Axe 3 - Crises et conflits modernes et contemporains

Responsable : Etienne Boisserie (CREE)

L’axe « Crises et conflits modernes et contemporains » est principalement constitué de projets qui poursuivent ceux du précédent quinquennal – pour partie des projets issus du thème A (projet 3.1), pour partie du thème B (projets 3.3 et 3.4) – qu’il est apparu utile de réunir en raison de leur complémentarité et des synergies qui peuvent être créées avec deux projets plus récents dans leur formalisation (3.2 et 3.5).

L’axe se décompose en deux grands champs d’étude qui couvrent l’ensemble de l’Europe médiane et du monde russe : d’une part, une dimension historique qui aborde prioritairement les deux grands conflits mondiaux du XXe siècle, aussi bien l’événement en tant que tel que ses dimensions mémorielle et symbolique dans une perspective d’histoire culturelle et sociale. D’autre part, une analyse des conflits contemporains, transversale et pluridisciplinaire, qui se propose de mettre en évidence les différentes formes de crises et de risques dans les territoires périphériques de la Russie, aussi bien en Asie centrale et au Caucase qu’en Ukraine (3.4). L’approche du projet 3.5 est à bien des égards complémentaire ; elle se propose d’observer sur la moyenne et la longue durée les éléments structurant durablement les sociétés d’Europe médiane soumises à des effets de tensions entre deux espaces – noyau initial de l’Union européenne et États post-soviétiques – et propose de s’interroger sur la pertinence des catégories classiquement utilisées.

Cet axe permet donc d’embrasser les crises et les conflits dans différentes configurations et à différentes échelles en couvrant prioritairement le premier xxe siècle et les crises contemporaines dans notre espace d’étude. À l’intérieur de cet axe, les complémentarités sont fortes entre les projets 3.1 à 3.3 d’une part, et entre les projets 3.4 et 3.5 d’autre part. De même, les « veilles Ukraine » intégrées au projet 3.3 ne sont pas disjointes des activités de l’Observatoire des États post-soviétiques.

Dans leur partie historique, les travaux de cet axe ont vocation à se combiner avec le projet 1.2. (Le patrimoine dans les espaces post-soviétiques). Dans la dimension plus contemporaine de l’analyse des crises, la complémentarité avec les projets de l’axe 2 (notamment les projets 2.1 et 2.2) est certaine.
 
Projets :

  • Projet 3.1. L’Europe médiane dans la Grande Guerre : de l’événement aux traces (Étienne Boisserie)
  • Projet 3.2. L’Ukraine face à ses crises aux xxe et xxie siècles (Iryna Dmytrychyn)
  • Projet 3.3. Témoignages de crises, de conflits et d’exils dans les Balkans, des années 1940 à nos jours (Christina Alexopoulos, Joëlle Dalègre)
  • Projet 3.4. Les sociétés post-communistes face aux crises et aux risques en Eurasie (Catherine Poujol, Jean Radvanyi, Laurent Coumel, Sophie Hohmann)
  • Projet 3.5. Conflits et mutations dans les espaces européens et eurasiatiques (Bruno Drweski)

PROJET 3.1. L'Europe médiane dans la Grande Guerre : de l'événement aux traces 

Responsable : Etienne Boisserie (CREE)

L’approche de ce projet est primordialement historienne, mais elle peut être enrichie d’autres apports disciplinaires.

Elle prend en compte les mouvements de populations et les recompositions, les politiques symboliques et les nouveaux récits, les permanences, ruptures et recompositions intellectuelles, sociales, culturelles, les échanges intra-régionaux.
Une attention particulière sera portée à la recomposition initiale (période 1919-1923) (« Europe médiane des traités de paix ») et à l’observation de ses effets sur les populations ; en ce sens, ce projet poursuit en partie en l’élargissant thématiquement le projet « construction nationale » du quinquennal (2014-2018).

Le projet se décompose en deux grands ensembles ; l’un qui poursuit et approfondit des thématiques de recherche déjà développées lors du précédent quinquennal, l’autre qui  ouvre à d’autres temps des conflits contemporains, par la recherche sur leur impact et leurs représentations.

3.1.1. The Habsburg Empire in the Great War. A Historiographical Handbook.

Responsable : Etienne Boisserie (CREE)

Il s’agit d’une transformation et d’un élargissement du groupe de travail consacré aux historiographies slaves de la Grande Guerre qui a donné lieu à trois ateliers au cours du précédent projet.

Cette évolution repose sur le constat partagé de l’absence d’un outil scientifique synthétique sur l’objet. Le projet aboutira à une écriture collective thématisé incluant une vingtaine de chapitres de chercheurs reconnus dans le domaine des études de l’Autriche-Hongrie en guerre. L’ouvrage sera rédigé en anglais et publié par un éditeur britannique.

Un atelier de travail annuel ou biannuel scandera le travail d’écriture.
 
Chercheurs associés, co-responsables : Rok Stergar, Tamara Scheer, John Paul Newman, Kamil Ruszała, Gabriela Dudeková, Rudolf Kučera.
 
Institutions associées : Université Maynooth (Irlande), Université jagellone de Cracovie, Université de Ljubljana, Institut Masaryk de l’Académie tchèque des sciences, Institut d’histoire de l’Académie slovaque des sciences, Ludwig Boltzmann Institut, Vienne.
 
Réalisations attendues :

  • publication de l’ouvrage en 2020 ou 2021. 
3.1.2. Le front austro-italien (1915-1918)

Groupe international de recherches. 
Responsable français : Etienne Boisserie (CREE)

Ce projet repose sur la pérennisation des travaux d’un groupe de recherche international initié par le CREE en 2016 et qui se fixait comme objectif de travailler spécifiquement sur le front austro-italien (voir exposé général des motifs ici : http://www.inalco.fr/appel-communication/front-austro-italien-1915-1918). Depuis sa constitution, ce groupe de recherche a organisé trois colloques :
Padoue : http://www.sissco.it/evento/soldati-e-quotidianita-della-guerra-sul-fronte-dellisonzo-2/ 
Paris : http://www.inalco.fr/evenement/guerre-armes-refugies-prisonniers-front-austro-italien-1915-1918-0
Ljubljana : http://www.ff.uni-lj.si/sites/default/files/Dokumenti/Dejavnosti/Novice/victory-to-defeat-programme.pdf

Ils ont permis une ouverture et une consolidation du réseau international travaillant sur cet objet et ces colloques sont devenues l’unique lieu d’échanges sur les progrès de la recherche international sur cet objet.

