Olivier Lannuzel, lauréat du prix de la traduction Inalco-Vo/Vf 2025

Le prix lui a été remis le 5 octobre lors du festival Vo/Vf par Olivier Mannoni, traducteur littéraire et directeur de l’ETL (École de traduction littéraire) en présence des initiatrices du prix, Nathalie Carré et Marie Vrinat-Nikolov (Inalco).
Traducteur, journaliste et correcteur d’édition, Olivier Lannuzel est diplômé d’un DEA de traduction et d’une maîtrise d’histoire des Balkans, obtenus à l’Inalco. Il traduit du serbe, du bosnien et du croate des romans, des nouvelles, des textes pour le théâtre ainsi que des scripts pour le cinéma.
Ses travaux de traducteur ont permis de révéler un pan méconnu de la littérature contemporaine, le roman noir croate. Sa traduction de L’Eau rouge de Jurica Pavičić (Agullo, 2021), récompensé par le Grand Prix de littérature policière la même année, a été distinguée par la critique. Paru en 2011, Le Livre de l'Una du poète bosnien Faruk Šehić a également été couronné par le prix Meša Selimović (2011) et le Prix de littérature de l’Union européenne (2014). Par son propos et sa tonalité lyrique, l’ouvrage occupe une place particulière parmi les nombreux récits littéraires relevant de l’évocation des conflits des années 1990.
Une première lecture des traductions avait permis de pré-sélectionner cinq ouvrages qui ont été brièvement présentés lors de la remise du prix.
- Le livre de l'Una de Faruk Sehic, traduit du bosnien par Olivier Lannuzel (Agullo)
- Cette corde qui m'attache à la terre de Lorina Bălteanu, traduit du roumain par Marily le Nir (éditions des Syrte
- A contre jour de Pirkko Saisio, traduit du finnois par Sébastien Cagnoli (Robert Laffont)
- Au soir d'Alexandrie d'Alaa El Aswany, traduit de l'arabe par Gilles Gauthier (Actes Sud)
- Petits travaux pour un palais de László Krasznahorkai, traduit du hongrois par Joëlle Dufeuilly (Cambourakis)

résumé
Le Livre de l’Una est le récit d’un homme, ancien combattant dans l’armée de Bosnie-Herzégovine durant la guerre de 1992-1995, qui replonge à l’occasion d’une séance d’hypnose dans son histoire et tâche d’en recoller les morceaux éclatés.
Dans sa transe, le narrateur se fait archiviste et chroniqueur du passé. Il y a le pays disparu, la guerre récente et ses horreurs, les tueries, les amis enterrés ; le présent et la vie de vétéran, traumatisé et déphasé au regard du monde et de ses contemporains ; hanté par un démon intérieur, un double maléfique. Mais il y a aussi une déclaration d’amour à sa ville, Bosanska Krupa, et à sa rivière, l’Una. Toute son enfance s’est déroulée là, dans la maison de sa grand-mère, au bord de l’eau, parmi les enfants et les poissons. Un monde aquatique et onirique qu’il évoque avec une grande poésie. Des paysages qui ne sont pas encore le champ de ruines qui surgira sans s’annoncer. C’est là qu’était la vie, et c’est par ces retrouvailles que passent sans doute le salut et la reconstruction.
Le Livre de l’Una est un roman poignant, lyrique et pudique, qui parle de la reconquête de la vie sur la mort et la destruction. (Editions Agullo)
Poète, écrivain et journaliste bosnien, Faruk Šehić est considéré par la critique littéraire comme une des figures de proue de la “génération écrasée” par la guerre de Bosnie (1992-1995).
Le prix de la traduction Inalco - Festival Vo/Vf
Doté à hauteur de 2500 euros, ce prix est destiné à mettre en avant la qualité du travail d’un traducteur ou d’une traductrice ainsi que la richesse de littératures parfois encore peu connues du grand public car souvent moins diffusées. Sont éligibles à ce concours les textes en prose (nouvelles ou romans), publiés au cours des trois années précédant la remise du prix. Les ouvrages traduits par des membres ou des étudiants de l’Inalco ne peuvent être présentés.
Par cette initiative, l’Inalco souhaite mettre en lumière son expertise en matière de traduction, tout comme la reconnaissance du travail du traducteur et de son éditeur dans le dialogue entre les littératures du monde.