Colloque international « Métamorphoses des "Mille et Une Nuits" de Bagdad à Versailles et au-delà. Du miroir des princes à l'objet culturel », du 19 au 21 avril

14 juin 2023
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Ouvert aux spécialistes d’horizons différents, ce colloque se propose d’explorer les modes de réception, d’assimilation, de stylisation et d’emploi du chef-d’œuvre médiéval depuis les contes qui marquent ses origines, jusqu’à l’histoire culturelle d’aujourd’hui.
Couverture du livre
The Arabian Nights Entertainments - Longmann Green & Co, Londo 1898 © Domaine public‎
Contenu central

Colloque organisé par le Centre de Recherches Moyen-Orient Méditerranée (CERMOM, Inalco), le Centre d'histoire culturelle des sociétés contemporaines (CHCSC, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines), la Graduate School Humanités – Sciences du Patrimoine (HSP, Université Paris-Saclay), et l'Université Paris III – Sorbonne nouvelle.

Avec le soutien du Conseil scientifique de l'Inalco.

Du mercredi 19 avril au vendredi 21 avril 2023
Mercredi 19 et jeudi 20 avril 2023 - à la Bibliothèque centrale de Versailles
 5, rue de l'Indépendance américaine - 78000 Versailles
Vendredi 21 avril - à la Maison de la recherche de l'Inalco
2, rue de Lille - 75007 Paris

Entrée libre.

Historiquement, Les Mille et Une Nuits n’ont pas toujours été Les Mille et Une Nuits. Elles cesseront même très vite de l’être en tant qu’objet textuel pour devenir un objet culturel multilingue et multi-médial dès leur entrée dans la modernité et, surtout, depuis la révolution des médias (Musawi 2021 ; Hiddleston et Ouyang 2021 ; Marzolph 2019 ; Stead 2011, etc.). Leur naissance, dans le monde arabe, à Bagdad, n’est pas une création mais, déjà la métamorphose d’un vénérable ouvrage persan, les Hazâr afsân ou Mille contes destiné à l’éducation des princes, réarrangé, réinvesti, transformé, et devenu brusquement avec une nouvelle matière Alf layla wa-laylaLes Mille et Une Nuits. Et comme s’il fallait continuer à essaimer d’autres textes possibles, et d’autres contenus, il devient aussi Les Cent et Une Nuits, ainsi que des centaines d’ouvrages du même genre dont on a pas encore pris toute la mesure, comme le Livre des histoires étonnantes et des anecdotes surprenantes : des ouvrages dans lesquels, comme leur nom ne l’indique pas, la politique, le commerce, l’art de vivre, mais aussi l’art d’éduquer et d’influencer, jouent un rôle majeur (Chraïbi 2015).

Depuis leur adaptation en français par Antoine Galland et les ajouts que l’on doit au jeune syrien Hannâ Diyâb (Akel 2017) au tout début du XVIIIe siècle dans le contexte de la cour de Versailles, depuis la vogue littéraire des contes de fées et leur reconnaissance fulgurante, Les Mille et Une Nuits n’ont cessé de se transformer et d’essaimer de nouveau, à une plus grande échelle, et à une tout autre vitesse, en contact avec de nombreuses langues et cultures qui, à leur tour, les ont transformées et fécondées. Connues aujourd’hui dans le monde entier grâce aux éditions, aux expositions, au cinéma, à l’internet, à la vidéo et aux jeux, et se prêtant aisément à la dimension globale des études littéraires, elles se trouvent désormais quelque peu à l’étroit dans le contexte littéraire, leur aura culturelle ayant surpassé leur existence textuelle (Akel et Granara 2020). Les Mille et Une Nuits ont en effet investi tous les médias, du livre à l’album, à la bande dessinée, et tous les genres, du conte au roman, au théâtre, à la poésie, au ballet, à la pantomime et au cinéma, et bien au-delà, y compris la publicité, la mode vestimentaire, le design, le mobilier et les arts décoratifs. L’encyclopédie qui leur a été consacrée est là pour en témoigner (Marzolph et Van Leeuwen 2004). Les Nuits ne sont plus seulement un texte, mais un mythe, un matériau fécond, plastique, qui continue à inspirer.

Les Nuits ont trouvé leurs premières lectrices européennes parmi les dames de la cour de Versailles. Proche de ce lieu et depuis le siège historique de l’École des langues orientales, ce colloque international et pluridisciplinaire entend interroger des moments pivots de telles réinterprétations, à commencer par l’héritage bagdadien et ses disséminations, en poursuivant par l’époque parisienne d’Antoine Galland et de Hannâ Diyâb, et en se prolongeant jusqu’aux XXe et XXIe siècles.

Ouvert aux spécialistes d’horizons différents, il se propose d’explorer les modes de réception, d’assimilation, de stylisation et d’emploi du chef-d’œuvre médiéval depuis les contes qui marquent ses origines, jusqu’à l’histoire culturelle d’aujourd’hui (Elmaz 2020). Le colloque cherchera à identifier des concepts culturels majeurs à l’œuvre :

  • dans les traitements, réécritures et  emplois des contes lors de leurs disséminations pré-modernes et modernes ;
  • dans les livres illustrés, les publicités et les arts décoratifs ;
  • dans les spectacles et les arts du divertissement ;
  • au cinéma et à la télévision, dans les bandes dessinées et l’internet ;
  • dans la mode et les emplois sociaux des Nuits ;
  • dans la stratification culturelle.


Organisation
Evanghelia STEAD (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, CHCSC, CERMOM)
Ibrahim AKEL (Sorbonne nouvelle, CERMOM)
Aboubakr CHRAIBI (Inalco, CERMOM)

Contacts
Sevanghelia.stead@uvsq.fr ;  ibrahim.akel@sorbonne-nouvelle.fr et aboubakr.chraibi@inalco.fr