Yann Le Moullec, lauréat du prix solennel de thèse de la Chancellerie des Universités de Paris 2025
Yann Le moullec s'est vu décerner le prix solennel de thèse dans la discipline Lettres et sciences humaines « toutes spécialités » pour sa thèse « Le Genre en angaataha : documentation et description d’une langue anga de Papouasie-Nouvelle-Guinée ».
Après un master de linguistique à l’École Pratique des Hautes Études et un séjour Erasmus à l’Universiteit Leiden aux Pays-Bas, Yann Le Moullec a obtenu un contrat doctoral à l’Inalco, sous la direction d’Isabelle Bril et d’Alexandra Aikhenvald. Il a soutenu sa thèse le 16 décembre 2024 à la Maison de la recherche. Le Genre en angaataha : documentation et description d’une langue anga de Papouasie-Nouvelle-Guinée est une esquisse grammaticale de l’angaataha, une langue menacée, parlée par 3 000 habitants de la vallée du Langimar en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Une attention toute particulière a été portée à la catégorisation nominale et au fonctionnement sémantique et syntaxique des onze genres de l’angaataha.
Yann Le Moullec a bénéficié du soutien du laboratoire Langues et Civilisations à Tradition Orale (LACITO) et de l’Inalco pour deux longues missions en Papouasie-Nouvelle-Guinée en 2020 et 2022, ainsi qu’un séjour à la James Cook University en Australie. Neuf mois passés sur le terrain ont permis de constituer avec les Angaatiya un corpus de données orales, en cours d’archivage dans la collection Pangloss (CNRS).
La Chancellerie des Universités a décidé de décerner le Prix de thèse à M. Le Moullec. La remise des prix a eu lieu le 2 décembre 2025 en Sorbonne. Comme un bonheur n’arrive jamais seul, cet honneur suit de quelques mois la naissance de sa fille Iseult.
Le Genre en angaataha : documentation et description d’une langue anga de Papouasie-Nouvelle-Guinée
L’angaataha est une langue anga parlée par 3 000 personnes en Papouasie-Nouvelle-Guinée, dans la vallée du Langimar. La présente thèse est un travail de documentation et de description à partir de données collectées au cours de huit mois d’enquêtes de terrain chez les Angaatiya (2020, 2022). La première partie est une esquisse de grammaire. L’angaataha présente des propriétés typiques des langues papoues : peu de voyelles, des tons phonémiques (H, HL, L), une morphologie surtout suffixale, des verbes classificateurs, ainsi qu’un alignement accusatif marqué casuellement et par des indices actanciels sur les verbes. Les formes verbales sont caractérisées par un grand nombre d’affixes et une forte densité d’informations grammaticales. Les chaînes de propositions (reliées par la switch-reference et le mouvement associé) et l’accord en genre jouent un rôle important dans la syntaxe. La morphologie nominale présente de nombreux cas locatifs, des suffixes dyadiques (encodant des relations de parenté), ainsi qu’un système de onze genres. La seconde partie décrit le genre, comme système d’accord et d’assignation. Les cibles de l’accord incluent les adjectifs, les déterminants, les pronoms (intensificateurs ou interrogatifs), les verbes des propositions relatives, ainsi que les compléments du nom lorsque la tête est sous-entendue. L’accord en genre facilite la bonne compréhension des énoncés dans un discours fréquemment elliptique. L’assignation des genres (la catégorisation des noms) utilise un réseau très serré – et marginalement opaque – de critères sémantiques, basés principalement sur le sexe, l’humanitude, la forme et la taille.
Chaque année, la Chancellerie des Universités de Paris décerne des prix provenant des revenus de dons et de legs consentis à l'ancienne université de Paris ou à certains établissements d'enseignement supérieur d'Île-de-France. Ces prix décernés à des docteurs ont pour finalité d'en récompenser l'excellence et la valeur universitaire et scientifique.