Axe 4 - Identités en mouvement : autour de la "minorité"

Responsable : Dominique Samson

L’Axe « identités en mouvement » prolonge une réflexion initiée lors du précédent quinquennal autour de la problématique cruciale, en Europe centrale, orientale et en Eurasie, des minorités. Qu’elles soient de nature ethnique, confessionnelle ou sociale ; littéraire et artistique, à travers les minores, ou œuvres et auteurs exclus du mainstream culturel et de l’historiographie ; ou encore juridique, à partir essentiellement des témoignages oraux ou écrits des mineurs, elles demeurent encore trop souvent dans l’ombre de l’historiographie dominante. Dans une approche historique, anthropologique ou littéraire, le projet envisagé veut rendre compte de l’élaboration, de l’évolution et des pratiques de diverses identités dans les espaces supposés périphériques (Sibérie, Arctique, Bachkortostan) ou dans les récits littéraires à caractère (auto)biographique ou autofictionnels (Russie européenne, Roumanie, Moldavie), du xviiie au xxie siècle. Il s’intéresse également aux « effacées » de l’historiographie littéraire et culturelle : les écrivaines et les artistes femmes. Ce projet permet ainsi de rassembler des chercheurs de différentes disciplines autour de thématiques communes et singulières, nationales et locales.

En ce qui concerne les espaces « périphériques », l’un des projets développés rendra compte des voies identitaires et des stratégies des minorités autochtones des espaces sibérien, arctique et finno-ougrien, dans le contexte complexe de la Fédération de Russie : comment construire un renouveau religieux et transmettre les systèmes de connaissance et les langues vernaculaires ? Un autre projet est consacré à la production cinématographique sibérienne dont la diffusion est souvent restreinte aux frontières régionales. Peut-on ébaucher une histoire du spectacle cinématographique en milieu autochtone en examinant les différentes composantes du cinéma en tant qu’expérience globale : lieux et conditions de projection, films diffusés, publics et modalités de médiation ? Enfin, un projet s'intéresse aux minorités juives dans l'Europe centre-orientale.

En ce qui concerne l’espace littéraire, deux projets seront consacrés à la construction identitaire individuelle et au discours mémoriel à partir de l’étude de la création à caractère (auto)biographique et historiographique : l’« archipel noir » des femmes‐écrivains russes d’une part (autour de la question du « majeur » et du « mineur » en littérature), les mémoires et récits de l’enfance communiste en Roumanie et en Moldavie de l’autre.

Projets :

  • 4.1. Identités minoritaires  dans l’espace sibérien et finno-ougrien (Dominique Samson, Eva Toulouze)
  • 4.2. Cinéma et peuples autochtones dans l’espace sibérien (Caroline Damiens, Anna Leyloyan)
  • 4.3. L’ « archipel noir » des femmes écrivains et artistes russes (Catherine Géry)
  • 4.4. L’enfance communiste en Roumanie et en Moldavie : mémoires et récits (Catherine Durandin)
  • 4.5. Les minorités juives en Europe Centre-orientale (Arnaud Bikard, Anne Grynberg). 

4.1. Identités minoritaires  dans l’espace sibérien et finno-ougrien

Responsables : Dominique Samson (CREE), Eva Toulouze (CREE, IUF)

Lors du nouveau plan quinquennal à venir, il s’agira de continuer l’étude des relations entre le monde russe et les communautés autochtones à l’époque impériale, soviétique et « fédérale », que ce soit en Sibérie (sub)arctique ou au Bachkorskostan.

En ce qui concerne les Nénètses, Khantys et Mansis de Sibérie, après divers travaux sur les missions orthodoxes du xixe siècle et la résistance indigène à la soviétisation dans les années 1930, il s’agira notamment d’observer l’évolution, en milieu urbain et rural, du renouveau religieux (chamanisme, orthodoxie et Églises évangéliques) et des initiatives autochtones (création d’écoles expérimentales ou ethno-pédagogiques, utilisation des réseaux sociaux, valorisation des langues vernaculaires) face au patriotisme russe actuel. Des terrains permettront de continuer à recueillir la parole autochtone et notamment de collecter des récits de vie.

