l'Empire ottoman du XIXe siècle et en Grèce.