Natacha Roudeix reçoit la médaille de la collation des grades du doyen de l'Université Simon Fraser
Natacha Roudeix a soutenu sa thèse en 2024, sous la direction de deux directeurs de thèse, Danièle Moore (SFU) au Canada, et Gilles Forlot (Inalco, SeDYL) en France.
Ses travaux ont été distingués par de nombreux prix, notamment le prix du Meilleur poster scientifique à la conférence de Montpellier en 2024 en France, et le prix du concours de photographie célébrant les cultures autochtones en 2021 en Colombie-Britannique. Elle a également reçu plusieurs bourses prestigieuses, telles que la Bourse de recherche doctorale et la Prix de la recherche scientifique sur le Nord.
Elle a développé des compétences linguistiques en inuktitut et parle désormais six langues, dont l'allemand, le portugais, l'anglais, le français, et a également quelques notions de russe.
Qui sommes-nous, où allons-nous ?⸱kinakkuuvita, namungngasivitaa? Biographies langagières de Kuujjuammiut plurilingues : un territoire, des vies, des voix, des objets et des rencontres
Sa thèse porte sur les pratiques langagières et les représentations des Inuits plurilingues de Kuujjuaq au Nunavik dans le Grand Nord canadien, dans une écologie multilingue où les langues autochtones et les langues officielles se côtoient. Elle étudie les récits de vie plurilingues des Inuits de Kuujjuaq, au Nunavik, dans un cadre ethnosociolinguistique et décolonial. Basée sur des entretiens narratifs, des objets personnels et des rencontres situées, sa recherche met en évidence la façon dont les Kuujjuammiut habitent et négocient leurs identités linguistiques à travers l'inuktitut, l'anglais et le français.
Dans cette thèse, elle étudie la revitalisation, la (dé)colonisation et la réconciliation, la positionnalité d'un(e) chercheur(euse) dans un environnement autochtone, le rôle des événements communautaires, le lien avec la nature et le lieu, ainsi que la place des méthodologies visuelles et sensorielles, en particulier dans un environnement autochtone et d'un point de vue autochtone. Ses écrits sont un mélange unique de perspectives autochtones et autres, et utilisent l'inuktitut pour discuter de concepts clés du point de vue autochtones et de celui des participants. En mettant l'accent sur les voix inuites, elle met en lumière les liens profonds entre la langue, la terre, la mémoire et la communauté. Son travail remet en question les idéologies linguistiques coloniales et révèle que le plurilinguisme est une pratique incarnée, relationnelle et résiliente. La thèse affirme ainsi la capacité des Inuits à façonner un avenir linguistique ancré dans l'appartenance culturelle et la transmission intergénérationnelle.
Natacha est une doctorante dévouée et exceptionnellement talentueuse. Au cours des dernières années, j'ai été témoin de son engagement inébranlable en faveur de l'excellence académique, de la recherche et de ses contributions à la communauté universitaire, à la communauté inuite du Nunavik et à son domaine d'étude. Sa passion pour la justice sociale, l'autonomisation des voix autochtones, ses efforts de réconciliation et son soutien à la récupération des langues et des identités autochtones sont évidents dans ses réalisations et ses contributions académiques.
Daniele Moore (Université Simon Fraser)
Il faut souligner d’emblée que nous avons affaire à une thèse exceptionnelle remarquablement originale et innovante dans son épistémologie, c’est-à-dire dans sa conception de la connaissance et de la connaissance scientifique en particulier. Cela irrigue intrinsèquement et de façon tout à fait cohérente l’ensemble des méthodes de travail depuis les enquêtes de terrain jusqu’à l’écriture de la thèse en passant par les outils conceptuels.
Gilles Forlot (Inalco)
Natacha Roudeix témoigne de sa reconnaissance pour le soutien qu'elle a reçu au cours de ses études, de la part des deux universités et des communautés Kuujjuaq avec lesquelles elle a travaillé, en ces mots :
Pendant mon séjour à l'Université Simon Fraser et à l'Inalco, j'ai eu l'immense privilège de mener à bien ma recherche doctorale sous la direction des docteurs Danièle Moore et Gilles Forlot, dont les conseils, la générosité et la perspicacité critique ont profondément façonné mon travail. Faire partie d'un programme de cotutelle m'a permis de grandir non seulement en tant que « chercheuse » ou en tant que non-Inuk-devenue-invitée-voyageuse-nomade-Qallunaak-pulaaqtinga-aulaatit-nullangittuq, mais aussi en tant qu'auditrice et collaboratrice.
Natacha Roudeix
Je suis honorée de recevoir la médaille de la Convocation, que je partage avec les participants inuits, les familles et les communautés de Kuujjuaq qui m'ont confié leurs voix et leurs histoires. Cette reconnaissance est le reflet d'un engagement commun en faveur d'une recherche fondée, plurielle et transformatrice.