La responsabilité scientifique des colloques est assurée conjointement par ses partenaires historiques – dont le CREE – et un comité national ad hoc mis sur pied par l’institution invitante.
 
Chercheurs associés (responsables) : Catherine Horel, Rok Stergar, Marco Mondini, Michal Kšiňan membres du comité scientifique permanent. Chaque colloque associe ce comité permanent et un Comité national de l‘institution invitante.

Partenaires institutionnels : UMR SIRICE (Paris-I Panthéon-Sorbonne – Sorbonne Université), Université de Ljubljana, Université de Padoue, Institut d’histoire de l’Académie slovaque des sciences.

Réalisations attendues :

  • Conférence biannuelle (2019, 2021, 2023), lieu tournant (mai 2019, Bratislava), publication des actes. 
3.1.3. La Grande Guerre sur les territoires des empires centraux : représentations et narrations

Responsables : Etienne Boisserie (CREE), Jiří Hnilica (Université de Pardubice)

La dimension mémorielle et symbolique de la Grande Guerre est un objet connu de longue date du champ historien français, allemand ou italien notamment. En Europe centrale, cet événement a laissé des traces d’une autre nature, très directement intégrée dans un discours essentiellement téléologique dans les États successeurs vainqueurs – créés ou agrandis après le conflit – ou primordialement victimaire pour les États successeurs défaits. La mémoire du conflit, outre cette différence initiale, peut être brouillée par d’autres événements –guerre civile en Hongrie, guerre polono-soviétique – qui ont concentré l’attention des historiens par leur valeur « fondatrice » du nouvel ordre post-impérial. Les périphéries de l’empire confrontent également les historiens à des mémoires fragmentées ; c’est le cas de l’approche des territoires de Galicie orientale ou des régions aux confins de l’Autriche, de l’Italie et de la Slovénie.

Ces configurations multiples ont produit des politiques mémorielles et des constructions qui font l’objet d’un programme de recherche coordonné par Jiří Hnilica (Université de Pardubice, CZ) auquel le CREE est associé. Nous observerons les traces du conflit mondial par deux angles principaux : leur dimension monumentale et leur dimension commémorative.

Chercheurs associés : Juraj Babják (Université Comenius de Bratislava), Jiří Hnilica (Université de Pardubice, CZ), Michal Kšiňan (Institut d’histoire de l’Académie slovaque des sciences, HÚ SAV), Kamil Ruszała (Université jagellonne de Cracovie).

Partenaires institutionnels : Université de Pardubice, Université jagellonne de Cracovie, Institut d’histoire de l’Académie slovaque des sciences.

Réalisations attendues :

  • Journées d’études. 

Mots-clés : Autriche-Hongrie, Grande Guerre, historiographie, front austro-italien, histoire culturelle, politique mémorielle.

3.1.4. Les cités invisibles/revisitées : destin des patrimoines et héritages urbains en Europe du Sud-Est, à la sortie des deux guerres mondiales

Responsables : Joëlle Dalègre (CREE), Nicolas Pitsos (CREE)

D’Istanbul à Sarajevo et de Iași à la Canée, les centres urbains des pays recouvrant l’espace de l’Europe du Sud-Est ont connu des métamorphoses de leur physionomie liées à la gestion de leur patrimoine suite aux conflits des années 1914-1922, 1940-1945 et aux conséquences que ces conflits ont eu sur la composition sociodémographique locale. Si les migrations des populations dans un contexte post-ottoman, à la veille et au lendemain de la Première Guerre mondiale, fournissent le cadre historique dans lequel s’intègrent ces phénomènes, ce sont surtout les conséquences de la Shoah qui ont marqué la période après la Seconde Guerre mondiale.

Ce projet vise à réunir des chercheurs qui s’intéressent aux politiques déployées à l’échelle de la société locale ou des États concernés. Comment ces patrimoines et/ou héritages ont-ils été évoqués dans la littérature, les mémoires personnelles, les discours politiques, les travaux historiographiques ? Quelles sont les temporalités dans lesquelles se sont inscrits leur effacement symbolique ou physique, ou au contraire leur mise en valeur et/ou leur commémoration dans l’espace public ? Des politiques d’occultation voire de destruction et/ou de transformation volontaire des traces d’héritages culturels liés à la présence de communautés linguistiques et confessionnelles d’avant les conflits de ces deux périodes, aux initiatives de sensibilisation aux patrimoines multiples des villes concernées, censées entretenir une mémoire urbanistique plurielle, il s’agit de comprendre dans quel contexte historique et politique ces phénomènes se sont manifestés et avec quels résultats sur le tissu urbain.

Les problématiques soulevées dans ce projet pourraient rejoindre celles du projet de l’axe 1, sur l’architecture et le patrimoine dans les États post-soviétiques.
 
Chercheurs associés au projet : Étienne Boisserie (CREE), Nicolas Pitsos (CREE), Joëlle Dalègre (CREE), Kalliopi Amygdalou (Université d’Izmir), Aleksandra Kolakovic (Institut d’Études Politiques, Belgrade), Aleksandra Ilijevski (Université de Belgrade), Claudiu-Lucian Topor (Université Alexandru Ioan Cuza, Iași).
 
Principales collaborations : UMR SIRICE (Sorbonne-Identités, Relations Internationales, Civilisations d’Europe), Institut d’Études Politiques Belgrade, Institut d’Études balkaniques (Sofia), Université Alexandru Ioan Cuza de Iași, European Association of Urban History (EAUH), Fédération internationale pour l’histoire publique (FIHP).
 
Opérations de recherche envisagées :

  • Un séminaire doctoral et de recherche : « Gestion d’héritages/patrimoines urbains à la sortie des conflits en Europe du Sud-Est au xxe siècle » ;
  • Un colloque international sanctionné par une publication ;
  • Organisation de tables rondes en collaboration avec les centres culturels des pays d’Europe du sud-Est en France (Centre culturel hellénique, Centre culturel bulgare, Centre culturel serbe, Centre culturel Anatolie, Maison d’Albanie, Centre culturel roumain) et des centres culturels français en Europe du Sud-Est, avec comme objectif la diffusion des résultats des travaux de recherche menés dans le cadre du projet. 