Pour le Bachkortostan, les recherches seront centrées sur les pratiques religieuses des Oudmourtes locaux, qu’elles se soient maintenues au fil du temps ou aient été réinvesties par les communautés depuis la fin de l’Union soviétique. Dans ce but, des travaux de terrain sont prévus pour étudier plus particulièrement les rituels et les prières dans la société villageoise oudmourte contemporaine.

Collaborations envisagées : Université d’État de Tomsk (Irina Nam, Andreï Filtchenko) ; Université d’État de Khanty-Mansiïsk (Tatiana Moldanova) ; l’Institut ob-ougrien de recherche appliquée de Khanty-Mansiïsk (Valentina Solovar, Evdokia Niomysova, Svetlana Popova) ; le complexe muséal I. S. Chemanovskiï de Salekhard ; les communautés autochtones elles-mêmes ; École Pratique des Hautes Études – section des sciences religieuses (Jean-Luc Lambert) ; Université de Tartu (Liivo Niglas, Nikolai Anisimov).

Réalisations attendues :

  • Séminaire de Master 2, journées d’études et/ou colloques, Journées finno-ougriennes ;
  • Participation à des séminaires, journées d'études et colloques internationaux, à des ouvrages et chapitres d’ouvrage ;
  • Publications, traductions ;
  • Publication des données collectées et d’ouvrages, notamment sur les rituels de Varkled-Bodja (2018), sur la culture oudmourte actuelle (2019), sur les prières oudmourtes (2021). 

Mots-clefs : Arctique sibérien ; Bachkorkostan ; interactions ; histoire culturelle ; anthropologie religieuse ; littérature ; récits de vie.

4.2. Cinéma et peuples autochtones

Responsables : Caroline Damiens (CREE), Anna Leyloyan (CREE)

Le projet vise à interroger les rapports du cinéma et de la question nationale dans l’espace multiethnique soviétique, en portant une attention particulière à la question de l’autochtonie. Il se compose de deux grands ensembles qui croisent les approches (culture visuelle, approche linguistique), les objets (modalités d’expression cinématographique et modalités de diffusion des films) et les aires géographiques (Sibérie, Caucase) dans une perspective pluridisciplinaire.

4.2.1 Cinéma et peuples autochtones dans l’espace sibérien et arctique

Responsable : Caroline Damiens

Depuis les années 2000, la Sibérie, et plus globalement la zone arctique, sont le lieu d’une intense production cinématographique, dont la diffusion est souvent restreinte aux frontières régionales. Mais, avant de poser la question (essentielle) du (des) cinéma(s) autochtone(s), il convient de s’intéresser à l’introduction du cinéma sur les terres peuplées par les autochtones, que ce soit par des activités de tournage ou de diffusion des films. Le premier volet de ce projet de recherches est d’ébaucher une histoire du spectacle cinématographique en milieu autochtone dans le contexte sibérien soviétique, peu exploré, en examinant les différentes composantes du cinéma en tant qu’expérience globale : lieux et conditions de projection, films diffusés, publics et modalités de médiation. Par ailleurs, historiquement, les « indigènes » ont longtemps été l’objet d’un regard qui se voulait soit ethnographique soit exotique. Un second objectif sera donc de documenter les relations entre l’ethnographie et le cinéma en contexte soviétique dans les espaces sibérien et arctique, en ouvrant la réflexion à d’autres aires géographiques comparables.

Chercheurs associés au projet : Dmitry V. Arzyutov (KTH Royal Institute of Technology, Stockholm), Virginie Vaté (GSRL-CNRS), Ivan A. Golovnev (Institut d’histoire et d’archéologie, Ekaterinbourg), Lucien Clercq (EHESS – Université de Hokkaido), Morgan Corriou (université Paris-VIII).

