Axes de recherche du LACNAD

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L'équipe d'accueil Langues et Cultures du Nord de l’Afrique et Diasporas (EA 4092) a pour mission l’étude des langues et cultures locales du Nord de l’Afrique (domaines berbère, arabe maghrébin et judéo-maghrébin), dans leurs localisations originelles comme en diasporas, notamment en Méditerranée occidentale et en Europe. Les travaux de ses membres s’inscrivent dans les domaines de la linguistique, de la sociolinguistique, de la littérature et de la culture (anthropologie culturelle, histoire, sociologie culturelle, arts).

Le LACNAD poursuit ses travaux dans les domaines de la linguistique, de la sociolinguistique, de la littérature et de la culture (anthropologie culturelle, histoire, sociologie culturelle, arts). Cette activité est menée selon une série d’axes et problématiques transversaux définis en 2006 lors de la constitution du LACNAD. Ils ont été actualisés et mis à jour régulièrement, par rapport aux recommandations faites par des experts de l’AERES.

Le projet pour 2019-2023 reste articulé autour de trois axes transversaux : Linguistique/Sciences du langage ; Littérature/Arts ; Sciences humaines et sociales/Pratiques culturelles, communs aux trois composantes linguistiques et culturelles, mais comporte aussi  des axes spécifiques à chacune des composantes.

Axes de recherche transversaux

Axe 1. Linguistique / Sciences du langage

A1.1. Dialectologie

Variations et frontières linguistiques en zones berbérophones ou arabophones et en situations de contacts arabe/berbère ; dialectométrie ; description de parlers non ou peu documentés. Evolutions des parlers arabes et berbères (en milieu urbain, en immigration) ; typologie.

Toutes les composantes du LACNAD sont concernées par :

  • la description de parlers arabes maghrébins et berbères non ou peu documentés (plusieurs thèses en cours : parler du Nord marocain, chaoui) ; judéo-arabe et judéo-berbère ;
  • la poursuite des travaux sur les frontières linguistiques (arabe/berbère) et les phénomènes de contact, ainsi qu’en dialectologie et dialectométrie (une thèse en cours en berbère ; les travaux de dialectologie et de dialectométrie déjà bien engagés pour la Kabylie, sont élargis aux domaines chaouïa, rifain…) ;
  • la poursuite des recherches sur l’articulation entre Syntaxe et Intonation dans différentes variétés de berbère et d’arabe maghrébin.
A1.2. Sociolinguistique : ici et là-bas

La sociolinguistique, qui a connu un développement rapide au cours du précédent contrat, reste un champ d’investissement prioritaire du LACNAD, qui poursuivra et renforcera sa participation aux différents réseaux dont il est membre :

  • Le Réseau de Sociolinguistique Urbaine ;
  • Le réseau RFS, Réseau Francophone de Sociolinguistique ;
  • La Fédération de Typologie (TUL, FR2959), à travers son opération (20010-2013) : « Analyse conversationnelle en situation de contact. Les marqueurs énonciatifs ».

Et, au plan international :

  • ESF (European Science Foundation) à travers ses "Exploratory Workshops";
  • AIDA (Association internationale de Dialectologie Arabe).

Les recherches de l’équipe se déploieront autour de trois thèmes principaux :

  • Sociolinguistique urbaine (au Maghreb et en France) ;
  • Les pratiques et le processus de transmission de l'arabe maghrébin et du berbère en France, et leur place en diaspora, et particulièrement dans la société française ;
  • Contacts de langues et code switching ;
  • Construction du genre et pratiques linguistiques : un thème innovant et transdisciplinaire ;
  • Evolution des pratiques linguistiques en fonction de l’âge.
A1.3. Linguistique appliquée et Didactique : Aménagement linguistique, Didactique, élaboration d’outils didactiques de référence

La demande en instruments didactiques est particulièrement forte dans le domaine en ce qui concerne le berbère, du fait des évolutions récentes concernant le statut de ces langues en Algérie et au Maroc, mais aussi en France et en Europe (dans différents contextes d’enseignement).