Mots-clefs : thématique interdisciplinaire et transnationale ; patrimoine architectural ; Europe du Sud-est ; déplacements de populations ; réfu
giés ; question d’Orient ; Shoah ; mémoire sélective.

3.1.5 Désintégration yougoslave et construction européenne  

Responsable : Anne Madelain 

L’éclatement de la Yougoslavie (1991-1999) et les conflits qui l’ont accompagné ont coïncidé avec l’effacement des régimes communistes en Europe médiane et mais aussi avec le renforcement de l’Union européenne comme entité politique et économique. Ce projet interroge les lectures, traces, mémoires des conflits yougoslaves ainsi que la façon d’écrire aujourd’hui l’histoire de la Yougoslavie socialiste dans les pays successeurs de la Fédération et ailleurs en Europe, en particulier en France. 

Il s’agit d’analyser la transformation des paradigmes (par exemple des notions de « peuple », « ethnicité », « guerre » ainsi que les formes des mobilisations collectives) pour écrire une histoire connectée des années 1990 en Europe. On s’interrogera aussi sur les formes concrètes prises par l’espace post-yougoslave trente ans après la disparition de la fédération, ainsi que sur les circulations intellectuelles internationales dans laquelle la Yougoslavie a été auparavant impliquée. Ce projet s’inscrit dans la démarche développée dans L’expérience française des Balkans (1991-1999)(PUFR 2019), et approfondit les travaux menés dans le cadre de plusieurs journées d’études internationales organisées entre 2016 et 2019 en association avec le Centre d’histoire sociale des mondes contemporains (université de Paris 1 Panthéon Sorbonne, CNRS), le Centre d'études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques  (CETOBAC, EHESS-CNRS) et le Centre d’études des mondes russes, caucasiens et centre-européens (CERCEC, EHESS-CNRS) et suivies de publications.
 https://www.cairn.info/revue-revue-d-etudes-comparatives-est-ouest-2019…
https://journals.openedition.org/rhsh/371
 
Chercheurs associés: Snježana Banović (Académie des arts dramatiques, Zagreb), Agustin Cosovski (CETOBaC, EHESS), Igor Duda (CKPIS, université de Pula), Frank Georgi (IDHE.S, Université Évry, Val-de-Seine), Ana Miškovska-Kajevska (University of Amsterdam), Dubravka Stojanović (Université de Belgrade), Ivana Spasić (Université de Belgrade), Nermina Zildzo (international university of Sarajevo).
Principales institutions partenairesCentre de recherches culturelles et historiques du socialisme (CKPIS, Pula), Université Juraj Dobrila de Pula (Croatie), CETOBaC (EHESS, CNRS), CERCEC (EHESS, CNRS).
 
Réalisations attendues
Plusieurs journées d’études suivies de publications 
Une exposition sur l’art et la guerre à Sarajevo 

3.1.6. Histoire et mémoire de la Shoah

Responsable : Eric Le Bourhis
 
Les travaux sur la Shoah se sont longtemps concentrés sur l’histoire des lieux d’internement et d’extermination. Ceux sur la mémoire du génocide se sont essentiellement intéressés au monde occidental durant la guerre froide (procès, historiographie, témoignages de survivants…). Les enquêtes comprises dans ce sous-projet participent à un effort de renouvellement qui se penche justement sur des objets jusque-là négligés :

  • les milieux urbains ordinaires, au sein desquels la persécution antijuive a commencé avant et pendant la Shoah, et qui furent profondément transformés par celle-ci (1) ;
  • la mémoire du génocide en URSS autour des procès des collaborateurs des nazis (2).

Ces enquêtes prolongent des travaux de post-doctorat menés sur plusieurs terrains en Lettonie. Elles sont élargies grâce à l’étude des circulations (individus, informations, pratiques) et d’un dialogue avec d’autres terrains (dans le bloc de l’Est, comparaison Est-Ouest, enquête collective sur la persécution en région parisienne), au sein de deux collectifs de recherche.

(1) L’enquête sur la persécution antijuive en milieu urbain emploie des méthodes de microhistoire et d’histoire urbaine pour étudier le quotidien des Juifs et de leurs voisins, avant, pendant et après la persécution et l’extermination. Elle s’inscrit dans un projet collectif « Connus à cette adresse. Villes et dynamiques sociales des persécutions antijuives en Europe (1936-1948) », créé au Centre de recherches historiques (EHESS) en 2016, et bénéficie de coopérations avec d’autres équipes, telles que le Holocaust Geographies Collaborative. L’enquête suit plusieurs lignes de recherche : persécution au quotidien à Riga en URSS occupée, replacée dans le contexte des mouvements de population de la fin des années 1930 à la fin des années 1940 ; parcours et expériences au travers de la Seconde Guerre mondiale des réfugiés juifs dans la région de la mer Baltique, et des Juifs baltes, polonais ou russes en Europe de l’Ouest (coopération possible avec le sous-projet 2.4.2 et avec le CERMOM).

(2) L’enquête sur les procès des collaborateurs des nazis en URSS poursuit le projet ANR jeunes chercheurs « Les crimes de guerre nazis dans le prétoire – Europe centrale et orientale 1943-1991 » (2017-2020) basé au CERCEC et coordonné par Vanessa Voisin (Université de Boulogne). Elle comprend plusieurs lignes de recherche : histoire des procès menés en Lettonie entre 1944 et 1974 (avec la diversité des victimes propre à l’URSS) ; dynamiques de ladite « seconde vague » de procès soviétiques à partir de 1957 ; mécanismes de l’écriture de l’histoire de la guerre et de la Shoah à l’Est au travers des procès ; rapports entre la société et une justice très politique.
 
Chercheurs associés : Isabelle Backouche (CRH/EHESS), Shannon Fogg (Missouri University of Science and Technology), Sarah Gensburger (CNRS/ISP), Cyril Grange (CNRS/Centre Roland Mousnier), Laurent Joly (CRH/EHESS), Nadège Ragaru (Sciences Po), Constance Pâris de Bollardière (American University in Paris), Simon Perego (Inalco/CERMOM), Irina Tcherneva (CNRS/Eurorbem), Vanessa Voisin (Université de Bologne/CERCEC).
 