Principales collaborations : Archives nationales de République Sakha (Iakoutie) ; Archives d’État du District autonome de Tchoukotka ; Centre du patrimoine audiovisuel de Iakoutie ; Musée d’ethnographie et d’anthropologie de l’Académie des sciences de Russie (Kunstkamera) ; Royal Anthropological Institute of Great-Britain and Ireland

Opérations de recherche envisagées :

  • Journée d’étude ou colloque ;
  • Publications : monographie, articles, chapitres d’ouvrage collectif ;
  • Participations à des séminaires et colloques internationaux. 

Mots-clés : cinéma ; culture visuelle ; cinéma ethnographique ; histoire du spectacle cinématographique

4.2.2. Cinémas nationaux dans l’espace soviétique

Responsable : Anna Leyloyan

Ce projet vise à porter une réflexion sur la langue, le langage et le style dans la création cinématographique dans un espace multiculturel, multiethnique et multilingue.
Étude comparative des caractéristiques d’expression artistique dans un cadre de création « nationale dans sa forme et socialiste dans son contenu ». 

Le but est de mettre en évidence la portée de la langue (ou du dialecte) d’origine dans une œuvre cinématographique, mais également suivre l’évolution et la spécificité du langage propre au 7e art.  Sa capacité de dévoiler en guise d’appartenance nationale ou ethnique une riche toile de fond tissée par plusieurs éléments composant l’œuvre (langues, musique, folklore, ethnographie, histoire, religion, littérature, tradition orale) qui dépasse largement les limites de la forme. Suivre l’histoire de l’évolution de(s) cinéma(s) nationaux dans l’espace soviétique, comprendre comment « le silence », « le non dit » et le « le langage des symboles » deviennent de nouvelles formes d’expression universelle et la force du langage cinématographique.

Un second objectif est de suivre l’évolution et le développement de ces pratiques « bipolaires » de(s) cinéma(s) soviétique(s) sur l’exemple de création de cinéastes arméniens vers une véritable expression de la pensée et de la culture nationale et son développement.

Chercheurs associés au projet : Claire Mouradian, (CNRS, EHESS) ; Siranouch Galstyan, (Université d’État de Erevan) ; Hayk Hambartsumyan, (doctorant).

Principales collaborations : Archives nationales d'Arménie, Erevan ; Musée Paradjanov, Erevan ; Académie nationale des sciences de la République d'Arménie, Erevan ; Institut national du théâtre et du cinéma de Erevan.

Opérations de recherche envisagées :

  • Journée d’étude et /ou colloque ;
  • Publications : articles, chapitres d’ouvrage collectif ;
  • Participations à des séminaires et colloques internationaux. 

Mots-clés : cinéma national ; cinéma arménien ; URSS ; Caucase.

4.3. L’ « Archipel noir » des femmes écrivains et artistes russes

Responsable : Catherine Géry (CREE)

4.3.1. Femmes et canon littéraire en Russie (1760-1890)

Responsable : Catherine Géry

En lien avec le projet 6.2 « Penser autrement l’Histoire littéraire »
La littérature des femmes en Russie est jusqu’à la fin du xixe siècle la partie inapparente, atomisée et quasiment inexplorée d’un continent littéraire quant à lui extrêmement connu : la « grande » littérature russe des hommes – celle de Pouchkine-Gogol-Lermontov-Tourguéniev-Gontacharov-Dostoïevski-Tolstoï-Tchékhov. Les femmes qui entrent en littérature à partir des années 1760 ont été minorées, puis oubliées et éloignées de l’historiographie d’une modernité littéraire en Russie qu’elles ont pourtant contribué à façonner, et la narration du « grand siècle russe », le XIXe siècle, ne les a toujours pas intégrées. Une lecture du XIXe siècle « côté femmes », autrement dit non plus à partir du centre, mais à partir des marges, de la périphérie, du mineur (ou de ce qui est considéré comme tel) nous permettra de réévaluer la culture littéraire russe et la façon verticale, patrimoniale, déterministe, ethno-centrée et unisexe dont elle s’est construite à partir du xixe siècle, période symbolique entre toutes pour la formation du canon littéraire en Russie. La conquête par les femmes de la littérature russe n’est pas seulement la conquête du centre par la périphérie ou du majeur par le mineur, c’est aussi celle du normatif par le transgressif, et c’est la conquête de la culture classique (avec tout ce qu’elle suppose de codification, de contraintes, de contrôle et d’autocontrôle) par une forme libératrice de modernité formelle et thématique.