  • Poursuite du programme relatif à l’aménagement du berbère (codification graphique, codification grammaticale et néologie) ;
  • Poursuite du programme de production d’outils didactiques : dictionnaires orthographiques, mobilisant les supports et outils informatiques en vue de la mise à disposition d’un public élargi ;
  • Langues de France / DGLFLF => reste un domaine d’intérêt de l’équipe / recherches actuelles ;
  • Correcteur orthographique et dictionnaire électronique pour le berbère : poursuite de ce projet de réalisation d’un correcteur orthographique couplé à un dictionnaire électronique. Un tel outil devient indispensable avec l’extension de l’écrit depuis quelques années (romans, traductions, etc.). On s’intéressera au kabyle, variété berbère pour laquelle une notation usuelle a été proposée par l’ex Centre de Recherche Berbère, même si certains points restent encore à préciser. Cette norme en devenir est tout à fait suffisante pour le correcteur orthographique. C’est celle utilisée en particulier pour les textes pédagogiques élaborés par le CRB (annales du baccalauréat, mémento grammatical, anthologie littéraire, etc.) ;
  • l’élaboration des règles linguistiques (morphologiques) de manière aussi exhaustives et systématiques que possibles ; la gestion des exceptions, des formes irrégulières, des mots composés ; etc ;
  • La réalisation du dictionnaire électronique de berbère : ce projet continue en collaboration avec l’université de Tizi-Ouzou, Algérie (signature d’un avenant spécifique à la convention qui lie les deux établissements) autour du logiciel Nooj. Ce travail a fait l’objet de la thèse de Hamid ANOUZ qui a soutenu en 2019. Les résultats seront bientôt publiés. Le travail sur l’informatisation du berbère continue en partenariat avec l’université de Tizi-Ouzou
A1.4. Les contacts entre le judéo-arabe maghrébin arabe et l’hébreu
  • Le composant hébreu dans les parlers des juifs du Maghreb

Responsable : Joseph Tedghi

L'interférence de lexèmes et locutions dans les parlers judéo-arabes confère à ces derniers un caractère discursif bien spécifique qui les distingue des dialectes arabes. Ce discriminant linguistique est étroitement lié à la condition socio-économique des juifs ainsi qu'aux aspects particuliers de leur culture religieuse – axée sur l'étude de textes hébraïques –, leur parler demeurant constamment soumis à l'influence de l'hébreu et de l'araméen. Au fil des siècles, ces interférences continuelles ont entrainé une interaction des deux langues, tant dans ses structures lexicales que morphologiques ou syntaxiques.

Les parlers judéo-arabes du Maghreb, usités il y a encore un demi-siècle à peine par près de 500 000 locuteurs, semblent voués à disparaître du fait de l’émigration massive et de la dispersion des populations juives du Maroc, d’Algérie et de Tunisie. L’implantation de bon nombre de celles-ci en France permettra aux chercheurs et aux linguistes de mener in situ des travaux sur leurs parlers judéo-arabes mais aussi sur leurs spécificités socioculturelles. En tenant compte de la réduction lente du nombre de locuteurs et de la transmission tronquée de cette langue à la nouvelle génération, il devient urgent de procéder aux enregistrements des derniers judéo-arabophones afin d’élargir le corpus déjà constitué, et de documenter autant que faire se peut cet héritage linguistique, socio-historique et littéraire.

  • Le parler arabe des juifs du Mzab [Algérie méridionale]

Responsable : Joseph Tedghi

Quelques études historiques, sociologiques et ethnographiques ont été consacrées aux juifs du Mzab mais leur parler n’a suscité aucune recherche. Alors qu’ils tardaient à adopter le français, ces derniers persistaient à s’exprimer essentiellement en judéo-arabe, langue qui présente quelques spécificités lexicales et grammaticales au regard des autres parlers judéo-arabes en usage par le passé au Maghreb. Depuis quelques années, Joseph Tedghi procède à l’enregistrement de locuteurs originaires du sud de l’Algérie et établis en région parisienne. Les premiers matériaux recueillis ont permis de cerner les spécificités du parler arabe des juifs du Mzab en mettant en évidence les particularités des sociolectes masculins et féminins. Au cours de différentes missions en Israël, d'autres interviews ont été également menées auprès de ressortissants âgés, établis dans le pays depuis les années 1950.