Réalisations :

  • Publications :
  1. livre Seeking Accountability for Nazi and War Crimes in East and Central Europe A People’s Justice ? (co-dirigé avec Irina Tcherneva et Vanessa Voisin), University of Rochester Press / Boydell and Brewer, 2022.
  2. chapitre « Une opinion publique située. Les gérants immobiliers parisiens et la disparition des locataires juifs », dans L. Joly (dir.), La France et la Shoah. Vichy, l'occupant, les victimes, l'opinion, Paris, Calmann-Lévy, 2023, p. 333-376 (avec Isabelle Backouche et Sarah Gensburger).
  3. dossier « Persécution des Juifs et espace urbain », Histoire urbaine, n° 62 (3), 2021, co-dirigé avec Isabelle Backouche et Sarah Gensburger.
  4. article « Spoliation et voisinage. Le logement à Paris, 1943-1944 », Histoire urbaine, n° 62 (3), 2021, p. 79-102 (avec Isabelle Backouche et Sarah Gensburger).
  5. article « Du refuge au piège. Les exilés juifs allemands à Riga, 1938-1941 », Matériaux pour l'histoire de notre temps, 2019, 133-134 (3-4), p. 40-46.
  6. article « La spoliation en pratiques. Riga 1939-1942 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2018, 65 (3), p. 120-150. Traduction anglaise disponible en ligne sur Cairn international : "Dispossession as practice. Riga, 1939–1942"
  7. chapitre „NS-Verbrechen vor Gericht. Sowjetische Kriegsverbrecherprozesse 1943–1991“, in Enrico Heitzer, Günter Morsch, Robert Traba, Katarzyna Woniak (eds.), Im Schatten von Nürnberg. Transnationale Ahndung von NS-Verbrechen, Metropol, Berlin, 2019, p. 261-271. Et traduction polonaise : "Nazistowskie zbrodnie przed sądem. Sowieckie procesy zbrodniarzy wojennych 1943−1991”, in Enrico Heitzer, Günter Morsch, Robert Traba, Katarzyna Woniak (eds.), W cieniu Norymbergi. Transnarodowe ściganie zbrodni nazistowskich, Warszawa, Instytut Studiów Politycznych Polskiej Akademii Nauk, 2019, p. 331-344.

 

Projet 3.2. L’Ukraine face À ses crises aux XXe et XXIe siècles


Responsable : Iryna Dmytrychyn (CREE)
 
Nous poursuivons le travail de recherche spécifique sur l’Ukraine au xxe siècle tout en tenant compte des besoins d’interaction avec l’extérieur et d’explicitation des enjeux mémoriels et symboliques contemporains du pays.
Une partie des projets, en particulier les cycles de conférence sur les enjeux politiques et géostratégiques contemporains – et qui poursuivent ce qui a été entamé en 2014 et est détaillé dans le bilan –, ne peut être anticipée, mais ces cycles constitueront un élément de ce projet.

En l’état, et pour ce qui est en préparation, ce projet se décline en plusieurs sous-projets qui mettent l’accent sur les phases de crises, de tensions et de recomposition de cet espace, en particulier dans la première moitié du xxe siècle. Outre la « veille Ukraine » spécifique, qui a été mise en place en 2014 et se poursuivra, plusieurs opérations de recherche complémentaires les unes des autres sont ainsi envisagées.

3.2.1. Cycle « Centenaire des États ukrainiens »

Nous poursuivrons le cycle entamé en 2017 en commémoration du centenaire de la première indépendance ukrainienne. Le premier colloque international « Émergence de l’Ukraine », s’est tenu en décembre 2017 (http://www.inalco.fr/evenement/emergence-ukraine) et a été associé à une exposition tenue à la Bulac (http://www.bulac.fr/conferences-rencontres/centenaire-des-revolutions-russes/1917-emergence-de-lukraine/).

Deux autres colloques sont programmés au début et à la fin de l’année 2019. Ils seront consacrés à  l’éphémère mais symbolique union de la République populaire d’Ukraine et de la République populaire d’Ukraine occidentale ainsi qu’aux violences antisémites qui ont marqué l’année 1919.
 
Chercheurs associés au projet et collaboration potentielle : Youri Shapoval, Académie des Sciences, Isabelle Davion (Sorbonne Université, UMR SIRICE), et François-Xavier Nérard (Université Paris-I Panthéon-Sorbonne)
Principales collaborations envisagées : Académie nationale des sciences de l’Ukraine (NANU), UMR SIRICE (Sorbonne Université et Paris-I Panthéon Sorbonne)
 
Opérations de recherche envisagées :

  • Deux colloques (2019) avec publication d’actes ;
  • Publication des actes du colloque de 2017. 

Mots-clefs : Histoire de l’Europe orientale, construction étatique, pogroms et violences antisémites, relations internationales, Ukraine, Russie
 
Ce projet est complémentaire du projet « La Grande Guerre en Europe médiane : de l’événement aux traces » tout en s’en distinguant par son type de périodisation et par ses objets. Il est étroitement articulé avec le projet 3.2.2 dont il constitue un prolongement et un approfondissement.

3.2.2. L’Ukraine dans la Grande Guerre

Préparation et publication de l’édition française de Velyka vijna 1914-1918rr. i Ukrajina [La Grande Guerre et l’Ukraine], publié sous la direction d’Oleksandr Rejent (Académie ukrainienne des sciences), aux éditions Clio à Kyiv (2014 (vol. 1), 2015 (vol. 2)). Textes traduits par Guy Imart, éditeur : Institut d’études slaves. La parution de l’ouvrage est prévue en 2019. Cet ouvrage est la première synthèse ukrainienne « post-soviétique » sur le sujet ; il prend en compte les développements les plus récents de l’historiographie, et en particulier l’élargissement de l’étude à l’histoire culturelle.

Ce projet d’édition s’inscrit pleinement dans l’articulation des deux espaces, centre-européen et russe, dont le CREE favorise les synergies. Il est par ailleurs complémentaire du projet 3.1 (« L’Europe médiane dans la Grande Guerre : de l’événement aux traces »). La Grande Guerre est un excellent observatoire des zones de frottement et de concurrence dont le territoire ukrainien est un exemple archétypal. L’ouvrage édité permet d’observer les évolutions dans cet espace périphérique des deux grands empires de l’époque, foyer vivace d’une réflexion politique et culturelle aux emprunts multiples qui se structure au xixe siècle et marque l’ensemble du xxe siècle. 
 
