Rromani

Histoire de la migration des rroms
Les ancêtres des Rroms ont quitté l’Inde du Nord (probablement la cité de Kannauj, non loin de Lakhnau, et ses proches environs) vers le XIème siècle de notre ère, "n’emportant pour tout livre, à en croire le proverbe, que leur langue : le rromani". Celle-ci, comme les autres langues modernes de l’Inde du nord, s’est développée à partir de parlers populaires dont la forme savante était le sanskrit.
Au cours de la migration de ses locuteurs depuis l’Inde jusqu’à l’Europe puis vers d’autres continents, le rromani s’est enrichi de nombreux apports, surtout lexicaux, d’origine persane, caucasienne et balkanique, puis, plus localement, des diverses langues européennes en contact. Aujourd’hui, plus de 95 % des Rroms sont sédentaires, souvent depuis des générations, et dispersés dans une cinquantaine de pays d’Europe, d’Amérique et d’Australie — auxquels s’ajoutent la Turquie et l’Iran. Le terme "tsigane" (du grec "intouché" ou "intouchable" — à l’origine nom d’un tout autre groupe : une secte manichéenne qui avait précédé les Rroms à Byzance) désigne, selon le contexte, soit les 4 ou 5 % de Rroms non implantés en un lieu fixe, soit à la fois ceux-ci et les quelques groupes à mode de vie itinérant (Travellers celtes, Yéniches germaniques etc...) ou non (Ashkalo-Egyptiens, Rudari-Beás etc...), soit encore tous ces derniers joints à l’ensemble des Rroms, indépendamment de leur mode de vie. Cette imprécision, ajoutée au fait que "tsigane" est injurieux dans de nombreuses langues d’Europe explique pourquoi le mot "Rrom", par lequel les intéressés se désignent eux-mêmes, lui est préféré pour désigner ce peuple d’origine indienne caractérisé par l’usage ou le souvenir d’une des formes de la langue rromani. Il existe d’ores et déjà une littérature de plusieurs centaines de titres en rromani.
La langue rromani
La langue rromani ou « rromani ćhib » est le patrimoine de quelque 15 000 000 de Rroms dans le monde et près de la moitié d’entre eux la connaissent, même si les statisticiens estiment à environ 6 millions le nombre de locuteurs actifs. Le rromani est constitué de 4 grands dialectes, proches les uns des autres (l’intercompréhension est possible), mais divers phénomènes locaux d’oubli (et non pas les différences dialectales à proprement parler) rendent parfois la communication inter-région difficile. Outre ce rromani proprement dit, héritage de 90% des Rroms, il existe en Europe occidentale des formes extrêmement érodées et fondues dans les langues locales (espagnol, catalan,anglais etc.), correspondant aux autres 10% et non compréhensibles par les autres Rroms.
Apprendre le rromani à l'Inalco
L’Inalco est avec l’université de Bucarest le seul établissement supérieur au monde à offrir un cursus en rromani. Le cours de licence permet la formation à la compréhension dans les 4 dialectes et à l’expression (orale et écrite) dans celui choisi par l’étudiant. Il l’initie en outre à la littérature des Rroms, leurs musiques, leur histoire, leur ethnologie et leurs traditions etc... Ce cours est complété par un enseignement en ligne de langue et culture rromani.
Cet enseignement est orienté vers les emplois qui commencent à se profiler au niveau européen dans ce domaine : enseignement, élaboration de matériel pédagogique, traduction et interprétariat (Conseil de l’Europe, OSCE, U.E. etc...), rédaction, travail social, médiation etc. mais intéresse aussi les scientifiques et toutes les personnes qu’attire une culture à la fois si proche et si originale, véhiculée par la plus "indo-européenne" des langues indo-européennes.
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L’histoire méconnue des rroms
L’exode de l'Inde vers l'Europe
Les Rroms seraient - d’après les recherches de M. Marcel Courthiade (enseignant de langue et civilisation rromani à l’Inalco) - originaires de la ville de Kannauj, capitale culturelle et spirituelle de l’Inde du nord au Xe siècle. Le sultan afghan Mahmud de Ghazni, qui voulait faire de sa ville une capitale au rayonnement universel, procéda au pillage d’une grande partie des villes d’Inde. Il déporta notamment en 1018 53 000 personnes de la ville de Kannauj, essentiellement des notables, des artistes et des artisans : ce seraient les ancêtres des Rroms. Ils traversèrent toute l’Eurasie avant d’arriver en Anatolie et de participer en 1071 à la bataille de Manzikert/Malazgirt, laquelle marqua la victoire des « Sarrazins » (parmi lesquels de nombreux indiens) sur Byzance. Lire la suite sur le magazine Langues O' no 1.Les dialectes de la langue rromani

En outre, de la première strate s’est détachée jadis (12ème au 14ème siècles) la "branche atlantique" — aujourd’hui réduite à quelques dizaines de mots utilisés par les Gitans (c’est le[s] kaló ), mais aussi par les Gypsies (c’est la paggerdi). Plus tard se sont détachés à leur tour de cette même strate 1 les parlers sintés, eux un peu plus proches du rromani commun mais très fortement germanisés (comme le manouche) ou italisés.
Par ailleurs, un phénomène de mutation phonétique a constitué la strate 1’ à partir de la strate 1 et la strate 3 à partir des parlers de strate 2. Les plus connu des parlers de strate 3 est le kelderas ou kelderar, caractérisé, outre son phonétisme, par un vocabulaire majoritairement emprunté au roumain, mais aussi souvent au russe, et le lovari.
Les divers parlers rromani sont la langue de 6 à 8 millions de locuteurs (95% de la population rromani selon le réseau Mercator, de l’Union Européenne).
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Région du monde

Actualités de cette langue à l'Inalco
- 07/10/2020 : Colloque international « Millénaire Rrom : Bilan et perspectives », les 5 et 6 novembre en visioconférence
- 08/10/2019 : Diplôme de civilisation de l'Asie du Sud et de l'Himalaya
- 16/02/2018 : Festival des civilisations : Les femmes à l'honneur en 2018
- 31/05/2016 : Site des conférences en langue et civilisation rromani
Le Passeport Langues O'
Voir la brochure Passeport Langues O'