L’enquête s’intéresse plus particulièrement au phénomène d’hybridation linguistique qui s’inscrit dans la recherche socio-pragmatique des usages des locuteurs judéo-arabes du Maghreb, ses conditions de formation et de mutation. Comme cela est perceptible dans tous les parlers judéo-arabes, celui du Mzab est également parsemé de vocables hébreux. Ce composant linguistique, qui confère à ces parlers leur spécificité, semble cependant être bien plus conséquent dans le parler des juifs du sud algérien, probablement en raison du conservatisme avéré de cette communauté isolée aux confins sahariens. La distribution du lexique déjà recueilli, ou en cours d’enregistrement, fera l'objet d'une analyse typologique et chaque champ sémantique sera ainsi illustré par des exemples significatifs. Enfin, il sera démontré que de nombreux termes ou expressions hébraïques avaient connu une évolution sémantique intéressante, certains d'entre eux ayant été forgés au sein même de cette communauté à partir de racines existantes.

Au-delà du recensement du vocabulaire arabe et hébreu, l'enquête s'intéressera plus particulièrement au phénomène d'hybridation linguistique. Un second volet consistera à recueillir les textes poétiques en judéo-arabe ainsi que les dictons et proverbes courants dans les communautés juives du Mzab.

  • Traces de l’arabe dialectal dans les textes hébreux d’Afrique du Nord

Responsable : Joseph Tedghi

Dans le même champ d’investigation sur les langues en contact au Maghreb, un nouvel axe de recherche encore inexploré a été développé, à savoir l’influence de l’arabe dialectale dans la production littéraire écrite en hébreu. Depuis plus d’un siècle, différents travaux ont été consacrés aux parlers arabes des juifs de ces contrées et à leurs particularités phonologiques, lexicales, morphologiques et syntaxiques. Il se trouve que peu d’auteurs se sont intéressés à l’hébreu, langue de culture usitée par les lettrés dans leurs écrits alors que leur production hébraïque est considérable et subsiste dans de nombreux domaines littéraires. Toutefois, la langue hébraïque n’étant plus parlée depuis le IIe siècle, les auteurs ont dû créer des néologismes pour signifier certaines notions inédites. Le recours à des calques syntaxiques de l’arabe - langue maternelle des auteurs - a permis de pallier le déficit lexical, de développer et de maintenir vivante la langue hébraïque à travers les siècles. Etant donné que ce vocabulaire est rarement, ou non, répertorié dans les dictionnaires hébraïques, la future recherche consistera à débusquer ces « arabismes » lexicaux, morphologiques ou syntaxiques dans la production écrite des lettrés maghrébins et à les analyser.

Axe 2. Littérature :  Système(s) littéraire(s), genres et développements contemporains (cinéma, internet...)

Responsable : Daniela Merolla

Poursuite du programme commencé lors du quadriennal précédent et accélération de l’intégration des problématiques et de l’interdisciplinarité jusqu’à la transdisciplinarité[1] de la recherche au sein du LACNAD autour des thèmes :