Chercheurs associés au projet : Étienne Boisserie (CREE), Iryna Dmytrychyn (CREE), Alisa Menshykova (UMR CERCEC, EHESS), Oleksandr Rejent (Académie nationale des sciences de l’Ukraine [NANU]).
 
Institutions associées au projet : Institut d’Histoire de l’Ukraine de l’Académie nationale des sciences de l’Ukraine [IIU NANU] de Kyiv ; Institut d’études slaves de Paris ; UMR CERCEC, EHESS.
 
Mots-clefs : Grande Guerre, Ukraine, Galicie, Puissances centrales, Russie, histoire politique, histoire sociale, relations internationales.

3.2.3. Villes d’Ukraine

Nous poursuivrons également le cycle des villes d’Ukraine, étudiées dans leur environnement régional, leur contexte historique et représentation mémorielle.
Le contrat précédent après Kyiv, « La bataille autour d’un héritage » (1er décembre 2016) http://www.inalco.fr/evenement/kiev-kyiv-bataille-autour-heritage et Tchernivtsi (Czernowitz), « Cartographier les nostalgies d’un lieu » (7-8 octobre 2016) http://www.inalco.fr/sites/default/files/asset/document/programme_cartographier_vf.pdf en 2016, nous prendrons la ville de Kharkiv, centre intellectuel depuis xixe siècle et capitale de l’Ukraine jusqu’en 1934 : vie politique et intellectuelle, artistique et littéraire.
 
Chercheurs associés au projet et collaboration potentielle : Sylvie Archaimbault (CNRS, UMR Eur’Orbem), Institut d’Etudes Slaves, Université de Kharkiv.
 
Mots-clefs : histoire de l’Europe orientale, construction étatique et identitaire, langue et littérature ukrainienne, histoire culturelle.

3.2.4. L’Ukraine, enjeux géopolitiques entre les deux guerres

Un travail de recherche et de dépouillement dans les Archives du ministère des Affaires étrangères et européennes, concernant les questions ukrainiennes entre les deux guerres.

Deux projets de recherche avec publications envisagées dans le cours du quinquennal :

  • Une monographie sur le voyage d’Édouard Herriot en Ukraine en août 1933, en pleine famine et sur la manière dont il en rendu compte en Occident. Ce projet inclut des recherches menées de longue date dans les archives françaises et ukrainiennes. Les dernières recherches complémentaires devraient permette de finaliser la rédaction dans la première moitié du quinquennal.
  • Une étude plus courte sur l’activité du consulat de France à Lviv au cours de la même période, destinée à faire saillir les principaux enjeux tels qu’ils sont perçus par la France et sa représentation, en particulier au cours de la famine.

Principales collaborations : Archives du Ministère des Affaires étrangères et européennes.
 
Mots-clefs : Histoire de l’Europe orientale, totalitarisme, famines soviétiques.

Projet 3.3. Témoignages de crises, de conflits et d’exils dans les Balkans des années 1940 À nos jours

Responsables : Christina Alexopoulos (CREE), Joëlle Dalègre (CREE).

Ce projet s’inscrit dans la continuité des travaux de recherche déjà entamés sur l’expression testimoniale des acteurs dans les Balkans du XXe et du XXIe siècles en relation avec un contexte social, particulièrement marqué par des crises institutionnelles, politiques et économiques des périodes de guerre, de guerre civile ou de dictature, des pratiques répressives et contestataires, qu’il s’agira de continuer à explorer dans la diversité de leurs représentations.

Quelles narrations de mémoires divisées des conflits surgissent-elles au sein de différentes communautés et comment continuent-elles à évoluer au fil du temps ? Quelles sont les interactions entre les discours dominants et les récits minoritaires et comment de nouveaux positionnements peuvent-ils émerger, en créant des continuités et des ruptures historiques avec des attitudes déjà adoptées ? Quelles sont les formes, les fonctions et les usages de ces narrations dans les discours publics mais aussi dans la formation des constructions identitaires des acteurs ?

3.3.1. Interactions discursives et narrations de mémoires divisées : quelles évolutions ?

Étudier la pluralité des mémoires dans des contextes de conflit, entre socle commun de représentations construites en miroir, mais aussi limites de cette symétrie – notamment à travers les spécificités de chaque discours et des pratiques qui lui sont afférentes – sera un premier axe de recherche, très attaché à l’évolution des représentations, à la dynamique du changement porté par les différents acteurs et aux conséquences des transformations de perception et de mise en récit du passé dans l’espace public. Nous l’aborderons par plusieurs angles complémentaires : en premier lieu par l’expression testimoniale autour de la guerre civile grecque – à penser dans le contexte d’autres conflits dans les Balkans et en Méditerranée – et de la résistance à la « dictature des colonels ». En second lieu, par une réflexion sur l’expérience de l’exil des réfugiés politiques est aussi à penser dans sa conflictualité entre attache au pays d’origine et nécessité d’investir le pays d’accueil.

Il importe aussi d’étudier l’interaction des différents discours, à la fois au sein d’un pays et entre pays voisins pour mieux comprendre la formation de nouveaux positionnements au sein de différents groupes. Cette interaction est à entendre à la fois du côté d’oppositions de longue date sur des questions qui divisent et dont il serait intéressant de comprendre les enjeux et du côté du rapport de force et de sens entre narrations hégémoniques et émergence de nouveaux paradigmes de compréhension. Nous aborderons en particulier la question du nom de la Macédoine par exemple, point de discorde entre l’État grec et la République de Macédoine, est intéressante à explorer par les différents positionnements géopolitiques et historiques des acteurs. De même, nous observerons la mémoire séfarade dans les Balkans et la place que les populations juives ont pu occuper à la fois dans la mise en récit de leur histoire et dans les représentations et la construction d’une image de l’altérité par des populations non juives de la région. Il sera enfin utile d’observer la question de la reconnaissance des droits des différentes minorités qui se pose avec une acuité toute particulière pour différents groupes ethniques et confessionnels dans la région, notamment pour la population rrom.