Comment, à l’intérieur de la dialectique de la norme et de la marge, les créations/productions féminines, minorisées et/ou stigmatisées, ne cessent finalement de « travailler » – à leur manière – les productions canoniques ?

4.3.2. Le genre et les genres

Responsable : Catherine Géry

La marginalisation sociale des écrivaines, leur position spécifique à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des processus littéraires, leur long bannissement de la plupart des genres littéraires répertoriés par la tradition et inscrits dans le canon (en ce sens, la Théorie des trois styles de Lomonossov, remplacée au xixe siècle par une stricte hiérarchie des genres, était aussi une théorie de la partition masculin/féminin), leur cantonnement dans des formes d’écriture minorées ou considérées comme secondaires – les genres autobiographiques, épistolaires et, avant le romantisme, la poésie lyrique –, sont autant de facteurs qui ont paradoxalement permis aux femmes d’être des agents actifs de la modernité culturelle, qu’on considère cette dernière, à l’instar des formalistes russes, comme l’intrusion des « petits genres » dans le champ littéraire, ou qu’on envisage l’émergence dans la littérature de nouvelles formes d’individuation et de subjectivité (discours sur le corps, l’intime, la sexualité, etc.).

À travers l’analyse des phénomènes de marginalisation et de transgression dans les relations de la littérature féminine avec les mouvements littéraires dominants dans la Russie du XIXe et du XXe siècles, il s’agira enfin de comprendre comment les femmes auteures, plus ou moins marginalisées, parviennent à transgresser certaines limites et normes littéraires et/ou socioculturelles (dans les genres autobiographiques et plus largement testimoniaux, par exemple), et comment d’autres acteurs de la vie littéraire réagissent à ces « interventions ».

Chercheurs associés au projet (4.3.1. et 4.3.2.) : Evelyne Enderlein (Université de Strasbourg), Natalia Pouchkareva (Institut d’ethnologie et d’anthropologie de l’Académie des sciences de Russie, Moscou), Galina Subbotina (CREE), Youlia Maritchik-Sioli (Université de Grenoble), Françoise Defarges (doctorante, CREE), Tomasz Krupa (doctorant CREE).

Principales collaborations : UMR Eur’Orbem, Sorbonne Université ; Académie des sciences de Russie ; Mnémosyne (association pour le développement de l’histoire des femmes et du genre), URL : http://www.mnemosyne.asso.fr/mnemosyne/; revue Gendernye issledovanija du centre ХЦГИ (URL http://kcgs.net.ua); РАИЖИ (Association des chercheurs russes en histoire des femmes).

Opérations de recherche envisagées :

  • Un colloque (en 2020 ou 2021) suivi de la publication des actes ;
  • Un séminaire de Master 2 mis en place dès 2017-2018 ;
  • L’édition de traductions accompagnées d’un appareil scientifique des textes des écrivaines russes des années 1760-1890 (jamais traduites en français et pour certaines non rééditées en Russie depuis le xixe siècle), soit sous forme d’une - ou plusieurs - anthologies, soit en éditions séparées ;
  • Une monographie par Catherine Géry, prévue entre 2020 et 2022 : Femme, écrivain, russe – un « archipel noir ». 

Mots-clefs : littérature russe ; littérature féminine ; historiographie littéraire ; littérature des marges ; études de genre ; mineur/majeur.

4.3.3. Les Femmes artistes à l’Académie et dans l’espace public (Russie-Caucase : du milieu du XIXe siècle au début du XXe siècle)

Responsable : Anna Leyloyan

L'objectif de ce projet de recherche est de mettre en lumière le rôle et la place des femmes dans le milieu culturel et politique de Russie et du Caucase à la fin de l’époque impériale, leurs engagements dans un milieu totalement masculin, leur combat pour la reconnaissance de leurs œuvres qui restent encore aujourd'hui majoritairement méconnu.

