Exister dans la société japonaise (partie 1) : voix de minorités

Première séance du séminaire du groupe Éducation, Enfance-s et Société en Asie Orientale.
rangemnts non-mixtes pour parapluies dans école au Japon
Des rangements non-mixtes pour parapluies dans une école au Japon. © © A. Henninger / Le journal de Wakana. © A. Gonon-Nérard‎

Anne Gonon-Nérard, professeure émérite de l’université Dôshisha, Kyôto
« De la convention des droits de l’enfant à la catastrophe de Fukushima, la parole confisquée »

Wakana, une jeune adulte de 25 ans, fait paraître dix ans après la catastrophe de Fukushima, sous une forme actualisée, le journal du 11 mars 2011 et des années qui ont suivi qu’elle a tenu. Le texte décrit le traumatisme, la souffrance, la solitude, et la révolte ressentis face au monde des adultes qui ont rapidement rejeté les possibilités de transformations sociales que la catastrophe avait fait surgir. 
Cette présentation analysera le processus de subjectivation et de critique sociale que Wakana engage à partir de son expérience individuelle ainsi que les différents dispositifs de parole offerts dans les situations de souffrance aux enfants et aux adolescents japonais. Dans ce contexte, comment les enseignants et enseignantes prennent-ils en compte les questions LGBT+, notamment ceux et celles de l’école élémentaire qui ont à enseigner les modules d’éducation sexuelle ? Quelle est la place du réseau japonais intitulé Sexual Minority Teachers Network (STN21), créé en 2001 ? Quels enseignants y participent et quelles actions mènent-ils au sein de l’institution scolaire ? 
On analysera notamment le parcours des quelques enseignants publiquement queer, à l’instar de Dohi Itsuki, Suzuki Shigeyoshi ou Mano Yutaka qui a publié sur les pratiques pédagogiques et militantes des enseignants LGBT+ lorsqu’il enseignait dans une école élémentaire. Ceux-ci nous permettront notamment de nous interroger de manière plus générale sur la capacité de la formation initiale et continue des enseignants à les outiller face aux questions LGBT+.
 

Aline Henninger, chercheure détachée à l’Institut français de recherche sur le Japon, Tôkyô (UMIFRE 19)
« La formation des enseignants aux questions LGBT+ »

Le Japon ne fait pas partie des États dotés d’une législation anti-discrimination vis-à-vis des minorités sexuelles, malgré le vote de la « Loi relative à la promotion de la sensibilisation aux questions LGBT » (LGBT rikai zōshin hō LGBT理解増進法) en juin 2023. L’institution scolaire n’a donc pas de référent juridique ou politique sur lequel s’appuyer pour prendre en compte les questions LGBT+. 
L’école a connu en 2000 un dénigrement médiatique et politique visant l’éducation non sexiste (éducation gender free) et contre l’éducation sexuelle en général. Les années 2000 constituent une période que les féministes au Japon nomment backlash, ou « retour de bâton ». Les décennies suivantes présentent une situation contrastée avec, d’un côté, une judiciarisation des mouvements LGBT+ et, de l’autre, le maintien du PLD au pouvoir qui perpétue un statu quo politique marqué par une forte influence conservatrice.

 

Participation en distanciel possible. 
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