3.3.2. Formes, fonctions et usages des narrations mémorielles dans l’espace public

Travailler sur les narrations mémorielles, qu’elles soient minoritaires ou hégémoniques, c’est aussi questionner leur forme de transmission, entre des expressions considérées comme « subalternes » – car relevant de l’oralité – et des traditions savantes ayant recours à l’écrit. D’autres formes de narrations extra-verbales, notamment iconographiques, musicales et chorégraphiques gagneraient à faire l’objet d’un travail sur les transmissions mémorielles parallèles. L’expression poétique, littéraire et artistique de la mémoire des conflits peut ainsi côtoyer la mise en narration faite par des graffitis dans les centres urbains pendant la guerre, à l’image des murs d’Athènes ou de Barcelone remplis d’inscriptions à caractère politique, les caricatures circulant dans la presse clandestine, les chants macédoniens sans parole chantonnés face à la répression féroce de l’usage de la langue macédonienne par l’État grec. Un travail sur la forme de la narration mémorielle doit aussi s’accompagner d’une réflexion sur les fonctions de cette expression à niveau individuel et collectif.
 
Chercheurs associés au projet : Philippe Bazin (EHESS/IRIS), Marcel Courthiade (CREE), Thanassis Kalafatis (EMIAN – Université du Pirée), Vaggelis Karamanolakis (ASKI), Anna Katsigianni (Université de Patras), Irène Lagani (Panteion), Arghyro Paouri (CNRS), Ioanna Papathanassiou (EKKE), Frosa Pejoska-Bouchereau (Plidam, Inalco), Nicolas Pitsos (CREE, Bulac), Maro Thanopoulou (EKKE), Marie-Christine Varol (Cermom, Inalco).
 
Partenaires institutionnels : Plidam (Inalco), EHESS, Université Kapodistrienne d'Athènes, Bulac, Centre d'archives d'histoire sociale (ASKI, Athènes), Centre national de recherches en sciences sociales (EKKE, Athènes), Centre d’études sur les mouvements de jeunesse (EMIAN, Athènes).
 
Opérations de recherche envisagées : 

  • Un séminaire doctoral et de recherche dans la continuité du cycle de conférences sur les conflits et les crises dans les Balkans du xxe et du xxie siècle, déjà entamé cette année.          
  • Un colloque international avec publication sur Paroles d’exil, exil de la parole.
  • Un colloque sur la mémoire séfarade dans les Balkans. 
  • Organisation de tables rondes en collaboration avec nos partenaires institutionnels (avec publications dans Les Cahiers balkaniques).
  • Publication d’une série d’ouvrages sur des conflits dans les Balkans dans la collection « Méditerranée » dirigée par Joëlle Dalègre (questions chypriote, grecque, macédonienne).
  • Création d’un documentaire filmique portant sur les témoignages de conflits en partenariat avec le CNRS en la personne d’Arghyro Paouri.
  • Une exposition photographique à partir du travail de Philippe Bazin avec qui il existe déjà une collaboration dans le cadre du projet « Les non lieux de l’exil » (EHESS/IRIS) à partir de villages abandonnés depuis la fin de la guerre civile en Grèce. (Voir https://nle.hypotheses.org/3861)Un deuxième projet photographique sur les réfugiés de Lesbos verra le jour dans la continuité du travail photographique déjà exposé à l’Inalco par l’étudiante de la section de grec de l’Inalco et photographe Clara Villain. 


Projet 3.4. Les sociétés post-communistes face aux crises et aux risques en Eurasie


Responsables : Catherine Poujol (CREE), Jean Radvanyi (CREE), Sophie Hohmann (CREE), Laurent Coumel (CREE)

3.4.1. Crises et risques en Eurasie post-communiste

Responsables : Catherine Poujol, Jean Radvanyi, Sophie Hohmann
 
Le projet proposé ici est le prolongement, dans le domaine de la recherche pluridisciplinaire, de la formation « Gestion des crises sanitaires et sociales et des risques naturels en Eurasie, Asie du Sud-Est, Chine, Japon », mise en place en mai-juin 2012 par l’Inalco, l’IPGP et l’EHESP dans le cadre du programme PPE 2011 (Sorbonne Paris Cité).
Il se veut une réflexion transversale et pluridisciplinaire sur les crises qui touchent les sociétés postcommunistes en Eurasie. Il cherche à sensibiliser les chercheurs en SHS à des problématiques qui impliquent de créer de nouveaux outils linguistiques, informatiques, théoriques adaptés aux terrains de crises sur lesquels ils peuvent être amenés à intervenir. Si l’on a salué, dans un premier temps, le caractère pacifique de l’éclatement de l’URSS amenant la création de quinze nouveaux Etats indépendants, les conflits à retardement qui se sont manifestés dans cette aire géographique (au Caucase et en Asie centrale dès les années 1990, en Géorgie en 2008, et plus récemment en Ukraine) montrent que ce processus est loin d’être définitivement stabilisé. Par ailleurs, les mutations à l’œuvre, les implications multiples d’acteurs extérieurs à la région (Union européenne, Etats Unis, et de plus en plus, la Chine) amènent à réfléchir sur un espace plus large, incluant tout ou partie de l’Europe médiane ou orientale avec laquelle plusieurs des Etats postsoviétiques interfèrent.
L’équipe se propose de mettre en évidence les nouveaux risques à l’œuvre et leur éventuel développement en crises multiformes dans la totalité de l’espace postsoviétique, avec une attention particulière à l’Ukraine, à l’Asie centrale et au Caucase, mais entend également s’intéresser, à titre comparatif, aux espaces voisins, Europe médiane et Chine notamment, connaissant ou ayant connu un système communiste. On étudiera les risques politiques, économiques, démographiques, religieux et environnementaux qui sont à l’œuvre depuis plus de vingt ans dans cet espace disloqué mais toujours présent au moins dans les mentalités.

Le CREE étudie plusieurs zones présentant un potentiel conflictuel ethnique ou politique auquel s’ajoutent des risques environnementaux et sanitaires qui ne sont pas spécifiques (comme la gestion de l’eau dans des bassins traversés par de multiples frontières) mais sont susceptibles de prendre une dimension importante dans des régions comme la Crimée, l’Azerbaïdjan, la Caspienne, la zone d’essai nucléaire de Semipalatinsk. On prévoira des études de risques croisés ponctuelles, des supports de cartes géographiques dédiées aux problématiques étudiées. Dans le cadre de la transversalité du projet, on s’attachera à inclure aussi une dimension littéraire et artistique (par la littérature, le cinéma) comme miroir des crises, reflet d’une mémoire traumatisée mais volontiers instrumentalisée par les différents pouvoirs en place. On s’appuiera sur des entretiens semi-directifs réalisés auprès de témoins et acteurs (ancien.ne.s responsables, activistes du mouvement écologiste, journalistes, chercheur.e.s).
 