  • « Continuités et renouvellements des genres, des acteurs et des lieux littéraires » - Thème « Poétique de l’Exil » sur la chanson populaire, le théâtre, le cinéma, le roman et la nouvelle dans les trois domaines linguistiques ;
  • « Nouvelles oralités et nouvelles littéracies » - Approche interdisciplinaire :
    Les nouveaux développements de l’oralité et de l’écrit médiatisés demandent des approches disciplinaires plurielles et des méthodes multiples. Des questionnements communs aux trois domaines linguistiques et littéraires du LACNAD cherchent à savoir a) si, et comment, la non-institutionnalisation et l’institutionnalisation partielle (ou non aboutie) ont un effet sur l’orthographe des écrits créatifs sur les réseaux sociaux ; b) quelles sont les divergences et les convergences dans la manière dont l’oralité médiatisée et la nouvelle écriture se développent sur le Web, tant en darija qu’en berbère ; c) s’il y a des échanges et/ou des interférences / influences entre les différentes langues (darija, berbère, arabe standard, judéo-arabe, français et aussi espagnol, néerlandais et les autres langues de la diaspora berbère) et à quels niveaux ; quelle a été la réception critique journalistique et académique de ces nouvelles littéracies en darija et en berbère.
  • Approches de la recherche en littérature (orale et écrite) :
    Ce thème porte sur les questionnements théoriques et méthodologiques ainsi que sur les outils pédagogiques dans les trois domaines linguistiques.
    • « Champ et espace littéraires » notions en discussion (investigations partagées sur les définitions théoriques et leur impact sur les approches des littératures orales et écrites en arabe dialectal, berbère et judéo-arabe dans les contextes multilingues du Maghreb et de la Diaspora)
    • « Outils de référence » (anthologies et manuels)
  • Le cinéma au Maghreb (Daniela Merolla). Ce thème porte sur la réflexion de la continuité et de la spécificité des films du Maghreb vis-à-vis des cinémas africain et mondial. 
  • « Le Musée au Maghreb et Diaspora : arts visuels, culture matérielle et immatérielle » sur les trois composants : arabe dialectal, berbère et judéo-maghrébin.
  • « Manuscrits au Maghreb et Diasporas ». Le thème « Manuscrits » est interdisciplinaire et il est traité également dans le cadre de l’Axe 3.
  • Littérature hébraïque et judéo-arabe d’Afrique du Nord (Joseph Tedghi)
    • Poésie hébraïque. (Joseph Tedghi). Au Maghreb, comme dans les autres pays de la diaspora, la langue hébraïque était utilisée par les lettrés juifs comme langue de culture. Cependant, de nombreuses œuvres sont demeurées à l’état de manuscrits, en raison de l’absence d’imprimeries hébraïques dans ces pays. L’inventaire des manuscrits en provenance du Maghreb déposés dans les bibliothèques universitaires ou privées met en évidence un nombre considérable de pièces poétiques composés en hébreu et dont la majorité n’a pas encore fait l’objet d’investigation. Il nous semble donc indispensable d’envisager à présent la publication d’une anthologie visant à sortir de l’ombre certains poètes et à réhabiliter leurs œuvres. De façon corrélative, seront examinés la diversité des genres, les structures prosodiques ainsi que les caractéristiques littéraires et linguistiques de cette poésie et leur évolution à travers les siècles.
    • Traduction, analyse littéraire et linguistique d'une œuvre de Jacob Soffer (1856-1930) (Nicole Serfaty)
      Ce petit ouvrage de 33 feuillets, rédigé en judéo-arabe, est intitulé Les pérégrinations d'Al-Fandari [originaire] d'Espagne ; il a été imprimé en 1902 à Jérusalem à l'initiative d’un rabbin-calligraphe atypique, né à Odessa et vivant à Oran, le dénommé Jacob Soffer. Le titre de son opuscule, où sont juxtaposés hébreu et arabe, indique d’emblée la forte imbrication du métissage linguistique qui jalonne ce texte. Le lecteur, saisi par son style vif, énergique et rythmé, par le vocabulaire riche et varié ne manquera pas d’apparenter ce récit aux romans de cape et d’épée d’Alexandre Dumas. Sa traduction en français, parachevée par Nicole Serfaty, sera augmentée d'une analyse littéraire et linguistique, d’un glossaire ainsi que d'une biographie de l'auteur présumé (yiddishophone et judéo-arabophone) à partir, entre autres, de ses échanges épistolaires et d'archives transmises par son arrière-petite-fille. Des recherches sont toujours en cours afin de dater et d'établir l'origine exacte de ce texte relatant les pérégrinations d’un marrane exilé à Fez puis à Safed, fuyant courageusement les affres infligées par l’inquisition espagnole à sa famille et à tous les juifs simulant la conversion au christianisme, et ce, deux siècles après l’Expulsion de 1492.