Paradoxalement, c'est l’Académie impériale des Arts de Saint-Pétersbourg qui ouvre la première ses portes aux femmes en leurs offrant plusieurs formations artistiques. Elles sont également présentes dans des associations artistiques et culturelles comme Les Ambulants, Le Monde de l’art, Société des artistes de Saint-Pétersbourg, etc. Quel est leur investissement ? À ce jour, très peu d'études sont consacrées à ces créatrices russes, tout domaine artistique confondu. Le bilan est encore plus maigre dans le Caucase qui offre un terrain de recherches inédites.

Chercheurs associés au projet : Claire Mouradian, (directrice de recherche, CNRS, EHESS), Hayarpie Papikyan, (docteure, Université Paris-Diderot), Paulette Coutant-Houbouyan, (docteure, EHESS), Rafik Santrossyan, (docteur, Université d’État des Langues et des sciences sociales V. Brusov).

Principales collaborations : Académie russe des beaux-arts, Saint-Pétersbourg ; Archives nationales d'Arménie, Erevan ; Galerie nationale d'Arménie, Erevan ; Académie nationale des sciences de la République d'Arménie, Erevan ; Académie nationale de Beaux-Arts d'Arménie, Erevan.

Opérations de recherche envisagées :

  • Journée d’étude et /ou colloque ;
  • Publications : articles, chapitres d’ouvrages collectifs ;
  • Participations à des séminaires et colloques internationaux. 

Mots-clés : Académie impériale des Arts ; femmes artistes et sculptrices ; Russie impériale ; Caucase.

4.3.4. Médiatrices de la littérature russe du XIXe siècle à nos jours

Responsables : Olga Blinova et Catherine Géry

Ce projet est conçu dans le cadre du projet plus vaste « L’″archipel noir″ des femmes écrivains et artistes russes » porté par Catherine Géry. Il possède par ailleurs des liens étroits avec le projet 6.2. « Penser autrement l’Histoire littéraire ».

Le projet « Médiatrices » réunit des chercheuses (et potentiellement des chercheurs) qui s’intéressent à la participation des femmes éditrices et rédactrices, traductrices, critiques littéraires etc. dans le processus littéraire en Russie et en Union soviétique. Sa visée est de combler certaines lacunes, en contribuant notamment au retour de noms oubliés et en réfléchissant sur le concept de médiatrice et sur l’étendue possible de ce paradigme en littérature. Le projet cherche aussi à présenter un panorama des activités des médiatrices littéraires et à évaluer l’impact de leur participation sur la constitution du champ littéraire russe du XIXe siècle à nos jours. Ce laps de temps long et riche en événements politiques, sociaux et culturels permettra de mieux saisir l’évolution de ces activités. Ayant un fort potentiel d’influence sur le processus littéraire, aussi bien au niveau du choix des auteurs et des textes (à analyser, à traduire ou à éditer), qu’au niveau de celui des collaborateurs (dans le cas des éditrices et rédactrices des revues littéraires ou des revues ayant des rubriques littéraires), ces pratiques médiatrices, souvent minorées dans l’historiographie littéraire et dont les femmes furent les agents ignorés, ont pourtant façonné l’espace littéraire russe.

Chercheuses associées au projet : Catherine Géry (CREE), Olga Démidova (Université Pouchkine de Leningrad, Saint-Pétersbourg, Russie), Anna Shcherbakova (associée au CREE), Olga Biberson (post-doctorante au laboratoire SeDyL, Inalco), Anastassia Kouzmenko (Université pédagogique de Novossibirsk, Russie), Galina Subbotina (associée au CREE), Youlia Maritchik-Sioli (associée au CREE).