Chercheurs associés au projet : Laurent Coumel (CREE), Iryna Dmytrychyn (CREE), Sophie Hohmann (CREE), Katerina Kesa (CREE), Catherine Poujol (CREE), Jean Radvanyi (CREE), Taline Ter Minassian (CREE), Julien Vercueil (CREE), Sergueï Fediunin (doctorant CREE)
 
Principales collaborations : projet CartOrient (CNRS UMR 7528 - Mondes iranien et indien) ; CERCEC (Centre d’études des mondes russe, caucasien et centre-européen, UMR 8083) ; Observatoire franco-russe de la Chambre de commerce franco-russe, Moscou ; Centre d’études franco-russe (CEFR, Moscou) ; Institut français d’études de l’Asie centrale (IFEAC, Bichkek) ; Institut de géographie de l’Académie des sciences de Russie ; Institut d’anthropologie de l’Académie des sciences de Russie.
 
Opérations de recherche envisagées :

  • Un séminaire doctoral et de recherche
  • Organisation de tables rondes et de colloques en collaboration avec les centres de recherches et les Instituts français dans les pays concernés par nos recherches.
  • Développement d’une base de données et d’un site de cartographie (CartOrient) accessible sur internet
  • Développement d’un blog reflétant la production des participants, power points, billets d’analyse, liens commentés etc.

Autres réalisations prévues : Observatoire des États postsoviétiques
 
Plusieurs questions associées à cette problématique ont été abordées par l’Observatoire des États postsoviétiques, dirigé au sein du CREE par Catherine Poujol, Taline Ter Minassian et Jean Radvanyi. L’OEPS travaille à la recherche et l’analyse des processus de réorganisation régionale dans l’espace post-soviétique, à la veille médiatique de l’actualité politique, économique, géopolitique des États post-soviétiques. Il coordonne des activités scientifiques régulières et publie des ouvrages dont certains sont devenus de véritables outils pour comprendre la « transition post-soviétique ». L’OEPS poursuit un travail de veille et d’analyse sous la forme des « Petits déjeuners » consacrés à l’actualité politique, économique, géopolitique des États post-soviétiques. Sur le principe d’une veille médiatique, il s’agit d’inviter un expert à s’exprimer sur un sujet touchant à l’actualité États post-soviétiques. Organisés à un rythme régulier d’environ une fois tous les deux mois, ces petits déjeuners touchent un large public : milieu universitaire, experts et milieux économiques.
- Projet CartOrient (Caucase, Asie centrale, Iran) : un aspect à la fois pratique et analytique du projet consiste à développer la mise au point et l’enrichissement de la base de données cartographiques présentée dans le cadre du projet CartOrient, qui résulte d’une coopération entre l’Inalco et l’UMR Monde iranien du CNRS. Il s’agit d’offrir au public de chercheurs et au grand public un outil de connaissance et d’analyse cartographique sur l’ensemble régional constitué par le Caucase, l’Asie centrale et l’Iran. Ce projet intégrera un atlas du Caucase mis au point sous la direction de Jean Radvanyi dans le cadre du programme européen CASCADE (FP7). Les premiers résultats de ce programme seront disponibles dans le courant de l’année 2018 et l’ensemble de cette recherche sera poursuivi au cours du prochain quinquennal.
- Annuaire franco-russe OBSERVO : une autre réalisation de cette recherche est la participation de plusieurs enseignants chercheurs (Sophie Hohmann, Marlène Laruelle, Jean Radvanyi, Julien Vercueil) à l’annuaire, édité depuis 2013 en français et en russe, par la Chambre de commerce franco-russe. Jean Radvanyi y est par ailleurs responsable de la cartographie depuis la première édition.
 
Mots-clefs : Eurasie ; Europe médiane ; Europe orientale ; Russie ; Etats postsoviétiques ; géopolitique ; transition ; crise ; gestion des conflits ; gestion des risques ; renouveau religieux

3.4.2. Anthropocène en Russie-URSS

Responsable : Laurent Coumel

À l’est de l’Europe et dans l’ex-URSS, marqués par quarante ou soixante-dix ans de régimes dits communistes au XXe siècle, la question environnementale se pose avec des temporalités différentes de celles du monde occidental. La pression des sociétés sur les milieux et les ressources s’y inscrit là aussi dans le temps long de l’anthropocène, ère géologique dont l’humanité est devenue une force majeure : qu’on le fasse débuter avec l’âge industriel, entre la fin du XVIIIe et le milieu du XIXe siècle, ou avec l’accélération des dégradations écologiques et de leur prise en compte globale survenue après 1945. Mais alors que le relatif « tournant environnemental » des années 1960 et 1970 à l’Ouest a connu un équivalent beaucoup plus faible dans les institutions et les sphères publiques à l’Est, la catastrophe de Tchernobyl en 1986 a provoqué, quelques années plus tard, un premier moment de forte mobilisation verte : les ruptures politiques de 1989 en Europe centrale et orientale et la dislocation de l’Union soviétique en 1991 en sont pour partie le résultat. Dans les années 1990, les pays post-communistes ont connu des situations contrastées : renforcement de la législation environnementale mais affaiblissement des institutions chargées de la faire appliquer, essor parfois contrarié, voire réprimé des mouvements écologistes. En ce début de XXIe siècle, la question environnementale reprend force dans ces espaces, y compris ceux qui sont soumis à des régimes autoritaires. Des contestations liées, soit aux défis globaux (changement climatique), soit à la perception des risques (catastrophes amplifiées par l’action humaine), soit à des préoccupations locales, se déploient à nouveau, notamment via Internet et les réseaux sociaux.

Le projet « Anthropocène en Russie-URSS » vise à éclairer ce retour de la question environnementale dans l’ex-URSS des années 1950 à nos jours, dans une perspective pluri voire interdisciplinaire, en premier lieu en Russie (région des hauts de la Volga, lac Seliger, projet de dérivation des fleuves de Sibérie et de Russie du nord, etc.). Il interagit avec le sous-projet 3.4.1.

