Le concours des « Déchiffreurs de Langues » souffle sa deuxième bougie
La deuxième édition du concours des « Déchiffreurs de Langues » s’est terminée le 4 juin dernier, après avoir permis à plus de 500 lycéens d’explorer des horizons linguistiques et culturels inconnus. Organisé en deux tours, ce concours pédagogique revisite les Olympiades de la linguistique et propose des énigmes linguistiques à la difficulté progressive. Les questions sont pensées pour mettre en réussite la majorité des participants – elles sont accompagnées d’indices que les lycéens peuvent ou non utiliser – et leur permettre de faire par eux-mêmes découvertes et apprentissages.
Le fait d'être en équipes et qu'il y ait des indices nous donne envie de nous dépasser. On doit comprendre et réfléchir ensemble pour trouver les réponses.
Une lycéenne
Ce constat est partagé par les équipes enseignantes du secondaire, qui soulignent aussi la pertinence de ce concours, l’originalité de son format et la justesse des questions : exigeantes tout en restant accessibles, elles favorisent une démarche déductive de la part des élèves. « C'est épatant de voir travailler nos élèves de façon si autonome et avec tant de motivation, dans une ambiance studieuse mais décontractée » soulignent Nayra Garcia-Suarez et Mathilde Bouligant, enseignantes au lycée Galilée de Gennevilliers.
Du mancagne à l’inuktitut, du Caucase à la Thaïlande, sans oublier le laari et le vurës, ou encore un détour par la Géorgie et l’Abyssinie : au cours des deux tours du concours, les élèves ont eu l’occasion de voyager autour des langues et cultures du monde. Une démarche de décentrement encouragée par la découverte de certaines langues minoritaires et sous-représentées, qui s’inscrit pleinement dans les valeurs portées par l’Inalco et par la Cordée « Langues et Cultures du Monde ».
C’était intéressant de découvrir comment compter dans d’autres langues, de voir des ressemblances et des différences avec notre façon de compter en français.
Une participante
Cette aventure linguistique s’est achevée par la cérémonie de clôture du concours : une centaine d’élèves finalistes ont eu l’occasion de rencontrer le linguiste Nicolas Quint (LLACAN/CNRS), pour découvrir la linguistique de terrain et s’interroger avec lui sur les enjeux de la hiérarchisation et de la disparition des langues. Une belle opportunité qui a permis aux élèves, forts de leur propre bagage linguistique et culturel, de partager et d’échanger avec un spécialiste. L’acte de naissance, peut-être, de quelques vocations.
La linguistique n’est pas enseignée dans le secondaire, il est donc difficile pour les élèves de prendre conscience de l'existence de ce champ du savoir. Or les jeunes d'aujourd'hui sont les linguistes de demain.
Nicolas Quint
Cette année, quatre élèves du lycée Galilée (Gennevilliers) ont été récompensés pour leur rigueur linguistique et leur talent : Balli-Kemba Aaliyah, Xu Sophia, El Aoumari Yanis, sans oublier Zhu Loïc, déjà lauréat lors de la première édition. En vue de valoriser la participation des élèves, une équipe lauréate a aussi été désignée dans chaque lycée participant, et tous ont reçu un ouvrage de la collection « 80 mots du monde » de l’Asiathèque, afin de prolonger par la lecture leurs réflexions autour de la diversité linguistique et culturelle.
La matinée s’est achevée sur la projection du documentaire Sur le bout de la langue de Vincent Bonnay, qui met en scène un jeune français passionné par la langue eyak, une langue inuite qu’il a apprise en autodidacte, avant de partir en Alaska la transmettre à son tour. Un documentaire passionnant qui aborde les enjeux de la disparition des langues en lien avec l’identité culturelle.
Avant je voulais apprendre des langues pour leur utilité, mais ce documentaire m’a donné envie de m’intéresser à d’autres langues pour l’aspect culturel.
Un finaliste
En offrant à chaque élève la possibilité de travailler en équipe pour s’ouvrir à des langues et savoirs nouveaux, le concours pédagogique des « Déchiffreurs de Langues » fait écho aux valeurs de la Cordée de l’Inalco, qui vise à valoriser la richesse linguistique et culturelle des élèves par la découverte, l’expérimentation et le partage.
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Les sujets du concours ont pu voir le jour grâce au travail d’Aurore Montebran (Lattice/ENS) ; de Raphaël Otho (doctorant à l’Inalco) ; de Marc-Antoine Mahieu (enseignant-chercheur à l’Inalco) ; et tout particulièrement de Daniel Krausse (post-doctorant au Lattice/CNRS) et de Florian Targa (ingénieur pédagogique/Service REVE). Leur temps, leur travail et leurs idées ont été précieux.
La correction des copies a été effectuée par une équipe de correcteurs bénévoles, étudiants (de la licence au doctorat) et enseignants, tandis que la coordination du concours a été assurée par Gabriel Lecarpentier.
Le concours sera organisé à plus grande échelle l’année prochaine. Les personnes désireuses de contribuer à cette aventure pédagogique et linguistique sont invitées à prendre contact : Cliquez ici pour voir l’e-mail