Opérations de recherche envisagées (et réalisée) :

  • Dans le cadre da l’axe 4 « Identités en mouvement : autour de la ″minorité″ », mise en place d’un séminaire doctoral à double tête portant sur les minorités ethniques et genrées, en collaboration avec Dominique Samson (année universitaire 2021-2022).
  • Journée d’études internationale « Les médiatrices de la littérature russe : femmes éditrices, rédactrices, traductrices et critiques littéraires au XIXe siècle » (12 mars 2021).
  • Journée d’études internationale « Les médiatrices et l’Âge d’argent de la littérature russe » (2022).
  • Journée d’études ou colloque international « Les médiatrices de l’époque soviétique » (2023)
  • Journée d’études internationale « Les médiatrices de l’époque post soviétique » (2024)
  • Publication des actes des journées d’études dans la revue Slovo.
  • Préparation et publication d’un Dictionnaire des médiatrices russes du XIXe siècle à nos jours.
  • Participations à des journées d’études, séminaires et colloques internationaux.

Mots-clefs : littérature russe ; littérature féminine ; historiographie littéraire ; médiatrices ; éditrices ; rédactrices ; traductrices ; femmes critiques littéraires ; correctrices ; femmes journalistes.

4.4. L’enfance communiste en Roumanie et en Moldavie : mémoires et récits

Responsables : Catherine Durandin (CREE), Cécile Folschweiller (CREE), Irina Gridan (CREE)

L’axe de recherches « Enfances communistes en Roumanie et Moldavie » a pour objectif  de mettre en lumière les éclats multiples de sociétés longtemps interprétées sous un angle statique. Nous nous inscrivons dans le courant de relecture plurielle de l’histoire des sociétés communistes tout en mesurant que cette attraction pour le pluriel est une sorte de mode des couleurs et des individualisations qui succède au noir et blanc des visions portées sur les années communistes durant la période de 1990 à 2000. Nos premières approches auprès de quelques amis, universitaires, ingénieurs ont fait apparaître des réticences, des blocages : parler d’enfances non malheureuses, banalement joyeuses, dans ce monde communiste d’hier, semble être perçu par certains comme la marque d’une défaillance face aux idéaux démocratiques supposant le malheur en cette phase du communisme. Il s'agit de collecter les témoignages d’enfances vécues dans les années et décennies suivant la seconde guerre mondiale tant en Roumanie qu’en Moldavie, en étant conscients que le  projet communiste soviétique a marqué différemment la Roumanie et la République socialiste de Moldavie. Un corpus de récits de vie publiés existe déjà (voir V. Tismăneanu, D. Lungu). Nous souhaitons élargir le cercle des témoins dans le temps et l’espace, toucher des générations diverses, les milieux ruraux et urbains, les milieux populaires et plus aisés, que cette aisance soit l’héritage d’une appartenance bourgeoise ou le fait de la promotion sociale rouge. Nous procéderons par construction d’un carnet d’adresses de contacts afin d’établir un réseau réactif et par établissement d'un questionnaire servant de grille souple autour des mémoires incontournables de la vie quotidienne en lien avec la vie politique, sociale et culturelle. Littéraires, philosophes, historiens, nous nous engageons à une narration : publication d’une sorte d’atlas des souvenirs d’enfances. Mais dans cette enquête, nous estimons nécessaire que cette démarche à dimension impressionniste prenne en compte les temporalités, les contextes historiques et politiques, l’encadrement législatif du statut et des droits de l’enfant.

Chercheurs associés au projet : Monica Iovanescu (Université de Craiova), Petru Negura (Université libre de Moldavie), Cristina Preutu (Université de Iași), Elena Prus (Université libre de Moldavie), Anda Radulescu (Université de Craiova), Monica Salvan (Musée de la littérature de Iași), Nora Sava (Université de Cluj), Florin Țurcanu (Université de Bucarest).

Partenariats envisagés : Université de Bucarest, ULIM (Université Libre de Moldavie), Musée de la littérature de Iași.

Activités de recherche et réalisations attendues :

  • Un séminaire de M1/M2 
  • Une journée d'étude
  • Une publication collective franco-roumaine 

Mots-clés : communisme ; enfance ; mémoire ; récits de vie ; histoire culturelle ; histoire sociale ; histoire orale ; Roumanie ; Moldavie

4.5. Les minorités juives en Europe Centre-orientale

Responsables: Arnaud Bikard, Anne Grynberg