Chercheurs associés au projet : Iryna Dmytrychyn (CREE), Sophie Hohmann (CREE), Eric Le Bourhis (CREE), Adrien Nonjon (CREE), Jeanna Vassilioutchek-Mestre (CREE), Charlotte Marchina (IFRAE, INALCO), Marin Coudreau (CERCEC, CNRS), Jawad Daheur (CERCEC, CNRS), Marc Elie (CERCEC, CNRS), Marie-Hélène Mandrillon (CERCEC, CNRS), Perrine Poupin (Eur’Orbem, CNRS), Camille Robert-Boeuf (LADYSS, CNRS), Michel Dupuy (IHMC, ENS), Katja Bruisch (Trinity College, Dublin), Katja Doose (Université de Fribourg), Alexander Ananyev (Université de Tübingen), Benjamin Beuerle (DHI Moscou) Elena Kochetkova (Haute école d’économie, Saint-Pétersbourg), Julia Lajus (Haute école d’économie, Saint-Pétersbourg), Evgenij Gololobov (Université pédagogique de Sourgout)
 
Principaux partenaires institutionnels : CERCEC, CEFR, DHI Moscou, HSE Saint-Pétersbourg
 
Réalisations :

  • Séminaire de M2 « Russie-URSS : approches pluridisciplinaires » (depuis 2020-2021)
  • Séminaire de recherche du CEFR à Moscou (en ligne) « Anthropocène en russe » (depuis février 2021)
  • Tables rondes de l’Observatoire des Etats post-soviétiques « 2020 : marée rouge dans l’Arctique russe » (juin et octobre 2020)
  • Série d’ateliers du site Politika (Tepsis, EHESS) « Anthropocène à l’Est » : premier atelier paru au printemps 2021 « 2020, une marée rouge en Sibérie »
  • Forum numérique « Mobilisations environnementales à l’Est : approches régionales et locales (1986-2020) » et projet de publication collective
  • Séminaire de recherche organisé avec Marc Elie pour le Centre d’études franco-russes à Moscou « Anthropocène à la russe » (en russe ; depuis février 2021)
  • Projet de livre sur Tchernobyl en URSS (2022)
  • Rédaction d’articles pour le projet Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe (Tchernobyl, tournant environnementale en URSS)

Mots-clefs : Anthropocène, Environnement, URSS, Russie, Arctique, Tchernobyl, catastrophes, pollution, mobilisations, écologie, contestation, aménagement hydraulique, territoires de l’eau.
 

Projet 3.5. Conflits et mutations dans les espaces européens et eurasiatiques


Responsable : Bruno Drweski (CREE)
 
La fin du bloc de l’Est a signifié la fin d’un système intégré traversé par des contradictions intérieures de plus en plus exacerbées qui ont poussé les élites produites par ce système à dissoudre les structures politiques et économiques existantes en même temps que plusieurs États multinationaux disparaissaient. Nous avions examiné la problématique de la rupture et de la continuité des élites après 1989/1991 lors d’un colloque « 1989 en Europe médiane : 20 ans après »  qui s’était tenu à l’Inalco et dont les principales contributions sont parues dans le volume 43-44 de la revue Slovo : Gagnants et perdants : une génération après …Le ‘post-communisme’ en Europe du Centre et de l’Est paru en 2014. L’héritage du système précédent est pourtant loin d’avoir disparu ce qui explique pourquoi aussi bien au niveau médiatique que scientifique, la notion d’espace post-soviétique ou post-socialiste continue à être utilisée de façon explicite ou implicite trente ans après le début du processus de désagrégation. Il est donc temps de rechercher les bases historiques, géopolitiques, culturelles et sociales des processus d’intégration régionales au niveau européen d’un côté, eurasiatique de l’autre, ainsi que les facteurs de tensions récurrentes qui traversent ces sociétés. Dans le but de répondre à la question non plus seulement des ruptures et des continuités sur le plan chronologique mais également sur le plan régional et géopolitique. Tensions qui se manifestent aujourd’hui d’un côté au sein de l’Union européenne entre plusieurs États ex-socialistes et ceux du noyau initial de l’Union européenne comme elles peuvent se manifester entre ces États et des États post-soviétiques ainsi que entre pays ayant adhéré à la CEI. Dans le but de répondre à la question : ces phénomènes témoignent-ils d’une problématique persistante commune à l’ensemble des anciens pays du Bloc de l’Est – et dans quelle mesure –, ou a-t-on affaire à une différenciation grandissante devant aboutir à terme à la disparition des concepts d’ « Europe centrale et orientale », « Europe de l’Est », « Eurasie », « espace post-socialiste » et/ou « post-soviétique » ? Quels groupes sociaux ou nationaux pourraient être intéressés à poursuivre les processus de rupture et lesquels pourraient chercher des voies de reconstruction d’une dynamique commune aux pays de la masse intérieure du continent eurasiatique ?
 
Chercheurs associés : Ana Bazac (philosophe, Université Polytechnique de Bucarest, Roumanie), Aurel T. Codoban (philosophe, Université Babeș-Bolyai, Cluj, Roumanie), Gracjan Cimek (géopolitologue, Directeur de l’Institut d’études internationales de l’Académie de Marine de guerre, Gdynia, Pologne), Sławomir Czapnik (politologue, Institut d’études européennes, Université d’Opole, Pologne), Michel Korinman (géopolitologue, Professeur émérite Sorbonne Université), Claude Karnoouh (philosophe du politique, Retraité CNRS, Bucarest, Roumanie), Alexandru Mamina (Institut Nicolae Iorga d'histoire, Académie Roumaine, Bucarest, Roumanie), Attila Melegh (Institut de recherche démographique, Budapest, Hongrie), Zijad Abou Saleh (sociologue, Université humaniste et sociale, Wrocław, Pologne), Jarosław Tomasiewicz (Institut d’histoire de l’Université de Silésie, Katowice, Pologne), Mariusz Turowski (Philosophe, Université de Wrocław, Pologne, Université de Bursa, Turquie).
 
Partenaires institutionnels : Académie de Marine de Guerre, Gdynia (Pologne), Université de Wrocław (Pologne).
 
Activités envisagées :

  • Organisation de tables rondes avec publication des travaux ;
  • Participation à colloques.