14e colloque d'ISOLA « Humains et non-humains dans les arts de la parole en Afrique. Narrativités et poétiques environnementales à l’aube de la crise climatique », du 5 au 8 juillet

17 juillet 2023
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Le 14e colloque d’ISOLA (International Society for the Oral Literatures of Africa) « Humains et non-humains dans les arts de la parole en Afrique. Narrativités et poétiques environnementales à l’aube de la crise climatique » se déroulera à l'Inalco. Il se propose d’investiguer le thème écologique, à la pointe de la demande scientifique et sociale, dans les littératures orales en Afrique et sa diaspora par la perspective de plusieurs approches qui posent au centre de la recherche les rapports entre les arts de la parole et l’environnement.
Djéliba Badjé
Djéliba Badjé (1941-2018), jasare zarma (griot généalogiste et historien) - Niamey, Niger © Gustave Deghilage (2015) ‎
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Colloque organisé par les laboratoires de recherche Langues et Civilisations à Tradition Orale - LACITO (Inalco-Sorbonne Nouvelle Paris 3-CNRS) ; Langues et Cultures du Nord de l’Afrique et Diasporas - LACNAD (Inalco) ; Langage, Langues et Cultures d’Afrique - LLACAN (Inalco-EPHE-CNRS) ; Centre de recherche en Ethnomusicologie - CREM-LESC (Université Paris Nanterre), Éco-Anthropologie/Musée de l'Homme - EA (MNHN-Université Paris Cité-CNRS).

Du mercredi 5 au samedi 8 juillet 2023 - Auditorium, foyer, galerie et salles de cours
Inalco, PLC - 65, rue des Grands Moulins - 75013 Paris

Contacts : Daniela Merolla : daniela.merolla@inalco.fr et Cécile Leguy : cecile.leguy@sorbonne-nouvelle.fr
 

Modalités d'accès : 

Entrée sur inscription payante

Pour les étudiants et les personnel de l'Inalco et des institutions partenaires, l'accès aux conférences est gratuit.

Pour plus d’informations sur les frais d’inscription, l'adhésion, les transports, le logement et les autres modalités du colloque, veuillez consulter le site internet du colloque.


Le colloque débutera le mercredi 5 juillet à 13h et se terminera le vendredi 7 juillet avec le dîner de clôture.
Le samedi 8 juillet est proposée une visite guidée de Paris avec Le Paris Noir.

Programme détaillé.

Argumentaire
Les derniers rapports sur les conséquences du réchauffement planétaire par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) nous placent une fois de plus devant l’urgence de changer la relation au vivant des sociétés industrielles. Parus en même temps que la propagation de la pandémie de la Covid‑19, ces rapports[1] ont conforté les appels à la responsabilité adressés de longue date aux pouvoirs politiques et économiques, tant par des chercheuses et chercheurs que par des activistes écologistes. Le slogan « il n’y a pas de planète B » attire l’attention sur les modifications climatiques extrêmes et les risques pour la survie des humains, des animaux et de l’environnement. Les données scientifiques impliquent l’urgence d’agir pour orienter les économies contemporaines vers une reconversion éco-climatique et sociale incluant la diminution drastique de l’exploitation du monde et des personnes, dans le respect des écosystèmes. Les litiges portant sur la relation entre les intérêts économiques, environnementaux et sociaux prennent de l’ampleur et les responsables des désastres écologiques sont mis en cause. Il semble que l’on soit à un tournant avec la condamnation en mai 2021 de Shell pour la pollution au Nigeria et celle de l’État français en février 2021 pour son inactivité en matière de changement climatique. Pour utiliser une métaphore animalière, il faut retenir qu’« un loup reste un loup » et que la reconversion vers la durabilité des industries et des États peut se révéler éphémère et peu incisive, d’autant plus dans une situation de guerre comme celle ayant éclaté en Europe de l’Est en 2022.

Cependant, la relation au monde que l’on peut qualifier de « colonialiste », du fait d’hommes qui se pensent « maîtres et possesseurs de la nature » selon les mots de Descartes, menant à l’épuisement de ressources perçues comme illimitées, n’est ni partagée par tous ni de tous temps. Les chants du rituel lamal chez les Samburu du Kenya[2] comme le conte bien connu en Afrique de l’Ouest du chasseur trop adroit orientent par exemple la pensée vers une relation aux êtres vivants et aux forces/objets géophysiques moins prédatrice du monde. Comment des productions orales de ce type peuvent-elles prendre sens dans les préoccupations environnementales actuelles ? Faut-il repenser les analyses du passé, souvent allégoriques (Iheka 2018), sur les éléments géo/zoo/étho/biologiques des littératures orales ? Quelle inspiration peuvent fournir les productions orales pour le renouveau des études africaines sur la relation entre l’art de la parole et l’environnement naturel ? Et quelle inspiration pour la pensée et les pratiques des sociétés industrielles en Afrique et ailleurs face à la crise climatique à laquelle nous sommes confronté.e.s ?


Depuis les années 1990, les études en écocritique (ecocriticism) puis le courant écopoétique, mettant en avant l’esthétique littéraire liée aux discours sur le vivant, se sont penchés sur la problématique environnementale. Ces nouvelles approches littéraires accordent une attention accrue aux récits qui remettent en question une pensée trop anthropocentrique et déconstruisent la relation nature/culture et les notions d’altérité et de nature « sauvage », trop fermement posées, notamment par les approches structuralistes (par exemple Barry 2009, Descola 2011, Garnier 2022, Ijeka 2018, Iovino et Oppermann 2012, Schoentjes 2015, Posthumus 2013). Encore très ancrée dans les productions écrites, l’écopoétique commence à s’ouvrir à ce que représente l’oralité dans l’expérience vécue des environnements : les sons, les couleurs et les mouvements, l’attention sensible portée aux lieux et aux relations, et les connaissances s’y construisant (Bourlet, Lorin et Morand 2020)[3].

[1] Accessibles sur le site The Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC).
[2] Wachira, James Maina. 2021. Non*human Matter[ing]s: NarRating Conservation in Selected Kenyan Eco-Texts. Thèse sous la dir de Susan Arndt. Université de Bayreuth.
[3] Sur le modèle de l’« acoustémologie », connaissance de et par le son, développée par Steven Feld (1996).


Comité d’organisation :
Sandra Bornand, chargée de recherche (LLACAN, CNRS-INALCO)
Hermelind Le Doeuff, doctorante (LACITO, CNRS-Sorbonne Nouvelle)
Philippe Glâtre, doctorant (LACITO, CNRS-Sorbonne Nouvelle)
Cécile Leguy, professeure (LACITO, CNRS-Sorbonne Nouvelle)
Daniela Merolla, professeure (LACNAD, INALCO)
Katell Morand, maître de conférences (Université Paris Nanterre, CREM-LESC)

Responsable du colloque pour ISOLA : Akintunde Akinyemi, University of Florida, Gainesville (USA), Vice-Président.