​Note. [1]  L’interdisciplinarité est usuellement vue comme une première étape de la coopération, quand questions et méthodes d’une discipline sont utilisées pour investiguer des domaines divers (par exemple, des approches linguistiques ou anthropologiques pour analyser des produits littéraires, ou des outils d’analyse littéraire pour investiguer des corpus extralittéraires). La transdisciplinarité est l’étape suivante de l’intégration des approches, quand concepts, méthodes, paradigmes et questions des diverses disciplines sont progressivement intégrés. 

Axe 3. Axe SHS-Pratiques culturelles

Patrimoine matériel : Les inscriptions funéraires judéo-arabes de Tunisie

Sonia Fellous, Nicole Serfaty et Joseph Tedghi

Au cours de son inventaire du patrimoine juif de Tunisie (1998-2016), Sonia Fellous (IRHT-CNRS /LaCNAD) a pu repérer un corpus épigraphique insolite, gravé en judéo-arabe sur des tombes situées, notamment, au cimetière du Borgel à Tunis mais aussi, dans d’autres cimetières régionaux. À côté des épitaphes hébraïques, des centaines d’inscriptions ont été rédigées exclusivement en judéo-arabe, constituant ainsi un corpus littéraire unique et rare à inscrire au patrimoine culturel des juifs dont les racines étaient implantées en terre d’islam. Ces compositions, d’un niveau de langue et de style soutenu, tenaient lieu d’élégies funéraires écrites sous forme de prose rimée ou de poèmes inspirés des qinot bibliques ou de celles élaborées au Moyen âge. Sur le mode du lamento, elles relatent la vie brisée de jeunes disparus, emportés par des maladies foudroyantes, victimes d’accident ou assassinés.

Face à la dégradation et à l’abandon de ces cimetières, il devenait urgent de sauvegarder et de consigner ce corpus littéraire, témoin précieux de la langue comme des aléas de l’histoire et des péripéties vécues aux siècles passés par des juifs de Tunisie. Trois membres du LaCNAD, spécialistes des langues hébraïque et judéo-arabe, ainsi que des civilisations du Nord de l’Afrique [Sonia Fellous, (IRHT-CNRS), Joseph Tedghi et Nicole Serfaty (LaCNAD/INALCO)] ont donc pris l’initiative d’associer leurs compétences pour constituer une équipe vouée à traduire, analyser, commenter et réaliser l’inventaire de plusieurs dizaines de ces épitaphes. Après une description systématique, sont abordés tant les aspects matériels (épigraphique, artistique, esthétique, iconographique…) que les aspects littéraires, linguistiques, traductologiques, onomastiques et socio-historiques.

Avancées de la recherche en cours :

La transcription d’une sélection de plusieurs dizaines d’épitaphes en caractères hébreux, arabes et latins est déjà réalisée de même que leurs traductions. A présent, l’équipe travaille sur la description analytique, chacune des épitaphes devant être soumise à une étude épigraphique, une analyse linguistique et littéraire et des commentaires sur la traductologie incluant des précisions sur le choix des traductions adoptées. L’élaboration de cette méthode d’investigation ainsi que les premiers résultats des travaux réalisés ont été exposés par l’ensemble de l’équipe, le 17 mars 2016 à Paris, lors d’une journée d’étude organisée conjointement par l’IRHT-CNRS et le LaCNAD-INALCO, à l’Institut de recherche et d’histoire des textes (IRHT). [Voir une première publication sur le site Hypothèses].

Les Juifs du Rif – Vie tribale et Mutations

Nicole Serfaty

Dans cette partie septentrionale du Maroc, des Juifs ont vécu des siècles durant dans les montagnes, au sein des confédérations tribales (Beni-Sidel, Beni Bu-Jaafar, etc.), sans être confinés dans des mellahs comme l’étaient leurs coreligionnaires de Fez ou de Marrakech.
A la fin du XIXe siècle, fuyant les troubles et les intrigues des puissances coloniales qui agitaient le Rif, ces Juifs pauvres, analphabètes et non-hispanophones sont allés se réfugier auprès des séfarades originaires de Tétouan, d’Oran ou de Gibraltar, implantés depuis peu dans l’enclave espagnole de Melilla. Le clivage entre les deux éléments constitutifs de la communauté sera manifeste mais n’entravera pas l’adaptation de ces anciens montagnards à la modernité et l’amélioration de leurs conditions de vie.

L’histoire de ces minorités juives rifaines, de leur enracinement séculaire en milieu berbère et de leur migration, toujours abordée de façon parcellaire, se doit d’être complétée.
Ce projet a été conçu par Nicole Serfaty à la suite d’une conférence donnée à Nador en Novembre 2019 à propos « Des origines de la présence juive dans l’enclave espagnole de Melilla (1863-1912) ». (Le texte de la conférence est publié dans les Actes intitulés Miradas cruzadas, Diversidad y Cultura del Rif, Eds. Ahmed Tahiri et Fatima-Zahra Aitoutouhen Temsamani, Séville, 2019, pp. 69-81).

« Manuscrits au Maghreb et Diasporas »

Axes de recherche spécifiques

‘Références berbères’

Le programme  s’organisera autour de deux axes de travail structurels, comportant chacun plusieurs opérations scientifiques :

1. Axe Encyclopédie berbère

Production d’ouvrages et de sites de référence à partir d’un capital déjà en partie constitué (= 4 opérations) :

  • Ouvrage de référence sur la Kabylie
  • Site Internet « Biographies berbères »
  • Ouvrage de référence en linguistique berbère
  • Aménagement linguistique du maltais
  • « Dictionnaire de poétique berbère »

2.  Axe « Archives berbères »

Exploitation et valorisation d’archives (littéraires, linguistiques et photographiques) inédites aixoises (= 2 opérations).

  • Fonds littéraire et linguistique berbère Arsène Roux : exploitation et valorisation
  • Fonds photographique Marceau Gast : inventaire, numérisation, exploitation et valorisation (phase exploratoire). 

3. Axe cinéma berbère

Daniela Merolla

Projet de recherche qui porte sur la réflexion de la continuité et de la spécificité des films amazighs à travers les différents parlers d’Algérie et du Maroc. Nous essayons, en même temps, de les « situer » vis-à-vis des cinémas maghrébin, africain et mondial.

Voir les colloques « Les cinémas berbères : de la méconnaissance aux festivals nationaux. Comparaisons africaines » http://www.inalco.fr/evenement/cinemas-berberes-meconnaissance-festival… et   http://www.inalco.fr/en/node/26813 ; « Le cinéma berbère (amazigh) : seconde journée d'études » http://www.inalco.fr/appel-communication/cinema-berbere-amazigh-seconde…;;

et la publication du livre Les cinémas berbères. De la méconnaissance aux festivals internationaux (sous la dir. de Daniela Merolla, Kamal Naït Zerad et Amar Ameziane) 

La série électronique « Verba  Africana » 

www.verbafricana.org
L'idée centrale du projet qui a amené à la constitution de la série Verba Africana est que le contenu textuel et la performance sont essentiels à la classification, la description et l'interprétation des littératures orales ainsi qu’à la compréhension de leur qualité esthétique et de leur réception L'intonation et la gestualité, l'accompagnement musical, les interactions entre le poète/conteur et le public, l'habillement et la scénographie, et le contexte de la performance sont essentiels dans l’apprentissage des langues et des littératures (nord)africaines et peuvent désormais être présentés au moins partiellement par l’enregistrement audiovisuel, ce qui enrichit l’analyse textuelle et contextuelle. C’est que la série Verba Africana essaie de faire par une présentation à la fois textuelle et audiovisuelle des performances et de la recherche en littérature orale.

Projets finalisés

PICS ‘La montagne et ses savoirs’

Variations et frontières linguistiques en zones berbérophones et en situations de contacts arabe/berbère ; description de parler non ou peu documentés. Evolutions des parlers arabes et berbères (en milieu urbain, en immigration). Dans le PICS on se consacrera aux parlers Jbala (Rif occidental, Maroc).